mardi 25 octobre 2016

Théa pour l'éternité de Florence Hinckel, la critique

Auteur : Florence Hinckel

Maison d'édition : Syros

Collection : Soon

Nombre de pages : 238 pages

Année de sortie : 2012


Résumé : Théa est une adolescente qui a l'impression que le temps passe trop vite. Elle est secrètement amoureuse de Théo, son ami d'enfance. Alors quand le professeur Jones lui propose de participer à une expérience qui pourrait stopper le vieillissement, Théa accepte...

Introduction : Un roman qui traîte d'un sujet d'actualité conté avec talent...

Commentaire : Qui n'a jamais rêver de d'arrêter de vieillir ? Comment le vivrait-on ? Quelles en seraient les conséquences ? Voici les principales questions que posent Florence Hinckel avec cette oeuvre. L'arrêt du vieillissement est un sujet très peu abordé dans les romans jeunesse et young-adult. J'avoue que je m'y intéressait assez peu moi aussi, mais je ressors de ma lecture avec beaucoup d’interrogations en tête...

Nous rencontrons tout d'abord Théa, une jeune fille amoureuse, discrète, qui regrette le temps où elle jouait encore avec Théo, quand elle était petite. J'ai eu du mal à m'attacher à Théa, surtout durant les cents premières pages, la trouvant trop obnubilée par le temps qui passe, sans jamais assez profiter de la vie qui s'offre à elle. Puis, au fur et à mesure que les pages défilaient, j'ai fini par réussir à m'attacher à elle, malgré ses défauts, malgré ses choix parfois mauvais, malgré certains aspect de sa personnalité qui me dérangeaient un peu. En y réfléchissant bien, je crois qu'on connaît tous une Théa, ou qu'on est tous une Théa nous même. La peur de la mort est tapie au fond de nous, mais elle est bien présente, et chaque jour qui passe, chaque mort, autour de nous, nous rappellent inlassablement qu'un jour ce sera notre tour, que nous aussi on vieillit, et qu'on va mourir. Pour éviter cela, cette grand inconnue qu'est la mort, Théa, qui est finalement une représentation du lecteur, accepte ce traitement sur l’arrêt du vieillissement. Et je pense que beaucoup d'entre nous auraient fait le même choix. Alors oui, je me suis attaché à Théa, car Théa c'est un peu moi au fond.

Et c'est vraiment là-dessus qu'est basée l'histoire. L'auteure apporte une véritable réflexion sur le temps qui passe, sur la mort. On suit Théa dans ses choix, dans l'évolution de sa vie grâce au traitement, on la voit murir et se rendre compte de son choix, et de ce que tout cela implique. Florence Hinckel met en avant beaucoup d'éléments perturbés par ce traitement : surpopulation, des enfants plus vieux que leurs parents... Elle propose ainsi une grand réflexion sur les avantages et les inconvénients d'une telle découverte.

C'est pour pousser la réflexion encore plus loin que la romancière propose une fin ouverte. On peut ainsi imaginer toutes les fins possibles et inimaginables à l'histoire de Théa, qui est aussi la nôtre finalement. Elle conclue en beauté un roman futuriste mais aussi ancré dans le présent.


Florence Hinckel nous propose une oeuvre très intéressante. Elle nous montre ainsi les avantages et les inconvénients d'un arrêt du vieillissement. J'ai vraiment adoré Théa, qui est véritablement une représentation du lecteur. La fin ouverte laisse place à de multiples possibilités. C'est vraiment un bouquin qui porte à réfléchir sur ce sujet. C'est un coup de coeur pour ma part.







1 commentaire:

  1. Florence Hinckel est née en 1973. Elle a publié de nombreux romans jeunesse chez Syros, Gallimard Jeunesse, Nathan, Rageot, Talents Hauts, Sarbacane... Pour enfants ou adolescents, elle aime explorer tous les genres, avec depuis peu une affection particulière pour le roman d'anticipation.

    Au travers l'histoire émouvante de Théa, l'auteure propose une belle analyse et une critique fine (mais néanmoins accessible par tous) des progrès de la science pour ralentir et/ou retarder le processus naturel de vieillissement. La question de l'immortalité ou du moins, d'une espérance de vie considérablement allongée, est au coeur de son roman.

    Si l'on comprend d'emblée les motivations de Théa à vouloir à tout prix arrêter le temps, on finit toutefois par se demander si son histoire est bien souhaitable. La science permet déjà de «réparer les vivants», peut-on raisonnablement en repousser encore les limites dans le seul but d'atteindre l'immortalité ?

    Bien sûr, nous aimerions tous bannir de notre existence des faits aussi inutiles et indésirables que la maladie, la souffrance, le vieillissement et la mort ! Et au sein d'une société dans laquelle l'apparence est cruciale et la jeunesse synonyme de performance et/ou d'efficacité, nous serions tentés de croire qu'il s'agit pour Théa d'une chance unique de participer à un tel programme !

    Mais au delà du danger qui existe à vouloir jouer les apprentis sorciers, y'a-t-il vraiment un intérêt à vouloir prolonger l'existence et repousser indéfiniment l'heure de notre mort ? Car vivre éternellement, c'est aussi s'exposer, telle Antigone, à une vie d'errance et de déréliction... Théa en fera l'amer constat et l'expérience qu'elle choisira de vivre ne sera pas sans conséquences...

    Théa pour l'éternité est un roman d'anticipation intelligent et pertinent, qui interpelle le libre arbitre et suscite la réflexion. Une excellente découverte à partager avec le plus grand nombre !

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