lundi 21 novembre 2016

L'atelier d'écriture n°241 de Leiloona

Déclaration d'amour envers l'écriture
Oui cher journal, tu as bien vu. Aujourd'hui, en me levant de mon pieu, dans ma cabine d'à peine quelques mètres carrés, doucement ballotée par les vagues qui claquent contre la coque de notre majestueuse embarcation, j'ai eu cette envie, ce besoin. Ce besoin d'écrire, de déclarer ma flamme à cette douce lueur qui te réchauffe, à cette pratique qui t'aide à avancer dans un quotidien trop redondant, qui te libère parfois de tes idées noires, à cette profusion d'idées, qui t'ouvrent les portes d'un monde que toi, et toi seul peut façonner, avec tes sentiments, ta vie, et tes textes. Pour toi, mon ami, mon confident de toujours, mais surtout pour moi, je vais écrire, accoler des lettres les unes aux autres, construire des phrases, espacer des mots soigneusement sélectionnés. Je vais sortir ma plume, l'affuter encore et toujours, et composer cette ode à l'écriture, pour moi, pour toi, pour nous, pour eux.

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J'ai commencé à écrire très tôt ce matin, à l'heure où le navire n'est pas encore empli des cris de joie d'enfants, qui cherchent amusements et occupations durant ces trois semaines où ils sont coupés du monde, entourés par une eau bleu limpide, qui reflète les rayons du soleil sur l'horizon. Cet écrit est tellement important pour moi, que j'y pense sans aucun moment de répit. Une fois seul, j'y réfléchis, travaille les phrases, rassemble les idées qui s'entrechoquent dans ma tête. Je suis incapable de te dire comment je vais conclure, ni ce que je vais t'exprimer d'une phrase à l'autre. Je ne veux pas finir cette déclaration en une heure, durant laquelle je me laisse emporter dans des idées inspirées de mon imaginaire, qui se rapprochent souvent de ma personne. Je veux savourer ce que je te transmets, car il est le fruit d'une mûre réflexion et d'un grand recul sur moi-même. Vois-tu, mon ami, l'écriture a toujours été pour moi quelque chose d'intime, qui me permet de me recentrer sur moi-même. Je suis très pudique sur ce sujet, et cette ode est pour moi une manière de me dénuder, tout en recherchant la plus belle manière possible de m'y prendre. Parler d'écriture avec mes proches, faire lire ce que j'écris à mes amis ou ma famille était jusqu'alors une épreuve pour mon esprit, qui se posait mille et une questions sur la manière dont la personne en question allait percevoir mon petit texte. Si je me cachais auparavant derrière l'humour, j'essaie à présent de varier les styles, et de transmettre mes émotions à qui trouvera ce journal. En attendant, tu peux en profiter seul cher journal, ces quelques lignes sont pour toi, tu pourras les décortiquer, les savourer, et pourquoi pas les retenir ?

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Nous avons accosté sur les coups de midi en Sicile. Après une rapide visite des lieux, je décide de m'éloigner du groupe, pour marcher un peu, toi, mon cher ami, sous le bras, le soleil claquant de ses rayons sur ma nuque déjà rouge. En prenant de la hauteur, des paysages plus sauvages, plus brutes apparaissent. J'aime beaucoup ce contraste, avec la mer turquoise en fond. Après quelques photos souvenir, je redescends quelque peu et trouve finalement refuge sur un banc, à l'ombre. Encore une fois, mon écrit ne cesse de me hanter. J'aimerais maintenant aborder avec toi, ici, dans ce petit coin sombre qui m'offre un peu d'air, sur ce banc que je nommerais Denis, une question que m'a souvent posé mon entourage : Comment fais-tu pour trouver ces idées ? Comment écris-tu ? J'esquive souvent la question, en changeant brusquement de sujet, convaincu que cette interrogation est trop personnel... A vrai dire, je pense que ce processus de création est différent pour chaque personne. Certains ont plus d'aptitudes que d'autres pour l'écriture. J'ai toujours aimé inventer des histoires, manier mes personnages comme un marionnettistes avec ses pantins. Je pense que... Attend cher ami, je m'accorde une pause. Un rapide coup de d'oeil devant moi, vérification d'une éventuelle intrusion quelconque. Personne. Je souffle quelques secondes, mouline l'air avec mes mains pour me donner de la fraîcheur, sans résultat apparent. Enfin si, j'ai encore plus chaud. C'est que le soleil tape fort en Italie ! Mais je divague. Revenons à nos moutons, comme disais Jeanne D'Arc. Vois-tu, mon journal adoré, mon inspiration vient avant toute chose de moi-même, de ce que je vis, de mon quotidien. On peut aussi ajouter dans cette liste les personnes que je côtoie tous les jours, qui se retrouvent systématiquement dans mes écrits. Je peux te faire une confidence ? Je crois que même si je voulais écrire quelque chose totalement sortie de ma petite caboche, j'en serais bien incapable. Je suis convaincu que chaque personne qui s'essaie à l'écriture commence à broder à partir de son vécu. Il est impossible de ne pas transposer sa vie avec celle de ses personnages. On retrouvera ainsi toujours ne serais-ce qu'un petit détail appartenant à la vie de son écrivain dans une fiction. En tout cas, c'est le cas de mes textes, et tu me verrais bien mal placé si je devais un jour inventer un histoire à partir de rien. Une bien belle odeur attire soudain mon attention, doux mélange de viande et d'épices... Je te laisse mon bon copain, l'appel de la nourriture se fait trop fort, et j'ai bien peur de ne pas pouvoir résister.

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13h13. Retour sur le bateau. Tandis que la plupart des passagers profitent des plages de sable blond et fin, je préfère rester sur le pont du navire, dans cette petite chaise noire trouvée un peu par hasard. Avant de retourner à ma composition, je prend le temps de me relire. Je trouve que je m'en tire pas mal pour une première dans cet exercice non ? Mais à mon avis ce propos est subjectif. Je te laisse le soin d'en juger, mon cher. Je vais maintenant te parler de l'écriture en elle-même. Qu'est-ce ? Eh bien vois-tu, cher journal, ce moment précis, où tu donnes naissance à ton histoire , où tu emmènes avec toi les personnages vers un destin que seule ta personne est apte à imaginer, ce moment où tu manies les graines du sablier de ton histoire, où tu mets en place le décor de scène, où tu prends plaisir à faire dialoguer ces hommes et femmes qui deviennent de plus en plus présents en toi, jusqu'à t'obnubiler, est tout bonnement incroyable. Tu butes sur les mots, tu te casses la tête parfois pendant plusieurs dizaine de minutes pour trouver une bonne phrase qui reste en tête, mais tu continues tout de même à écrire, encore et toujours. C'est cela, l'écriture. Je pense que je vais surligner ce passage, il me paraît être une bonne définition de ce mot que je te répète encore et encore : l'écriture. Je suis personnellement addicte à l'écriture, si bien que j'écris chaque semaine pour un atelier, d'une certaine Leiloona. Si, je te jure. Si tu veux, j'écrirais ici, aussi, dorénavant, peut-être que cela te fera plaisir.

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20h passé. Attablé près du bar, je te contemple successivement, puis je me tourne vers les invités. L'après-midi a été calme, j'ai passé mon temps à faire des allers-retours entre la petite chaise noire et le pont supérieure. J'ai même pris quelques clichés. J'en dépose un à cette page, en souvenir d'une journée intense cérébralement. Et bien sûr, je ne cesse de penser à cette ode. Je lirais ce texte lorsque je ne ressentirais plus l'envie d'écrire, je suis certain que cette lecture m’insufflera l'inspiration nécessaire chaque semaine. Il y a deux tics en particulier qui me touche personnellement lorsque j'écris. Tout d'abord, je m'arrête en moyenne d'écrire toutes les 10 minutes. Pourquoi ? Je n'en sais rien, sûrement pour me détacher de mon histoire, et prendre du recul sur ce que je suis en train d'écrire, puis je reprends, l'air de rien. Chacun ses trucs me diras-tu. La seconde chose ? J'écris tout le temps avec de la musique. La musique m'inspire, prolonge encore l'état d'esprit dans lequel je suis en train de composer mon écrit. Je lis également très souvent avec un fond sonore. Comment ? Une musique pour ce texte ? Hum... ah je sais ! Georgio, la terre je la dévore ou Héra. Je trouve que ces deux titres reflètent assez bien les sentiments qui me traversent en ce moment-même. Tiens, je me rends compte que je n'ai pas écouté de musique lors de mes phases d'écriture de ce texte. Il est vraiment très particulier celui-là tu ne trouves pas ?

***

C'est l'heure d'aller faire dodo. Comment conclure ? A vrai, je n'en sais trop rien... C'est sûrement le moment que je redoute le plus... La fin... Que te dire ? Cette ode m'a fait un bien fou... J'aime l'écriture, je l'aimerais toujours. J'aime me renouveler, sortir des sentiers battus, découvrir des paysages qui m'étaient jusqu'alors inconnus, de manière à affûter ma plume, encore et toujours... Peut-être que ce texte tombera-t-il dans les mains de quelqu'un d'autre que toi et moi un jour, qui sait ?


Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo a été prise par © Julien Ribot.


dimanche 20 novembre 2016

L'Ogre à Poil(s) de Marion Brunet

Auteur : Marion Brunet

Illustratrice : Joëlle Dreidemy

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Pépix

Nombre de pages : 176 pages

Année de sortie : 2016




Résumé : Abdou et Yoan apprennent que tous les habitants de la forêt, dont leur amie La Boule, sont en danger. Sans hésiter, les deux amis, accompagnés de leur Ogre favori et de leur vieille amie Janine, partent à l'aventure, pour aider leur ami et combattre cette menace qui plane sur la forêt.
Je tiens à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi.
Introduction : Ce troisième opus de l'Ogre était très attendu par les fans de la saga et des romans de la collection Pépix en général (y compris par moi). Décrit par beaucoup comme l'un des meilleurs romans pour les 8-12 ans de cette année, l'Ogre à Poils aborde cette fois-ci le thème de l'écologie. Ce que j'en ai pensé ? Mon avis tout de suite.
Commentaire : J'ai été très heureux de retrouver Abdou et Yoan. Ce sont deux personnages que j'affectionne particulièrement. C'est un binôme qui fonctionne très bien, les deux garçons se complètent bien et nous offrent parfois des scènes de querelles et des dialogues très drôles. On retrouve également l'Ogre, pour notre plus grand plaisir. Contrairement au premier tome, où j'avais eu un peu de mal avec lui, étant donné qu'il était le "méchant" de l'histoire, je l'ai adoré dans ce tome-ci. Je l'ai trouvé plus courageux, et surtout moins complexé vis-à-vis de son physique. Il est beaucoup plus mûre que dans l'Ogre au pull Vert Moutarde. Ce troisième tome était aussi la découverte d'un autre autre personnage, présent dans le second tome que je n'ai toujours pas lu, à savoir Janine. Une femme relativement âgée, qui adore chanter des chansons d'un autre temps. Je me suis également beaucoup attaché à elle. Consciente qu'elle a plus de jours derrière elle que devant, elle profite à fond de tout ce qu'elle vit. Elle a gardé son âme d'enfant, quelque part. Elle m'a bien fait rire avec ses titres assez... anciens.
L'Ogre à Poils est aussi l'occasion de rencontrer de nouveaux personnages, et notamment la grande nouveauté de cette nouvelle parution : Gaspard le Dragon. Qui est-ce ? Gaspard est le dernier dragon de son espèce. Il vit reclus sous terre, avec pour seule compagnie des romans qu'il passe sa vie à lire. J'ai beaucoup aimé suivre son évolution tout au long de l'histoire. Marion Brunet nous apprend avec Gaspard que derrière les apparences se cache parfois une belle personne. Ce dernier, en compagnie de l'Ogre et sa bande, va peu à peu reprendre goût à la vie, et ainsi se ressociabiliser si je puis dire.
Du côté de l'histoire, Marion Brunet s'attaque à un problème malheureusement très actuel : l'écologie et plus particulièrement la déforestation. Toujours sur le ton de l'humour, la romancière nous emporte dans cette forêt peuplée de créatures merveilleuses, atteinte par un mystérieux mal, causé par les hommes et la pollution. J'ai adoré cette histoire, qui là encore, recèle de nombreux messages implicites. Chaque lecteur le comprendra différemment, qu'il soit petit ou grand.
Le changement d'illustrateur ne m'a pas dérangé, mais je comprends qu'il puisse déstabiliser certaines personnes. J'aime beaucoup les bonus, encore une fois remplis d'humour et d'imagination.
L'Ogre à Poils s'impose comme un des romans phares de la collection Pépix et des éditions Sarbacane en cette fin d'année. On retrouve avec plaisir les "anciens personnages" et on accueille avec plaisir les petits nouveaux. L'histoire, toujours aussi drôle et fraîche, saura plaire aux plus jeunes comme aux adultes. Bravo à Marion Brunet. A lire de toute urgence.



lundi 14 novembre 2016

Lumière, le voyage de Svetlana

Auteur : Carole Trébor


Maison d'édition : Rageot

Nombre de pages : 374 pages

Année de sortie : 2016


Résumé  : Svetlana, hantée par les dernières volontés de sa mère adoptive, décide de quitter le Paris des Lumières pour la Russie des tsars. Elle fera au cours de ce voyage des rencontres surprenantes, étranges, qui lui apprendront bien des choses sur sa famille et sa véritable identité...

Je tiens à remercier les éditions Rageot ainsi que Babelio pour la réception de ce livre.

Introduction  : Carole Trébor fût révélée au grand public avec l'aventure U4. Elle est l'auteur du tome qui a pour personnage principal Jules. Après le succès phénoménal connu par la saga aux quatre auteurs (200 000 lecteurs) l'auteur revient avec ce livre, qui reprend le décor favori de l'auteur  : la Russie. Ayant lu les deux premiers tomes de sa saga Nina Volkovitch, je connaissais assez bien le style de la romancière, et j'avais plutôt hâte de la retrouver dans ce genre qu'est le roman historico-fantastique. Je ressors toutefois assez mitigé de ma lecture.

Commentaire  : Tout d'abord, j'ai eu du mal avec Svetlana. Je l'ai trouvée trop... immature. Je trouve qu'elle prend des décisions sans vraiment penser aux conséquences et qu'elle est assez... égoïste. Le lecteur finit tout de même par s'attacher à elle, on ne peut que ressentir de la compassion devant les événements dont elle est victime. Malheureusement, ce n'est pas une héroïne qui m'a marquée, ni par son courage, ni par son caractère, ni par son génie. A contrario, j'ai beaucoup aimé Aliocha, l'ami russe de Svetlana. Je me suis pas mal identifié à lui, car j'aurais réagi exactement pareil si j'étais dans une telle situation. Il est très curieux et très débrouillard. C'est sans aucun doute mon personnage préféré du livre.

On se retrouve donc dans une histoire ancrée en plein cœur du 18ème siècle, au temps des Lumières et des Tsars. J'ai beaucoup aimé l'histoire, même si je trouve que certains rebondissements sont un peu trop prévisibles. Carole Trébor nous apprend beaucoup de choses sur les personnages historiques, sur les lieux qu'elle met en scène. Elle arrive encore à nous surprendre avec le virage fantastique que prend doucement l'histoire, même si on savait dès le départ quelle direction allait prendre le roman. Pour ceux qui me suivent depuis un petit moment, vous savez que j'affectionne particulièrement le genre du road-trip. Celui-ci est très bien mené, les rencontres faite par Svetlana sont déterminantes pour la suite de l'histoire. Malheureusement, il y a encore quelques éléments que j'avais devinés bien avant que cela se produise. Résultat, je me suis un peu ennuyé. C'est vraiment dommage, car l'univers est super, l'histoire est recherchée, bien travaillée, mais les quelques éléments téléphonés «gâchent» quelque peu notre lecture.

Je ne m'attarderais pas sur l'écriture de Carole Trébor, que je connaissais bien, comme je l'ai dis plus haut. Sans surprise, j'accroche bien à la plume de la romancière, qui est fluide et accrocheuse. Elle sait stopper ses chapitres au bon moment, juste assez pour donner envie au lecteur de continuer encore un peu. On voit qu'il y a un gros travail de documentation. Le lexique, très riche à la fin de l'histoire, nous permet d'aller un peu plus encore dans la Russie au temps des Tsars.

Ce livre me laisse perplexe. Nina Volkovitch restera ma saga préférée de l'auteur, même si j'aimerais quand même énormément lire U4 Jules pour voir l'auteur dans un registre différent que l'historico-fantastique.


jeudi 10 novembre 2016

Le bois dormait : Un album merveilleux de Rebecca Dautremer


Auteur/Illustratrice : Rebecca Dautremer

Maison d'édition : Sarbacane

Nombre de pages : 64 pages

Année de sortie : 2016



Introduction : Je tiens à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi !

 Qui n'a jamais entendu parler de Rebecca Dautremer, artiste au style unique, de renommée internationale. Elle nous revient en cette fin d'année 2016 avec un nouvel album jeunesse chez Sarbacane, dans l'univers fantastique et étrange de la Belle au bois dormant.



On retrouve deux hommes, dont l'un est un prince, qui se baladent en discutant. Ils arrivent alors dans un faubourg où ils croisent des enfants sur une balançoire, une paysanne, un roi, une reine. Tous sont endormis. Depuis 100 ans apprend-t-on plus tard. Comment les réveiller ? Avec un baiser, un baiser d'amour, peut-être ?

Cet album est un pure merveille visuel. On prend bien le temps de détailler, d'admirer les illustrations de Rebecca Dautremer. Celle-ci, toujours avec son style graphique si reconnaissable et si particulier, nous transporte dans ce monde à l'arrêt depuis plus d'un siècle. Les jeux d'ombres, les dégradés, la mise en couleur sont d'une qualité rare, que tout bon observateur et habitué saura apprécier à sa juste valeur. Le crayon est léger, le trait fin, c'est beau... ces illustrations passent presque pour des photos de part les détails qu'on peut y déceler.


Les deux personnages principaux, qui occupent tout l'espace de gauche à chaque planche, sont également une réussite. On a vraiment l'impression de voir un dessin animé en noir et blanc défilé devant nos yeux. Bravo à madame Dautremer, ce fût un régal pour les yeux !

Contrairement à d'autres albums où elle est porte la casquette d'illustratrice, Rebecca Dautremer se vêt du chapeau d'illustratrice ainsi que de celui d'auteur pour cette œuvre. Elle nous propose une histoire ancrée dans l'univers de la Belle au bois dormant, qu'elle a très bien su retranscrire visuellement. L'illustratrice joue avec le lecteur. On se pose quand même une grande question, mais qui est ce second personnage qui ne parle, dont on apprendra par la suite qu'il est un prince. On se plait dans cette mystérieuse histoire que l'on découvre par petites touches au fur et à mesure des dialogues. Je trouve que la fin aurait peut-être mérité une ou deux planches de plus, pour montrer les habitants se réveillant.

Ce nouvel album signé de Rebecca Dautremer et publié aux éditions Sarbacane est une formidable réussite d'après moi. Je trouve les illustrations somptueuses, ça faisait un bout de temps que je n'avais pas lu d'albums illustrés par Rebecca Dautremer, et il faut absolument que je rattrape mon retard dans sa bibliographies. J'ai également adoré l'histoire légère et pleine de douceur. Un album qui mérite le détour, sans aucun doute !


L'ogre au pull vert moutarde de Marion Brunet

Auteur : Marion Brunet

Illustrateur : Jill Charlier

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Pépix

Nombre de pages : 160 pages

Année de sortie : 2014


Résumé : Abdou et Yoann vivent dans un foyer pour enfants. Un endroit pour « ceux qui n'ont pas d'avenir » comme le répète souvent l'horrible Directeur. Malgré ça, les deux amis arrivent à s'amuser et à garder le sourire. Quand ils découvrent que le nouveau veilleur de nuit est un ogre, ils ne se laissent pas faire et décident de riposter pour ne pas se laisser croquer...

Introduction : Marion Brunet nous propose avec ce roman un classique de la collection Pépix. Une des premières sorties de cette dernière, il a grandement contribué à la renommé de cette aventure commencé en 2014, qui propose des romans pour les 8-12 ans. Cette œuvre a aussi permis de forger ce caractère et cette définition de la collection, qui est pour moi une incontournable du secteur jeunesse actuellement. Pourtant, j'ai pas mal tardé à la lire, et c'est seulement à l'occasion de la sortie du 3ème tome que je me décide enfin à me plonger, pour mon plus grand plaisir, dans les aventures d'Abdou et Yoan.

Commentaire : Nous retrouvons donc ces deux enfants, qui vivent au foyer depuis pas mal de temps, apprend-t-on au début de l'histoire. Je les ai beaucoup aimés et me suis beaucoup attaché à eux. Ils sont très optimistes, et ne baissent pas les bras. Marion Brunet nous plonge dans la tête de ces deux gamins, qui sont partis dans la vie avec les mauvaises cartes en main. Je trouve que le binôme se complète bien, et j'ai hâte de le retrouver dans le tome 3, et pourquoi pas dans le second opus.

L'ogre est vraiment le personnage principal de ce livre. On découvre sa vie, et celle des ogres en général par la même occasion. C'est un personnage qui m'a tout de même beaucoup touché. Marion Brunet aborde avec ses trois personnages principaux le thème du rejet et celui des complexes, et plus particulièrement les complexes physiques. Malgré le ton léger, ce livre recèle de messages beaucoup plus profonds, à l'image d'autres romans Pépix comme Super-Vanessa ou Chico, journal d'un menteur professionnel. C'est aussi ça qui caractérise la collection Pépix et ses romans.

Contrairement à certains autres bouquins de la collection, L'ogre au pull vert moutarde regorge de bonus et d'astuces. Il n'y en a pas deux ou trois, mais vraiment une bonne dizaine. Je trouve que cela est un vrai plus pour l'histoire, qui est ainsi plus légère encore.

L'ogre au pull vert moutarde fût une superbe découverte pour ma part. J'ai énormément hâte de commencer le tome 3, qui aborde le thème de l'écologie à ce que j'ai vu.

lundi 7 novembre 2016

L'atelier d'écriture n°239 de Leiloona : Une merveille cachée

Sans se préoccuper de quiconque, l'homme tourne la poignée, pousse la vieille porte rouillée, et commence à progresser le long du chemin pavé où les plantes et les mauvaises herbes commencent a reprendre leur place d'antan. Il n'a aucune idée de ce qu'il va trouver dans la vieille bâtisse de pierre qui se dresse devant lui. Il parcourt les quelques pas qui le séparent de la porte, et s'arrête devant celle-ci. Aucune sonnette, des planches de bois posées contre le mur à la va vite. L'endroit à l'air d'être abandonné. Sans même frapper, l'homme entre, déjà sûr de ce qu'il va trouver à l'intérieur. Les lattes de bois craquent sous ses pas. L'endroit est plongé dans l'obscurité. Tout en marchant, l'homme plonge une main dans sa poche, sort son téléphone, et allume la lampe torche. Comme il s'en doutait, la masure est totalement vide. Quelques meubles pourris, des sacs éventrés ou des mégots éteints traînent à même le sol. Imperturbable, il continue son exploration discrète du lieu. Il arrive finalement devant une fenêtre, dans ce qui devait être une cuisine. Il l'ouvre, et pousse sans ménagement le vieux battant de bois cloué au mur qui dissimule l'intérieur du bâtiment aux regards indiscrets. La lumière pénètre enfin dans la pièce, et l'arrière de la maison s'offre au regard du visiteur. Une incroyable profusion de plantes, d'arbres et de fleurs sautent aux yeux admiratifs de l'homme. Il prend bien le temps d'observer, de détailler et d'imprimer dans son esprit chaque recoin de ce petit coin où la nature règne en maître. Au bout de quelques minutes, il dégaine son petit bijoux d'appareil photo, et immortalise ce paysage trop longtemps dissimulé à son goût. Il remarque une petite serre, située tout au fond du terrain. Sans plus attendre, l'homme sort, et se dirige tout droit vers le petit espace, qui devient immédiatement son modèle pour le reste de l'après-midi. Il le photographie sous toutes ses formes, sous tous les angles de vue, prenant parfois le risque de grimper dans un arbre pour avoir une meilleure prise d'ensemble. Seul le déclin progressif du soleil l'oblige à repartir, en début de soirée. Avant son départ, il prend le temps de photographier l'intérieur de la bâtisse, qui contraste formidablement bien avec l'arrière de la baraque se dit-il. Un dernier cliché de la façade, puis une vue depuis la rue, et l'homme s'en va, le sourire au lèvre, avec la promesse de revenir dés que son quotidien le lui permettra.


vendredi 4 novembre 2016

Les Belles Vies de Benoît Minville, la critique

Auteur : Benoît Minville

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 272 pages

Année de sortie : 2016


Résumé : Vasco et Djib sont inséparables depuis leur plus tendre enfance. Le premier vient de terminer sa première de CFA, le second en première S. Malheureusement, leur dernière rixe est celle de trop. Afin de leur mettre du plomb dans la tête, leur parent prennent la décision de les envoyer au cœur de la campagne, dans la Nièvre, dans une famille d'accueil pour la DDASS. C'est le début d'un été inoubliable, rempli d'émotions et de superbes rencontres...

Introduction : Un livre flamboyant, qui donne le sourire et rend heureux quiconque le lira...

Commentaire : Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi ainsi que Mathilde du blog Books & Boom. Vous pouvez retrouver sa chronique ici.

Je n'ai encore jamais lu de Benoît Minville (honte à moi) même si les Géants me tente énormément. Après plus deux ans sans nouvelle parution chez Sarbacane, et un passage dans la collection Série Noire de Gallimard avec Rural Noir, l'auteur revient avec un double actualité Pépix-Exprim' au mois d'octobre. Il nous offre avec Les Belles Vies un grand roman, l'un des meilleurs de cette année, sans aucun doute.

L'histoire nous mène donc à la rencontre de Djib et Vasco. Amis depuis le berceau, inséparables même dans les pires situations, les deux adolescents ne savent pas encore qu'ils vont vivre le plus bel été de leur vie suite à leur dernier écart de conduite.. Ce sont deux personnages qui m'ont énormément touché. Je ne m'attendais pas à me sentir si proche de ses deux jeunes un peu paumés dans la campagne nivernaise. J'ai adoré suivre leurs péripéties, je me suis vraiment identifié à eux tout au long de l'histoire. A travers ses deux personnages principaux, Benoît Minville dresse un portrait juste et fidèle de la jeunesse des cités. On voit ces deux banlieusards, habitués à passer leur week-ends à glander sur un banc, totalement perdus face à la campagne qui s'offre à eux le temps d'un été. Là-bas, auprès de Tata et Tonton, ils découvriront la vie, d'une certaine façon. Ils grandiront aussi, aussi bien physiquement que mentalement.

Dans la Nièvre, on découvre les enfants élevés par Tata. Et là encore, c'est une merveilleuse palette de personnages que nous offre l'auteur. Une bande de jeunes hauts en couleur, forts en caractère, avec des vies très différentes les unes des autres. J'ai adoré ce petit groupe, auquel le lecteur fait parti intégrante durant sa lecture, le temps d'un été. On s'attache à chacun d'entre eux, on les accepte comme ils sont. Ils deviennent nos amis, on est triste quand ils sont tristes, on rit quand ils rient... On passe par toute sorte d'émotions, et ce durant un été de 272 pages.

Le romancier nous emporte donc dans la Nièvre, la campagne, la France profonde dont on parle peu en littérature. Un petit coins de paradis, où il fait bon vivre, avec ses petits villages chaleureux, sa rivière où on passe chacune de nos après-midis, ses prés couleur soleil... Benoît Minville nous fait vivre le quotidien de Vasco, de Djib et des autres enfants. Un quotidien rythmé par les balades, les baignades, les parties de foot... Le lecteur est littéralement transporté dans cette campagne qui prend des allures d'oasis paradisiaque. Cette lecture est une véritable bouffée d'air. Les Belles Vies est un livre qui fait du bien, que j'avais énormément envie de retrouver chaque soir pour en dévorer quelques chapitres. On prend le temps de savourer cette belle aventure, cet été ensoleillé, qui nous fait sourire, parfois même rire aux éclats. Ce dépaysement total touche aussi bien le lecteur que Djib et Vasco. On aimerait rester là-bas, avec Tonton, Tata, et les autres. On est triste de quitter cet univers, on relit les dernières pages plusieurs, dans l'espoir de retourner dans cette campagne qui apaise. Après notre lecture, on a juste une envie : passer des vacances dans la Nièvre. Essayer de trouver cette famille d'accueil, ce petit hameau de village. Les Belles Vies... Un titre juste pour un roman merveilleux.

L'auteur écrit parfois finement, parfois d'une écriture plus fracassante. Il aborde des thèmes parfois très durs, comme le racisme, les relations familiales... On retient de belles citations, on voit à ses descriptions que le romancier est déjà venu dans la Nièvre. C'est si juste, si réel.

Merci monsieur Minville, pour ce superbe moment de lecture. Les Belles Vies est un livre qui apaise, à mettre dans les mains de n’importe qui recherchant une histoire drôle, parfois plus émouvante, qui donne du baume au cœur. Splendide coup de cœur pour ma part, et je suis sûr que c'est le cas de beaucoup d'autres lecteurs.

mardi 1 novembre 2016

Rémina planète de l'enfer : un manga d'horreur de Junji Ito

Coucou tout le monde ! Je reviens aujourd'hui pour vous parler d'un manga écrit par Junji Ito, un mangaka talentueux considéré à juste titre comme le maître du manga d'horreur. Rémina, planète de l'enfer est l'une de ses oeuvres la plus connue, et c'est par ce manga que j'entame sa bibliographie.

Résumé : Le professeur Oguro découvre une nouvelle planète, qu'il baptise Rémina en l'honneur de la fille. Cette dernière devient du jour en lendemain l'idole des foules. Mais très vite, on se rend compte que Rémina est une planète dangereuse, qui engloutit peu à peu les autres planète du système solaire. Pire, elle se dirige maintenant vers la Terre...

J'ai découvert Junji Ito dans une vidéo, un peu par hasard, en me baladant sur youtube. Très vite, je me suis intéressé à sa bibliographie, et après mainte et mainte recherche, j'emprunte finalement ce premier manga, un one-shot, sans trop savoir à quoi m'attendre.

On m'avait prévenu, mais je ne m'attendais tout de même pas à autant de noirceur, de pessimisme, de tristesse. Junji Ito possède un style propre et inimitable, en tout point. Il instaure chez ses lecteurs une sorte de dégoût progressif pour ce qu'il lit, si bien que j'ai du à plusieurs reprises détournés ou même passé certaines scènes. Il n'y a pas de sang, l'horreur n'est pas basé sur le gore, même si il peut y en avoir. Ce manga m'a beaucoup fait cogité, même une fois ma lecture terminée. Derrière toute cette histoire digne d'un film apocalyptique, Junji Ito se plaît à imaginer le comportement des humains face à une telle catastrophe. On voit ainsi que l'espèce humaine à toujours besoin d'une explication, qu'elle soit possible ou non, rationnelle ou non. Il cherche toujours une cause à ses problèmes, que ce soit quelqu'un ou quelque chose. Rémina et son père occupent tout deux cette place de cause dans ce manga-ci. Et c'est pour cela qu'ils se font persécutés tout au long de l'histoire. La cruauté et l'horreur ne vienne pas totalement de la planète elle-même, mais aussi des humains. Cela contribue aussi à l'inquiétude et au dégoût du lecteur, qui se pose mille et une questions concernant les siens et ce qu'il ferait lui-même si une telle situation venait à arriver.

On ressent d'ailleurs la tristesse et la résignation qui se dégage de Rémina et de son père tout au long de notre lecture. Il me fût totalement impossible de m'attacher à l'un d'entre eux, au vu des circonstances. Pourtant, je connaissais bien Rémina, son caractère, ses sentiments. Junji Ito a bien su la développer et la dévoiler et ce au fur et à mesure du livre. On apprend ainsi que la jeune fille hésite à se lancer dans une carrière d'actrice (je crois), qu'elle est timide et réservée, et surtout qu'elle n'a jamais réclamée d'être aux centres de toutes les attentions. Malheureusement, le sentiment qui a dominé fût quand même la pitié, même si beaucoup d'autres ont pû m'habiter, notamment de la tristesse, de la haine... Tout cela envers les humains, cette population destructrice qui se conduira elle-même à sa propre perte.




Junji Ito possède aussi son propre style graphique. Il ne s'encombre que rarement de détails superficiels, notamment pour ses personnages, dont les visages simples reflètent parfaitement les différentes expressions de la peur et de beaucoup d'autres sentiments. Ses dessins plus large, comme pour des vus de ciel sont parfois très vague, la encore il y a assez peu de détails, mais ce qui est présenté n'en reste pas moins parfaitement reconnaissable. Ses dessins sont très nettes et précis. C'est un style inimitable, et c'est ce qui rendent les oeuvres de Junji Ito si spéciales.

Il faut avant de conclure que je vous parle de "30 milliards de solitudes", une nouvelle présente à la fin du manga. Cette dernière traite de la solitude, comme l'indique le titre, mais plus précisement de ses conséquences. C'est une histoire qui m'a laissé perplexe, pour tout vous dire, et j'aurais aimé que l'auteur en fasse un manga complet, pour ainsi développer ce sujet assez peu abordé en littérature, encore moins dans le milieu du manga. Je pense que l'on peut percevoir cette nouvelle sous beaucoup d'angles différents, et les points peuvent divergés sur ce qu'il y a à retenir de cette courte histoire. Si quelqu'un l'a lu, qu'il n'hésite pas à commenter, pour qu'on puisse l'évoquer plus en profondeur.

Ce manga fût une excellente découverte de l'auteur et de son univers pour ma part. Un univers sombre, pour un type d'horreur dérangeant au plus haut point, qui ne laisse que désolation sur son passage. A lire pour les amateurs de frissons et ceux qui ont le coeur bien accroché !

Judge et Doubt : deux thrillers psychologiques de Yoshiki Tonogai

Bonjour à tous ! Je vous retrouve aujourd'hui pour vous parler de deux mangas de Yoshiki Tonogai : Judge et Doubt.

Résumé de Judge : Deux années se sont écoulées depuis la mort de son frère mais Hiro ne parvient pas à vaincre les remords qui le rongent. Un jour il se réveille sur un lit dans une pièce insalubre et sombre, menotté et coiffé d'un masque de lapin. Il s'aperçoit très vite qu'il n'est pas la seule victime de cette farce sordide puisqu'en effet sept autres jeunes gens terrifiés vivent le même calvaire enfermés dans une salle qui ressemble à un tribunal...






S'ils sont tous réunis en un même lieu c'est pour rendre compte de crimes impunis qu'ils auraient commis par le passé... Et la seule sentence possible sera la mort pour les coupables. Tout à la fois juge et partie il leur faudra choisir toutes les douze heures celui ou celle d'entre eux qui sera sacrifié.

Résumé de Doubt : Rabbit Doubt fait fureur au japon : dans ce jeu sur téléphone portable. Des lapins doivent débusquer le loup qui se cache parmi eux. Quant au loup, il doit utiliser tous les subterfuges possibles pour semer la confusion dans le groupe et éliminer un par un tous ses adversaires... Mais pour cinq fans du jeu. Rabbit Doubt ne tarde pas a virer au cauchemar: ils se réveillent enfermés dans un bâtiment désaffecté avec, à leurs côtes, le corps d'une camarade assassinée. Tatoué sur la peau des adolescents, un mystérieux code-barres qui leur permet à chacun d'ouvrir une porte différente semble être leur seul espoir de salut. Pas de doute: un loup se cache bien parmi eux, et il leur faudra le démasquer avant d'être dévorés...

Ces deux sagas, scénarisées et dessinées par Yoshiki Tonogai, sont des thrillers psychologique, toute deux publiées aux éditions Ki-Oon. Elle comportent respectivement quatre tomes pour Doubt et six pour Judge.

Vous le savez peut-être, j'apprécie beaucoup les mangas. Ce genre occupe pour moi une grande place dans la littérature, et je pense que je ne peux pas me passer d'en lire. J'ai beaucoup entendu parler de ces deux sagas, surtout de Judge, sur la blogosphère et sur le net en général. Décrit comme assez gore, c'est un manga qui joue beaucoup sur la psychologie du lecteur et des personnages. La couverture me tentait beaucoup, j'ai donc décidé de le lire, et ce en même temps que Doubt. Je ne suis absolument pas déçu du détour.
Ce qu'il faut savoir avant tout, c'est que les deux mangas sont assez similaires. S'inscrivant tous deux comme des huis-clos, ils se basent beaucoup sur le passé des personnages mis en scène ainsi que de leurs torts. Leurs sentiments, craintes, douleurs, ressortent au cours de la terrible épreuve qu'ils vont vivre. Au bout de quelques tomes, les alliances commencent à s’effilocher, et tout le monde commence à craindre tout le monde. Ce côté commence à déteindre sur le lecteur, qui émet lui aussi des hypothèses à partir des seuls indices qu'on a bien voulu lui laisser. La psychologie de chacun est très bien travaillée, si bien que Yoshiki Tonogai mène tout le monde comme il veut, dans le sens qu'il veut. ll nous conduit sur de fausses pistes, remet nos certitudes en question. Le scénario est très travaillé, et les rebondissements ne manquent pas. Les tomes s'enchainent à une vitesse hallucinante, sans jamais qu'aucune des deux séries ne s’essoufflent. Les apparitions de personnages coiffés d'une tête animal rajoute accentue ce côté glauque omniprésent, pour notre plus grand plaisir.

Certains, que ce soit sur leur blog ou sur Babelio, décrivent ces deux mangas comme gores. Il y a certes des meurtres et du sang, mais c'est vraiment ce côté où tout le monde se méfie de tout le monde qui contribue à rendre Judge et Doubt aussi glauque. L'atmosphère qui s'en dégage est oppressante, si bien que je n'ai jamais pu enchaîner deux tomes de suite, malgré l'envie qui ne me manquait pas.

Il existe toutefois quelques différences entres ces deux sagas, et ce sont ces petites choses qui ont forgé ma préférence pour Doubt à Judge. Tout d'abord, Doubt est celui avec laquelle j'ai commencé ma lecture, Judge est venu ensuite. Ensuite, le côté huis-clos est beaucoup plus présent que dans ce dernier, où le personnage principal (Hiro) essaie avant tout de faire en sorte de personne ne meurt. Mais cela fait aussi la force de Judge, car on sait forcément que certains personnages ne vont pas écouter Hiro et que cela va créer encore plus de tension et de discorde. Les lieux et les personnages ont également été un facteur qui a fait que Doubt restera mon préféré. En effet, Judge compte beaucoup plus de personnages, si bien qu'on s'emmêle souvent les pinceaux entre les nombreux prénoms, et j'ai ainsi souvent confondu deux personnages entre eux (ce fût le cas notamment pour les filles). Doubt, quant à lui, compte quelques personnages, dont l'auteur forge un caractère fort durant les quatre tomes, on s'attache ainsi très vite à eux. Judge comptait un peu trop de personnages pour que j'arrive à m'attacher à l'un d'entre eux, même à Hiro. Les lieux où se déroulent l'histoire sont beaucoup plus petit dans Doubt, puisque l'endroit se limite à un bâtiment désaffecté comportant un étage. A contrario, On découvre beaucoup de pièces et de nouveaux endroits dans Judge au fur et à mesure des tomes, si bien qu'on finit par ce perdre dans ce dédale de pièces étranges. Ce sont un petit peu tous ces différents facteurs qui creusent une certaine différence à mon sens entre Judge et Doubt.
Les deux fins concluent en beauté ces deux sagas. Elles arrivent au bon moment, tombent comme des couperets, laissant ainsi une grande marque au lecteur. Elles sont toutes deux dans la continuité de la saga, et je n'aurais pas vu une autre chute que celles proposées (qui sont assez similaires là encore).

Ces deux thriller de Yoshiki Tonogai m'ont vraiment marqué. Les deux histoires se basent beaucoup sur un côté psychologique fort, aussi bien pour les personnages que pour le lecteur. Judge et Doubt restent assez similaires, on reconnaît facilement la patte de l'auteur. Quelques différences minimes me donnent une préférence assez marquée pour Doubt. Je vous la recommande chaudement si vous êtes amateur de thriller psychologique et d'émotions fortes !

Petit + : Yoshiki Tonogai a sorti en 2015 Secret, son nouveau "jeux de massacre". Il me tente beaucoup, les critiques sont très bonnes et décrivent ce nouveau manga comme assez différent des deux premiers du même auteur. Je ne tarderais pas à me l'acheter !

Un roman graphique : Cet été-là de Jillian et Mariko Tamaki, la critique

Résumé : Awago Beach, c'est cet endroit où l'on va chaque été. Depuis.... toujours.
Introduction : Un roman graphique parlant de l'adolescence... Malheureusement, je n'ai vraiment pas accroché...
Introduction : Un roman graphique qui parle de l'adolescence... Je n'ai pas vraiment accroché...

Commentaire : Il faut savoir que je lis assez peu de romans graphiques, voir pas du tout. Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre mais, ayant reçu cet-été là grâce à mon abonnement à l'école des loisirs, je me suis plongé dedans sans trop savoir à quoi m'attendre.

Avec ce livre, les cousines Tamaki explorent le passage de l'adolescence à l'âge adulte. On rencontre donc Rose, une adolescente qui part chaque été avec ses parents à Awago Beach, où ils possèdent une petite maison de vacances. Là-bas, elle retrouve Windy, sa copine de vacances, plus jeune qu'elle. Ensemble, elles s'amusent, regardent des films d'horreur, se baignent, discutent. Elles parlent beaucoup, de tout et n’importe quoi : amour, sexualité, famille, tous les sujets y passent. Au début de l'histoire, je n'avais qu'une envie, c'était de stopper ma lecture pour m'attaquer à un autre roman. Les deux adolescentes m'énervaient terriblement, j'avais envie de les « tarter », et cette envie augmentait à chaque page tournée. Les dialogues inutiles et l'histoire piétinante confortait cette impression. Il a fallu attendre la moitié du livre pour que je commence à m'habituer à l'ambiance qu'il dégageait, que ce soit au niveau de l'histoire ou des personnages. Je ne dirais que Windy et Rose m'ont touché ni même que je me suis attaché à elles, disons que j'ai fini par m'habituer à leurs discussions assez... inintéressantes.

L'histoire, comme je l'ai dit plus haut, piétine. Il n'y a pas beaucoup d'actions, ni de suspens et encore moins de révélations. Je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir, et ce pendant une bonne partie du roman. L'ambiance, accentuée par les graphiques dont je parlerais après, dégagée par l'histoire est assez... pesante. J'avais l'impression qu'il allait se passer un truc horrible à chaque nouvelle page, notamment du côté des parents de Rose. Awago Beach y contribue aussi. Avec son lot de jeunes en quête de fêtes et d'amour, son bazar tenu par un jeune un peu (voir beaucoup) crétin, ce n'est pas l'endroit rêvé.
Je pense être un peu passé à côté du message délivré par ce r
oman graphique. Les critiques élogieuses ne manquaient pas à son égard. Je crois surtout que ce livre ne s'adressait pas à un public comme moi. Les 10-12 ans sont sûrement la cible dans ce genre d'histoires.

J'aimerais juste vous parlez des graphismes. Ils sont très beaux, je les ai beaucoup aimés. Le manque de couleurs augmente toutefois le côté oppressant de l'histoire.

Vous l'aurez compris, ce roman graphique est une déception pour ma part. Que ce soit au niveau des personnages un peu « gnangnans » ou de l'histoire assez plate, je pense ne pas être le public recherché avec ce genre de livre. Les graphismes en noir et blanc sont très beaux, seul bon point pour ma part.

Une BD coup de coeur : Le château des Etoiles d'Alex Alice

Bonjour à tous ! Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'une BD, une BD coup de coeur : j'ai nommé le Château des Etoiles d'Alex Alice. Mais je n'avais pas envie de vous faire une chronique comme je fais habituellement, mais simplement de vous en parler, sous forme d'un article coup de cœur.

Résumé de l'éditeur : 1868. À bord de son ballon de haute altitude, la mère de Séraphin disparaît mystérieusement à la frontière de l'espace. Un an plus tard, une lettre anonyme révèle que son carnet de bord a été retrouvé... Séraphin et son père, échappant de justesse à un enlèvement, suivent la piste du carnet jusque dans les contreforts des Alpes. C'est là, à l'ombre d'un château de conte de fées, que le roi Ludwig de Bavière a entrepris la construction d'un engin spatial de cuivre et de bois qui s'apprête à changer le cours de l'Histoire.

Ce qui m'a d'emblé attiré vers cette saga, c'est sa couverture absolument magnifique. Avec son titre en gros plan et une mise en page qui m'a fait penser à la fin du 19ème début du 20ème siècle, le premier tome n'est pas resté longtemps en rayon avant que je ne l'emprunte pour le lire.
Le premier point qui m'a de suite charmé, ce sont les graphismes absolument splendides fait avec de l'aquarelle. C'est un style graphique assez original qui diffère beaucoup de ce que l'on peut trouver du côté des BD jeunesse à l'heure actuelle. C'est vraiment ce qui m'a séduit quand j'ai feuilleter quelques pages avant de me décider à en faire l’emprunt.
Les graphismes somptueux sont accompagnés d'une histoire merveilleusement bien contée par Alex Alice. Ce dernier aborde un sujet que je ne connais vraiment pas du tout (si bien que j'ai dû aller me renseigner pour savoir ce qu'était : "l'Ether"), j'ai ainsi appris beaucoup de choses sur cette matière qui était jusqu'à présent inconnue pour moi. L'intrigue proposée est très bien menée par l'auteur, et le récit ne manque jamais d'action. Tout ce qui est décrit pourrait très bien se dérouler en réalité, mais les technologies et les connaisances connues pour l'époque rajoutent un côté steampunk à l'histoire, ce qui la rend si particulière. Le côté historique est bien présent avec la guerre entre Bismarck et Ludwig ainsi qu'une pointe de fantastique, et ce notamment dans le tome 2.

J'ai vraiment adoré les principaux protagonistes de cette aventure : Séraphin, un jeune garçon curieux qui a soif d'aventures, dans lequel je me suis un peu retrouvé d'ailleurs, ainsi que Sophie et Hans, deux jeunes allemands aux services du roi depuis leur plus tendre enfance. Tous les trois forment un trio jeune, frais, sympathique que j'ai vraiment pris plaisir à suivre leurs aventures ainsi que l'évolution de leurs maturités. J'ai également beaucoup apprécié le roi Ludwig, et notamment son point de vue sur les contes et les légendes. Le père de Séraphin ne m'a pas particulièrement marqué, mais il est toutefois strict mais bienvaillant.

Cette saga est un petit bijoux de lecture. Je vous recommande chaudement ce délicieux mélange de fantastique, d'aventure, d'historique et de steampunk. Des graphismes sublimes, une histoire merveilleuse et très instructive complète ce coup de coeur que je ne peux que vous recommander si vous voulez passer un bon moment de détente et de lecture.

L'atelier d'écriture n°236 de Leiloona : Une bouée de sauvetage dans un monde noyé par la violence...

Thomas s'assoit, le cul sur le dossier du banc, les pieds posés là « où une personne ayant un minimum de savoir-vivre se serait assise » comme le dit si bien son père, avant qu'un nouveau déluge de coups ne s'abatte sur son visage. Thomas n'aime pas songer à ces moments de pure violence, mais il ne peut se soustraire au courant de sa pensée, alors il se souvient, bien malgré lui.  Au début, le jeune homme essayait de résister, il criait, d'abord pour qu'on l'entende, puis pour la forme, vague tentative pour invoquer le peu de pitié que serait capable d'éprouver son géniteur alcoolo. Sans succès. Maintenant, il se tait, et attend. Il attend quoi me direz-vous ? Eh bien... Le jour où il prendra le dessus sur son paternel, le jour où il pourra se venger des insultes, des crachats, des coups. Il en ricanerait presque, le bougre. Alors, pour bien emmerder son patriarche, il tourne mal. Le jeune garçon enchaîne les paquets de clopes et les bières comme Hulk enchaîne les coups sur Loki dans le film Avengers. Il est mauvais en cours, teigneux, belliqueux, et fait tout pour être exclu de son lycée. Thomas en quelques chiffres, c'est quarante-cinq heures de colles l'année dernière, un renvoi temporaire puis définitif, vingt-et-une heures de colles cette année... Tous ses efforts dans un seul but, humilier l'ivrogne qui lui sert de père. L'adolescent relève la tête, la bascule en arrière, racle sa gorge dans un bruit répugnant, puis crache un gros mollard sur les pavés situés devant son banc. Dans un soupir, il fouille dans sa poche jusqu'à dégoter sa paire d'écouteurs, les enfile, et balance à pleine puissance ses musiques vulgaires et sauvages. Téléchargés illégalement, évidemment. Puis le jeune garçon prend le temps d’observer le monde qui défile devant ses yeux embués par l'alcool. Cette petite fille qui boude au milieu de  la place, sûrement pour obtenir ce qu'elle désire auprès de ses parents. Ce groupe de touristes venu à Paris le temps d'une semaine pour voir la capitale et ses monuments emblématiques. Ces autres touristes, qui s'accordent une petite pause bien méritée après une longue marche au coeur de Paris. Derrière ses airs de kaïras, Thomas aime réinventer les vies de gens, seul sur ce banc, sur son banc. Un message simple, court vient percer cette bulle de pseudo-bonheur qui entoure Thomas, et que seul cet endroit est capable de créer. C'est un peu son refuge, en quelque sorte. Une bouée de sauvetage dans un monde noyé par la violence. Mais ce sms va le faire chavirer, il le sait. Thomas lâche un juron, saute de son banc, et commence à faire le chemin du retour, sans prendre la peine de répondre au "Rentre" envoyé par son géniteur, quelques minutes plus tôt.



Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo a été prise par (c) Romaric Cazaux.

L'atelier d'écriture n°235 de Leiloona : L'inspiration d'un artiste par un rugueux crépuscules d'hiver...

Sylvestre marche sur des terres inconnues, dans les méandres poétiques de son esprit torturé. Il s'arrête parfois, sous un lampadaire qui déverse encore sa lueur tiède dans le crépuscule de ce matin d'hiver. De là, il griffonne sur son vieux carnet noirci par les années. Des idées, des personnes, des paysages, mais rien de bien concret. Finalement, il range son carnet et, dans un soupir, reprend sa marche lugubre, funambule de la nuit. Il déambule des rues obscures, où les pavés mouillés crissent sous ses chaussures de cuir. Arrivé à l'entrée d'un chemin boisé, il s'arrête. Les arbres, silhouettes inquiétantes, maîtres de la forêt, s'offrent à son regard rêveur. Il tente une fois de plus, de puiser l'inspiration tant vénérée dans ce paysage mystérieux. Alors, qu'il allait abandonner, et s'en retourner chez lui, se faire couler un bain chaud, il la voit. Elle se balade, fée de la nuit, tout droit sortie du fin fond de l'obscurité. Elle joue avec lui, tente de se dissimuler derrière les troncs des arbres couleur ciel. Elle trébuche, se relève, rit de bon coeur. Son corps nue se faufile délicatement entre les cimes, jusqu'à arriver devant lui. Sylvestre la détaille, ébahi, de la tête au pied. Ses courbes s'inscrivent dans son esprit, il retient le moindre détail de cette apparition aussi sublime qu'inespérée. Soudain, une sensation de chaleur le traverse, une chaleur si forte que des gouttelettes d'eau salée perlent sur son front luisant. Il doit la peindre. Son esprit, son corps est dévoué à cette femme, il faut qu'il la peigne. Il entend déjà l'appel des pinceaux, il voit la toile terminée, fignolée par ses soins. Il regarde les critiques s'extasier devant la beauté de cette créature, une beauté presque électrisante, qui attire le regard et réchauffe les coeurs cabossés. Alors Sylvestre se précipite, dévale les rues, saute au-dessus des clochards ronflant, vole au-dessus des maisons, transperce les murs d'argile. Il ne prend pas la peine de retirer ses souliers crottés, et cavale jusqu'à son atelier. Il n'en ressortira que le lendemain, épuisé, mais heureux. Après un décrassage et quelques tasses de café, l'artiste se dirige vers sa chambre à coucher. Il s'assoit sur son lit. Attend. Et la voit, pour la seconde fois. La même sensation de chaleur le reprend, il se laisse bercer par sa voix cristalline. Il s'allonge, contemple le plafond, porte un regard acerbe sur sa vie, sur son oeuvre. Il sait maintenant que ce n'est pas qu'une apparition, ni le songe d'une nuit enchantée. Elle porte un nom mélodieux, doux, fin, qui interpelle, qui ne peut vous laisser indifférent : Adélaïde. Elle est artiste peintre, il l'aime, elle ne le connaît pas, il veut la retrouver. Dix ans plus tard, ils seront mariés.



Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo a été prise par (c) Vincent Héquet.

L'atelier d'écriture de Ghislaine : La guerre commence en Lanskindavie...

Quand Numinitor entre dans la salle, le silence se fait instantanément. Le petit homme prend le temps de bien se caler dans son siège doré, avant de toussoter puis (enfin) de commencer son discours :

"Je suis Numinitor, roi incontesté de cette cité prospère que l'on nomme Romulonek et qui a beaucoup évolué en quinze ans et mon arrivée au pouvoir. Elle est passée de l'état de petite ville modeste à celui de la capitale de la Lanskindavie. Tout ses habitants, mes sujets, y vivent en sécurité et dans de bonnes conditions de vie. Mais depuis quelques mois maintenant, une ville, que dis-je, une minuscule commune insignifiante qui porte le nom répugnant de Lancaguicouar, revendique le titre de capitale, avec comme arguments qu'ils ont accès à la mer et qu'ils ont donc une ouverture plus grande sur le monde, et toutes ses terres inexplorées. L'homme à la tête de cette repoussante cité se nomme Galbatothon, et ce dernier n'a cessé de nous lancer des piques et de faire allusion à ladite supériorité de Lancaguicouar sur Romulonek lors des derniers rassemblements diplomatiques importants. Il s'en résulte un incident diplomatique entre les deux villes, et nous avons toutes les raisons de penser que Galbatothon se prépare à la guerre. Un guerre totale, d'un genre nouveau, où chacun participera, d'une manière ou d'une autre. Tous les coups sont permis. Les autres grandes puissances de Lanskindavie se rallieront à l'un ou l'autre des camps. Nos alliés vous accueilleront dignement, et vous trouverez chez eux le confort et la sécurité que je ne peux vous promettre ici, et ce, pour la population vivant des niveaux quinze à quatre. Toutes les personnes concernées pourront ou devront quitter Romulonek dès demain, de manière à prendre le moins de risques possibles. Toute l'armée est mobilisée. Les déserteurs seront pendus. Nous vous diviserons en section, de manière à prendre l'ennemi par surprise. Les enfants seront pris en charge au château, où ma garde leur assurera une protection permanente. Les plus âgés deviendront des assassins ou des espions, qui infiltreront Lancaguicouar. Les plus jeunes seront formés à la magie et à la maîtrise des Créatures. Les plus vieux, qui ne peuvent se déplacer seuls, seront assimilés dans des familles, et ceux qui n'en n'auront pas seront escortés jusqu'à Pompénones, où ils seront pris en charge par le tout nouveau roi, Guétiloglable. Je déclarerais la guerre dès demain à Galbatothon et à son peuple. Romulonek est maintenant en état d'alerte permanent. Je déclare devant vous que mon héritier légitime en conséquence de ma perte sera Nemanek, qui a déclaré un peu plus tôt vouloir s'occuper des enfants. Je t'accorde ce droit. Quant à moi, ma place est au château, à recevoir les rapports et commander l'armée. Je charge Godinek de préparer la flotte royale, ainsi que les Créatures prêtent à se battre. Ainsi, nous avons toutes les raisons de croire en notre victoire prochaine. Soyez forts ! Vive Romulonek !"

Numinitor quitta la salle. Tout le monde se précipita chez soi, pour se préparer à quitter la ville, ou se barricader. Personne ne remarqua l'étrange créature nichée sur une tour du château, ni l'homme juché sur son dos, qui ressemblait étrangement à Numinitor... La guerre de Lanskindavie commençait. Elle dura vingt ans. Je suis ici pour vous compter son déroulement.



Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Ghislaine. Le but était de placer cinq mots minimum se terminant par -oir(e).

L'atelier d'écriture n°234 de Leiloona : Songe à l'amour fleurissant par un bel hiver...

Eugène,
à la mi-janvier,
sortit enfin,
pour la première fois,
depuis le début de l'hiver.
Dans le parc
où ses pas le menèrent,
les bancs de bois étaient encore vêtus
de cette poudreuse délicate,
celle qui crisse dans vos doigts.
Malgré le froid qui lui congèle les membres
et lui fait claquer des dents ;
Eugène s'assoit
le cul gelé
l'esprit en surchauffe.
Questions d'identité
Défilée d'image
Choc de sentiments...
Eugène divague,
Son corps n'est que mille questions
Plus fortes les unes que les autres.
Quel homme suis-je ?
Ai-je déjà fais du mal à mes proches ?
A Tatiana ?
Quels sont mes véritables amis ?
Quels sont mes qualités ?
Mes défauts ?
Mes angoisses ?
Mes peurs ?
Suis-je amoureux ?
Qu'ai-je fais de ma vie ?
Suis-je amoureux ?
Pourquoi suis-je si triste et si heureux à la fois ?
Suis-je amoureux ?
Pourquoi je reste ici ?
Je suis amoureux.
Les gens qui se baladaient ce jour-là dans ce parc
tout de blanc vêtu
furent les heureux témoins d'une scène
pour le moins
insolite.
Un homme
trempé jusqu'aux os
gueulant
Tatiana
Je t'aime !!
Saute
crie
se roule dans la poudreuse
le recouvrant entièrement.
Bonhomme de neige heureux,
il quitte le parc
fou amoureux,
en quête de son amour,
Tatiana
pelotonnée dans son canapé
une tasse de lait à la main.
Cette ivresse de bonheur
d'amour
de joie,
se rependit peu à peu
dans toute la ville.
Les visages illuminés
au regard d'ange
se chuchotant des mots doux,
firent leur apparition
partout dans Paris.
Il était écrit, je crois,
qu'Eugène et Tatiana furent,
les rois
les princes
de ce bal d'amour
aux mille et une nuances.
Et qu'ils s'aimèrent,
physiquement
sincèrement
de toutes leurs forces.
Cette hiver
rugueux
rigide
froid
vît fleurir
bien avant l'arrivée du printemps
un amour
tendre
sublime
qui soigne toutes les maladies du monde.
C'est cette amour-là,
que vécurent
Eugène et Tatiana.

Ce texte est inspiré du roman Songe à la douceur de Clémentine Beauvais, qui fût un énorme coup de coeur pour moi. Je vous le recommande le plus chaudement du monde.



Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo a été prise par (c) Kot.