mercredi 4 juillet 2018

Les insoumis du blizzard de Fanny Abadie

Auteure : Fanny Abadie

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 416 pages

Année de sortie : 2018








Cinq adolescents vivent dans la même communauté – Josh, le dénicheur, les sœurs Nejda et Liv, Afick et le pauvre Babak. Ils n’ont jamais connu que la neige, le blizzard et la glace : le froid intense a envahi l’Europe depuis des années, décimant une grande partie de l’humanité. Coupés du monde, ils endurent des journées rythmées par l’emploi du temps que leur imposent les adultes : Ilvina, Tamund le médecin-cuistot, Hélène et le chef Kelsang. Ceux-ci vivent mal le déclin de la communauté. Kelsang, surtout, est obsédé par l’idée d’assurer une descendance à leur groupe.

Mais cela fait longtemps que la procréation est devenue artificielle ; et, dans cet environnement hostile, il ne dispose pas des moyens technologiques pour créer des embryons…






Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi ! 


Une magnifique couverture et un communiqué de presse pour tout teaser de ce roman Exprim', sorti en février 2018. J'avais vaguement lu quelques lignes sur internet, qui le décrivaient comme un livre futuriste, qui sort des sentiers habituels de la collection (mais quels sentiers me direz-vous, tellement il en existent...). Moi qui est toujours aimé ce que nous propose Sarbacane, voyons ce que ça a donné cette fois encore ! 







"Comme elle ne reçut aucune réponse, elle cogna plus fort. Entre les coups, le silence. Pour autant, elle n'arrêtait pas de frapper le mur. Au moins, ça la réchauffait." 


C'est une histoire très fermée qui nous ait proposée cette oeuvre. En effet, les (nombreux) personnages présents restent 98% du temps dans le bâtiment principal, qui est d'ailleurs cartographié dès la première page du roman, à savoir la Vieille Bourse. Le lecteur assiste donc à un quasi huis-clos. Et figurez-vous, messieurs dames, que vous avez derrières ces lignes un très grand fans de huis-clos, mais si il n'en a pas lu énormément à ce jour ! Les intrigues, révélations, les émotions découlent donc des secrets et des relations que développent chacun des protagonistes de l'oeuvre. Oui oui, vous pouvez vous frotter les mains, c'est bien tout un menu alléchant que nous avons là. Pour ma part, j'y ai goûté pour environ 70% du livre (j'aime décidément beaucoup les pourcentages aujourd'hui). Les dialogues, découvertes, tensions m'ont vraiment transporté, comme si j'étais une sorte de caméra observant ces petites choses en tant que spectateur d'une sorte de télé-réalité très plaisante. Mais... Pour les 30% restants, le spectateur que je suis s'est ennuyé. En effet, j'ai trouvé que l'auteur tournait un peu en rond avec les attitudes, les intrigues des personnages, comme un certain manque d'évolution de la situation. En conséquence, j'ai parfois lâché le roman pendant plusieurs jours avant de le reprendre pour continuer ma lecture. L'autre conséquence concerne la fin, sur laquelle je suis... Mitigé. C'est une fin ouverte, logique, qui pouvait se sentir venir quelques dizaine pages avant, même si cela n'est pas dérangeant pour le lecteur. A contrario, à l'image de ce qui se passe dans ces dernières pages, j'ai trouvé cette chute assez précipitée, rapide, légèrement bâclée par Fanny Abadie, mais je pense aussi, après réflexion, que ça peut être un effet voulu par la romancière, par soucis de réalisme. Ceux qui auront découvert comme moi cette histoire partageront je pense mon avis : il faut une suite à ce bouquin. Pas que l'on reste sur notre faim (si peut-être un tout tout p'tit peu), mais je crois qu'il serait dommage d'en rester là, avec tout le potentiel que recèle les protagonistes et l'univers proposé par l'auteur, avec pourquoi pas une narration en deux temps, à voir... 


"Mirren leva son petit visage vers elle. Sa peau pâle, ses yeux transparents lui donnaient l'air d'un fantôme."


Parlons peu, Parlons bien, parlons personnages. Ceux-ci sont très nombreux, 11, si l'on veut être précis. Le roman débute d'ailleurs par une sorte de prologue, qui explique rapidement l'état du monde en 2330, mais qui liste également chacun des comparses, leur âge, ainsi que les liens qui existent entre eux. J'ai eu peur de les confondre, de ne plus savoir qui était qui, mais ça s'est très dissipé, car la romancière arrive parfaitement à les différencier. Je vais pour ma part éviter de tous vous les énumérer, les présenter en détail ainsi que de donner mon avis sur chacun. Pour faire simple : nous avons ici affaire à 5 adultes et 6 adolescents/enfants. Chacun des grands à un rôle bien défini, avec à leur tête le chef de groupe : Kelsang. Les plus jeunes aident les grands et les assistent dans les tâches et les corvées du quotidien. Fanny Abadie concentre son livre sur les adolescents, leur place dans le groupe, leurs sensations dans cette vie cloîtrée, dans un monde en ruine. Je me rends compte en écrivant que j'ai un avis très précis pour chacun d'entre eux, et qu'il serait très très compliqué de faire une généralité ou de ne pas parler de certains d'entre eux, car ils ont tous un rôle déterminant dans l'histoire. Je vais encore essayer de faire simple : nous avons donc deux fratrie + deux adolescents uniques. La première fratrie est composée de deux filles, à savoir : Nejda, 15 ans, et sa soeur Liv, 14 ans. La seconde contient Baback, 16 ans, et sa petite soeur Mirren, 10 ans, dont la mère fait partie du groupe (Cette dernière est le personnage que j'ai le plus détesté, mais je vais vous en reparler). Viennent ensuite Afick et Josh, 16 et 15 ans. Ces p'tits loups ont chacun un caractère bien fort (Liv, Neyda...) ou plutôt passif (Josh...). Chacun apporte clairement une pierre à l'édifice de ce bouquin, puisque vous l'aurez sans doute vu au résumé, c'est de leur avenir dont il s'agit. J'ai mes petites préférences, notamment Josh, de qui j'adore le comportement calme mais très réfléchi à la fois. Au contraire, l'impulsivité des deux soeurs a eu tendance à m'agacer, même si là encore je pense que c'est un effet voulu par l'auteur. La complémentarité et les qualités de chacun rendent ce petit groupe stable et sympathique pour le lecteur, malgré les nombreuses difficultés à surmonter. Là où ça se complique pour moi, c'est le côté des adultes. Je ne me suis attaché à aucun d'entre eux, et Hélène (la fameuse mère) est sans doute l'un des personnages les plus égoïstes et détestables que j'ai rencontré cette année, même si on peut l'expliquer avec son passé. Pour résumé ce (trop) long paragraphe, j'ai une affection particulière pour les ado/enfants, qui m'ont offert de très bons moments durant ma lecture. 


"Ils étaient stupéfaits de découvrir qu'il suffit parfois de décider des événements pour qu'ils adviennent."


Sans casser trois pattes à un canard, j'ai bien aimé l'écriture de Fanny Abidie, qui offre une certaine fluidité à son histoire, en gardant toujours en ligne de mire l'action de ses personnages, sans plus décrire le monde extérieur (ce qui n'est absolument pas nécessaire pour moi, au contraire). Elle réussit parfaitement à alterner entre ses différents protagonistes sans emmêler le lecteur pour le moindre du monde. Que du bon en l'occurrence ! 


"- Qu'est-ce qu'on en a à foutre de la liberté quand on est mort comme des cons ?"




Ce roman m'a amené bien des surprises, autant dans sa forme (le nombre de personnages, le huis-clos) que dans le fond (l'histoire en elle-même avec ce rapport à la reproduction). Si j'ai été une bonne partie du bouquin, j'ai trouvé quelques redondances sur la fin et une chute quelque peu précipitée. Une bonne lecture donc, mais qui ne frôle pas non plus le coup de coeur !

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