lundi 26 août 2019

L'atelier d'écriture n°337 de Leiloona : Fantôme de soi-même



Le lac est un endroit mystérieux, entouré par les légendes des anciens et précédé par une réputation pour le moins macabre. Entourées par une bande de montagnes sombres, les berges confèrent cette impression d'infini, accentué par une brume tenace, qui se colle à l'écume par lambeau. Les touristes, attirés par l'aspect atypique du lieu, ne s'y risquent pourtant que très peu, on est ainsi baigné dans un calme relatif. Seuls quelques pêcheurs aguerris coupent encore les flots avec de vieux rafiots à la coque écaillée par les ans et les traversées successives. Le soleil ne baigne l'ondée que quelques semaines par an, la faute au climat plutôt froid et rugueux de la région. Il ferait un bon décor pour un film sorti tout droit de l'imagination d'un réalisateur comme Burton, saupoudré de quelques créatures fantastiques...    
  
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L'accès piéton pour être au plus proche des eaux du lac est une berge sauvage, formée par des rochers de tailles diverses. Seuls les locaux et quelques étrangers en quête d'aventures et de sensations fortes ont pris le risque de s'offrir la vue d'ensemble du lac, aussi terrifiante que magnifique. Une vision qui permet à quiconque de se rendre compte de sa petitesse dans ce monde gigantesque. Le côté brumeux offre souvent aux promeneurs et aux photographes des illusions fantomatiques, qui surprennent et terrifient les non-initiés. Illusions fantastiques, qui frôlent le réel, comme dans un film de Burton... 

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Victor est un vieux pêcheur  à la retraite depuis plus d'une décennie, qui a pour habitude de se poster sur la berge sud du lac, aux abords de la berge sauvage, aux alentours de 14h30. Il dépose ainsi face à lui sa harpe, dont l'étui est disposé à sa gauche, précisément à une dizaine de centimètres de sa cuisse. Il prend le temps d'observer l'étendue d'eau, avant d'interpeller quelques passants. Ces derniers s'installent alors à ses côtés, ou dans l'herbe qui parsème le banc et le chemin qui y conduit. C'est alors que Victor, en agrémentant de quelques mélodies hachées son récit, se met à réciter.     


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3 mars 1965. 7h35

Victor aime se balader ici. Seuls quelques oiseaux viennent troubler le calme du lac, à cette heure matinale. Ce dernier est comme un confident pour le jeune homme, qui en profite pour pleurer, crier, rire, seul sur la berge de rochers irréguliers. Il pleure la mort de sa petite soeur, Jeanne, âgé de 10 ans, qui a chuté 2 ans plus tôt dans les eaux sombres et profondes du lac. On n'a jamais retrouvé son petit corps, d'ordinaire si joyeux. Il crie après cette injustice imposée à cette chienne de vie. Il rit en pensant à tous les moments qu'il a passés avec elle, trop courts toutefois. C'est alors qu'en ce matin brumeux, alors qu'il rebroussait chemin, il crut discerner deux ombres. Etonné plus qu'apeuré, Victor s'approche. Encore. Encore. Il n'est qu'à quelques mètres à présent. Et il voit. La première, plus grande que la seconde, lui ressemble étrangement. En fait... C'est lui. Plus vieux, avec une légère barbe de trois jours, et des cheveux en bataille. Lui qui lui sourit. Les yeux écarquillés, il reconnaît Jeanne, dotée du même visage que la dernière fois qu'il ne l'a vu. Elle lui sourit. Ils lui sourient. Victor hurle. Et tombe.     

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Il se réveillera quelques heures plus tard, au même endroit. Sonné. Seul. 


Ce texte a été pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo est de (c) Samuel Zeller.

dimanche 25 août 2019

Retour, détour, provisoire, durable


Chapitre I : Constat 

Il y a des périodes de la vie qui marquent un être, qui lui permettent d'évoluer de façon durable, de se trouver dans sa façon d'être, dans sa personnalité. L'adolescence est constituée d'une multitude de ses petites périodes, d'une longueur variable, entrecoupées par les moments où l'on stagne, se questionne, avant d'avancer, de nouveau. 

Chapitre II : Expérience personnelle

Je n'ai pas pour habitude de parler à la première personne ici, mais je crois que c'est un passage nécessaire dans ce cas précis, pour une absence inhabituelle de plusieurs mois. 

Celle-ci s'explique tout d'abord pour une période d'examens, dont un oral de français ainsi qu'un écrit non-négligeable au vu de ma filière littéraire. Ceci se traduit par plusieurs heures de révisions tous les jours sur des textes de français plus ou moins complexes, ainsi que des exercices d'écritures en vue de l'épreuve, y compris commentaire ou dissertation, ce qui coupe passablement l'envie d'écrire un avis détaillé littéraire, et encore moins un écrit d'invention pur, où l'on se doit d'être inventif et subtil dans le propos. C'est en tout cas l'une de mes visions de l'écriture. 

Il s'en suit une période estivale criblée par les lectures  de gros classiques et des lectures plus exotiques, entrecoupées par les films et les sorties familiales et amicales. Le cinéma est une découverte merveilleuse, auquel je ne prêtais aucun intérêt avant un regain d'énergie au début de l'été, qui se traduit par une trentaine de visionnages. Une ouverture à une culture jusqu'alors inconnue, en plus d'une montée et d'un retour de l'inspiration, en découle, additionnée aux lectures et aux influences musicales. 


L'auteur, le jeune homme qui se présente ici est un peu plus complet, un peu plus serein, un peu plus confiant aussi. Plus mûr, tout simplement. 

Chapitre III : Conclusion

La vie fait globalement ce qu'elle veut de nous, et non pas le contraire. L'écriture, forme de culture, d'art, si j'ose appeler sans prétention aucune les quelques dizaines de lignes imbriquées sur ce site, est par définition quelque chose qui n'est pas absolument vitale pour l'Homme. C'est aussi quelque chose qui ne se contrôle pas, pour qui accepte de griffonner quelques mots sur une page blanche. On peut perdre le petit truc qui la caractérise pendant plusieurs semaines et d'un coup trouver plusieurs grandes idées en une soirée. C'est aussi ce que j'aime, et ce qui est beau avec une plume, celle qui se cherche encore pour ma part. Proche du but. 

 Pour certains, et je sais ne pas être le seul dans ce cas, l'écriture devient vitale, fait partie de l'être, de la personne, et c'est aujourd'hui ce qui me pousse à venir reprendre du service sur ce site, en constatant les dégâts. Moins de posts, moins de personnes présentes, des partenariats en périls... 

Amoindri. C'est un constat fatal, mais le seul que je sois en mesure de faire. Depuis que j'ai quitté Overblog pour blogger, il y a de cela plus de deux ans, l'activité ici est inconstante. Il m'arrive de publier aussi régulièrement que possible, et de laisser le site pendant presque un mois. Bon là, presque 5 mois, longues vacances…

Je ne vais pas vous promettre un retour en grande force comme je l'aurais fait auparavant, car le tout est impossible, et vous le savez tout aussi bien que moi, sans compter le BAC, le vrai, qui arrive pour moi d'ici quelques mois. Alors... 

Alors quoi ? L'Arbre à Livres avait une vocation très générale à sa création en 2013. J'entame ici ma septième saison en tant que blogueur passionné par la lecture et l'écriture (on peut maintenant ajouter cinéma). 7 est un chiffre clé, que l'on trouve partout (7 merveilles du monde, les 7 péchés capitaux, les 7 nains de Blanche-Neige), qui n'a pour moi aucune raisonnance en particulier, mais que je décide soudain déterminant. Cette année sera plus... Intime. Parler de choses qui m'ont marqué, quand l'inspiration me vient, sans toutefois me forcer. Tel est l'objectif principal que vous trouverez ici, tout en gardant une certaine largesse d'esprit et de contenue. C'est un bon début, pour se (re)trouver. Je m'excuse auprès de tous ceux qui attendaient quelque chose d'autre moi. Je m'excuse pour l'absence. Voici comment je l'assume, et la justifie. 

Prenez soin de vous,

Victor