mercredi 27 septembre 2017

Victoria Rêve de Timothée de Fombelle



Auteur : Timothée de Fombelle 

Maison d'édition : Gallimard jeunesse

Nombre de pages : 112 pages

Année de sortie : 2012





Résumé : Victoria voulait une vie d'aventures, une vie folle, une vie plus grande qu'elle. Et l'on disait tout autour d'elle : "Victoria rêve". Mais depuis quelque temps, un monde imaginaire débarquait dans son existence. Elle avait l'impression d'une foule de personnages qui descendaient de sa bibliothèque en rappel pour venir semer leur pagaille. Victoria voulait savoir ce qui lui arrivait. Y avait-il un lien avec les livres qui disparaissaient de sa chambre ?

Introduction :  Timothée de Fombelle est devenu au fil des années un auteur incontournable pour la jeunesse. Tout le monde a déjà entendu parler de "Vango", "Céleste, ma planète" ou encore "Tobbie Lolness". J'ai d'ailleurs lu il y a quelques années le premier tome de cette duologie, et j'en garde un excellent souvenir. Plus récemment, c'est le "Livre de Perle" qui a énormément fait parler de lui. Je compte d'ailleurs le découvrir très prochainement, ainsi que le second tome de Tobbie Lolness. Mais c'est avec "Victoria Rêve" que je poursuis mon aventure au sein de l'univers poétique de monsieur de Fombelle, et le résultat est encore réussi !

Commentaire : Parlons de Victoria, pour commencer. Cette dernière est donc une jeune collégienne qui... Rêve. Elle n'a pas vraiment d'amis, car elle préfère passer tout son temps libre dans les livres, à découvrir les aventures de différents héros comme Calimity Jane ou Roméo et Juliette. Je suis absolument certain que chaque lecteur de ce roman retrouvera un peu de lui en Victoria. Comme tout lecteur passionné, qui n'a jamais rêvé de se retrouver à la place du ou des héros de l'histoire qu'il est en train de découvrir. Et même quelqu'un qui n'est pas un lecteur aguerri, chacun d'entre nous s'est déjà retrouvé à rêver, devenant ainsi le héros d'une histoire d'amour et de gangster. Rêver est propre à l'humain, et c'est aussi une qualité qui le définit en tant que tel. Timothée de Fombelle, avec ce personnage de Victoria, nous rappelle à quel point chacun d'entre nous se prend à rêver chaque jour, à la manière de celle-ci justement. Victoria m'a beaucoup plu. J'ai longtemps eu la sensation qu'elle n'avait ou ne voulait pas grandir. Elle espère constamment que ses rêves (j'ai l'impression de me répéter haha) vont prendre vie, qu'elle va soudainement se retrouver en plein milieu de l’Amazonie, des plaines du Dakota du Sud ou sur la Lune. Finalement, je pense que la volonté de l'auteur à travers Victoria est de décrire ce passage de l'enfance à l'âge adulte, où l'on retombe un peu soudainement sur Terre. Il nous décrit cela à merveille, cette prise de conscience de Victoria, notamment à la fin du bouquin. Je trouve cela très réussi, et tout en poésie, bien évidemment.

Avec ce livre, Timothée de Fombelle nous confronte parfois à nos songes de jeunesse, à nos espoirs passés pour les plus adultes de ses lecteurs. Je pense que cette lecture a été empreinte de nostalgie pour certain. J'aimerais vous parler de l'ambiance qui se dégage de cette histoire. J'ai un peu de mal à vous la décrire... Comme une sensation de faux, que Victoria refuse de voir la réalité en face. On revient à cette sensation de passage de l'enfance vers l'adolescence et l'âge adulte. Et c'est vraiment durant les dernières pages du bouquin que ce sentiment nous attrape la gorge, pile quand on ne s'y attend pas. Ou du moins, à tout sauf à ça. Et ça nous fait réfléchir, justement. Sur nous, ce que l'on voulait être, ce que l'on va être/est devenu, sur nos rêves passés, sur nos rêves pour l'avenir. Un petit monde imaginaire avec comme élément déclencheur ce bouquin. On en vient même à peut-être plus rêver que Victoria, ce qui est une sacrée prouesse, croyez-moi !

L'univers et la plume de Timothée de Fombelle sont tous deux remplis de poésie.
Dans les descriptions, dans les comparaisons, j'aime beaucoup ce style d'écriture que j'ai retrouvé avec plaisir, quelques temps tout de même après avoir lu Tobbie Lolness, que j'avais totalement adoré ! Comme je vous l'ai dit dans l'introduction, je compte vraiment découvrir les autres romans de bibliographie de ce grand nom de la littérature jeunesse française, à commencer par le second tome de Tobbie Lolness, et surtout le grand "Livre de Perles" qui me titille depuis des mois !

Un livre que je recommande aux jeunes d'environ 11-12 ans, pour rêver encore un peu plus !
 

lundi 4 septembre 2017

L'atelier d'écriture n°274 de Leiloona : Le noir et le blanc, le ying et le yang et vice-versa



Version première :
Le Lac avait été pondu là, par hasard, comme un arbre qui eu une soudaine poussée de croissance, mais sans qu'aucune graine n’ai été plantée en cet endroit. Si personne n'a compris, aucun ne s'est posé la moindre interrogation. Le Lac était là, et c'était tout. Il n'y eut guère que le petit Gamin pour se poser et poser des questions. Tentatives qui n'ont alors jamais eu plus de succès qu'une injure ou un mauvais geste de la main. Dans le Village, on avait appris à ne plus prêter attention aux caprices incessants de Dame Nature, et ça, le petit Gamin l'a très vite compris. Après quelques journées à peine, le jeunot cessa d'importuner ses aînés, conscient qu'il n'obtiendrait jamais de réponses de ce côté. Après quelques nuits passées à contempler le ciel voilé par de sombres nuages, le petit Gamin décida qu'il était temps d'aller voir de plus près cette oeuvre aussi merveilleuse qu'inattendue. Une nuit, alors qu'il entendait depuis quelques minutes à peine les ronflements sourds de son père, tantôt piquetés de quelques paroles aussi décousues qu'incomplètes de sa mère somnolente, le petit Gamin remonta le loquet de sa fenêtre, et sous une lune d'un blanc éclatant, et se dirigea d'un pas tranquille vers le Lac. Seul quelques aboiements lointains et quelques bribes d'une dispute conjugale vinrent troubler le pas tranquille de l'enfant, enchanté par l'hypnotique lune et le silence quasi complet qui règne en ces lieux. Après une bonne centaine de pas, le doux reflet de lune sur l'eau paisible fût visible. Lentement, le petit Gamin descendit la longue et étroite bande de sable, les yeux écarquillés de bonheur. Arrivé près de l'eau, il retira ses petits souliers dans un silence mortuaire. Puis il se posta face à la grande étendue d'eau. Il attendit. Quelques secondes peut-être. Ou quelques minutes. Ou quelques heures. Rien ne bougeait. le silence en devenait lourd, pesant. Alors, le petit Gamin avança son pied droit, qui toucha l'eau. Le liquide était de température moyenne, ni trop chaud, ni trop froid. Le jeune mit alors son deuxième pied à l'eau. Sans savoir pourquoi. Une sensation de bien-être l'envahit soudain. Il s'assit, la moitié des cuisses à la flotte. Un joli sourire flottait sur son visage livide. Il resta ainsi quelques instants, impassible, les yeux fermés, nageant dans le bonheur. Puis il se releva brusquement, et, arrivé à l'arbre le plus proche, le petit Gamin y suspendit tous ces vêtements. A présent à moitié nu, il fit vite demi tour. Sans s'arrêter. Il plongea dans le Lac doucereux, noyé dans un bonheur intense. En quelques secondes, son petit corps disparût, entièrement englouti par les eaux du Lac. Apaisé et heureux. On le revit plus jamais.


Version seconde :
L'Arbre avait été pondu là, par hasard, comme un lac qui aurait été créé par une énorme averse, sans qu'il n'y ait jamais plu. Si personne n'a compris, aucun ne s'est posé la moindre interrogation. L'Arbre était là, et c'était tout. Les habitants du village voisin racontait qu'il était apparu durant une nuit de pleine lune, quelques jours seulement après le lac. On raconte qu'il a été découvert avec sur lui les vêtements d'un petit garçon, disparu dans la nuit.  La légende raconte qu'il est devenu l'Arbre. l'étendue d'eau est très vite devenue une grande attraction touristique, théâtre de nombreuses compétitions de cerf-volant, étant donné la puissance du vent qui règne en ces lieux. C'est ici, durant l'un de ces concours, que mon fils est mort. Chute mortel. Sur le rivage. Coup du lapin. Corps sans vie. Et c'est sur cet arbre que je dépose les vêtements qu'il portait en ce jour, ainsi que son doudou, qu'il gardait toujours à ses pieds, dans ses mains ou dans l'une de ses poches. Le cerf-volant les rejoindra. Je contemple l'Arbre, fait le tour du tronc, puis sort mon téléphone et immortalise le moment, une rivière salée coulant sur chacune de mes joue rougi par le froid mordant. Une fois le cliché terminé, je dépose le smartphone au pied du tronc. J'y attache mon béret près des vêtements de ma progéniture. Puis saute du haut de la falaise, et meurt. Apaisé.



Troisième version :

Le Portable avait été pondu là, par hasard, comme un cadeau tombé du ciel ou du tronc, sans qu'aucun des deux ne soit jamais intervenu. Si personne n'a compris, aucun ne s'est posé la moindre interrogation. Le Portable était là, et c'était tout. C'est un garçon qui l'a ramassé. Une fois déverrouillé avec l'aide de son père, le Gamin a trouvé une photo magnifique du Lac et de l'Arbre, un jour de soleil. C'est avec celle-ci qu'il a remporté un concours de photographie. Il a gagné un magnifique cerf-volant, rose, rouge et violet. Depuis, il en fait tous les jours, un peu trop près de la falaise parfois, entre le Lac et l'Arbre. Il se sent libre. Apaisé.


Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo a été prise par (c) Vincent Héquet.