samedi 25 août 2018

Le tableau du samedi de Lady Marianne : Coucher de soleil sur Constantinople d'Ivan Aïvazovski, une oeuvre apaisante





Le principe ?
On évoque en quelques mots un tableau, pourquoi il nous émeut, nous inspire, nous intrigue. On ajoute aussi quelques lignes sur l'artiste bien entendu. Et le tour est joué.





Petite biographie :
Ivan Aïvazovski né le 17 juillet 1817 et mort le 5 mai 1900 à Théodosie, est un peintre russe d'origine arménienne. Celui-ci peint essentiellement des paysages maritimes, dont il devient un incontournable. Son oeuvre est très importante pour les courants romantiques et réalistes russes. 


Comment as-tu connu cet artiste ?
Je regarde assez peu la télévision, mais il m'arrive tantôt de m'égarer devant, en zappant machinalement avec la télécommande. C'est ainsi que je suis tombé, je ne sais plus trop comment ni sur quelle chaîne, sur une émission dans laquelle le nom de cet artiste était évoqué, avec l'un de ses tableaux à l'écran. Je note le nom, puis change. Je me suis penché plus en détails sur l'artiste récemment, et j'ai eu un véritable coup de coeur pour ses splendides paysages marins très réalistes ! 







Quel oeuvre as-tu choisie de nous présenter ?
Pour cette semaine et ce tableau, le seul véritable critère a été la beauté, car de toutes les toiles d'Aïvazovski que j'ai pu observées, c'est pour moi la plus belle : Coucher de soleil sur Constantinople.


Pourquoi ?
Je la trouve tout simplement magnifique, avec ses reflets sur l'eau et dans le ciel, le jeux d'ombre avec le bâtiment au premier plan, les bateaux qui rentrent doucement au port... C'est un chef-d'oeuvre, et je paierais cher pour pouvoir l'observer en réalité ! 


Que t'inspire cette oeuvre ? 

Si je devais choisir un mot pour décrire ce qui se dégage pour moi de ce tableau, c'est sans doute l'apaisement. Ou la sérénité. Franchement, un grand calme m'envahit lorsque je pose mes yeux sur ce paisible paysage, et ça, ça n'a pas de prix !
N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce tableau, et des oeuvres de l'artiste si vous le connaissez ! 


Le blog de Lady Marianne, qui regroupe le rendez-vous juste ici.

dimanche 19 août 2018

Brouzouf tour ou la folle virée de ma grand-mère complètement barrée de Cécile Chartre

Auteure : Cécile Chartre

Maison d'édition : Rouergue

Collection : Doado

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 96 pages







Parce que la vie à la maison n’est pas facile, avec le seul salaire de sa mère, Victorien et sa grand-mère Colette décident de tenter leur chance à un jeu télé à Paris, à 800 kilomètres de chez eux. Comme ils n’ont pas d’argent pour le train, ils se lancent dans le covoiturage. Suivront trois jours de rencontres et d’aventures désopilantes.





Je tiens tout d'abord à remercier les éditions du Rouergue pour cet envoi ! 


Un titre et une couverture interrogent parfois plus qu'un simple résumé... Ce fût le cas pour cet ouvrage, lorsque j'ai reçu le service de presse. Un petit tour sur Google plus tard (pour la définition de brouzouf) et une lecture du résumé en diagonale (oui je l'ai lu je le confesse), me voilà très enthousiaste à l'idée d'une potentielle lecture. La réception et quelques semaines plus tard, me voici avec un avis tout frais, puisqu'il se trouve que je l'ai dévoré hier après-midi en deux heures à peine. Voyons ce que ça donne ! 





"Et puis j'avais passé une foutue sale journée au collège.
Ce matin-là, Amandine m'avait demandé de sortir avec elle. Et j'avais dis oui."


Je recherchais une lecture drôle, légère et sans prise de tête. Idéale pour l'été. Et figurez-vous que j'ai parfaitement trouvé ce que je recherchais avec ce roman. J'ai été quelque peu surpris (d'une façon agréable) par le ton général de l'ouvrage. En effet, cette aventure nous ai raconté du point de vue de Victorien, à savoir le petit fils de Colette. Je me suis par conséquent senti assez proche de lui, avec des réactions que j'ai trouvé très familières (et pas seulement parce que je m’appelle Victor et lui Victorien). Plus sérieusement, je suis complètement client de ce genre d'aventures (vous me savez sans doute grand amateur de road-trip) et j'ai très vite accroché à cette histoire un peu loufoque de voyage pour participer à un jeux télévisé. J'ai juste dévoré ce bouquin tant je voulais connaître la suite, et voir quel genre de personnes le jeune garçon et sa grand-mère allaient rencontrer dans la suite de leur traversée de l'hexagone. Je pense qu'il y aurait eu 200 pages de plus que je les dévorais de la même façon, c'est-à-dire avec délice. Cécile Chartre nous offre avec cette oeuvre un super moment, qui nous sort un peu du quotidien (et de la chaleur) pour un voyage d'une centaine de pages, entre rire, déroute et quelques moments d'émotions, car il en faut aussi, parfois. C'est original, tout comme il faut pour une lecture de plage ou au bord de la piscine, avec soleil et cocktail.



"C'était marrant, elle ressemblait presque à Colette, cette dame.
Finalement, ce n'était pas marrant. Cette dame était Colette."


Comme je l'ai brièvement évoqué ci-dessus, les deux personnages de cette histoire se nomme Victorien et Colette. Le premier, petit-fils de la seconde, est un collégien assez mâture qui malheureusement ne sait pas dire non aux autres, ce qui va d'ailleurs lui causer pas mal de soucis avec les filles. Du reste, il a une folle envie de prendre une revanche sur la vie, celle qui fait que sa mère travaille nuit et jour pour les sortir de la galère. La grand-mère, quant à elle, véritable moulin à parole qui ne laisse souvent à personne le gain de la parole, ne peut aider sa fille à subvenir à leurs besoins. Jusqu'au jour où elle a une idée : participer au jeux télévisé qu'elle regarde depuis 10 ans, et reverser la somme gagnée à son petit-fils. Sacré pitch, n'est-ce pas ? Et je vous garantis que ce n'est rien comparé au roman en lui-même. En effet, les scènes de ménage entre Colette et Vic (je me permets, on a presque le même prénom) sont un véritable régal pour le lecteur, car les conversations sont parfois d'un absurde qui colle une de ces bananes jusqu'aux oreilles ! Et c'est exactement le même tarif pour les disputes, ou les fameuses scènes de révision. Je me suis très vite attaché à ces deux êtres, pour qui ce jeux représente une sorte de porte vers des rêves inaccomplis. Par ailleurs, les personnages secondaires ne sont pas en reste. Il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs. Là encore, le rire est garanti !



"Péripatéticienne : En gros, c'est une dame qui se promène dans la rue. Pour plus de détails , demandez à votre mère, c'est mieux."


Premier bouquin de Cécile Chartre, et franchement pas le dernier. J'ai trouvé que cette romancière avait beaucoup d'humour, et une certaine facilité pour se placer dans la tête d'un adolescent, mais aussi dans celle d'une grand-mère ! Le comique des situations, des quiproquo est très subtil, jamais vulgaire mais on a toujours le sourire aux lèvres, si ce n'est le rire franc, tantôt. La fin est une jolie cerise sur le gâteau, puisque toute en douceur, avec une très belle morale, on referme les pages de ce petit bouquin qui nous aura fait passer une très bon moment estival. Je me suis renseigné sur cette romancière et j'ai remarqué qu'elle n'en n'était pas à son coup d'essai dans ce genre de romans. A voir ce que cela peut donner par la suite !



"Pour le moment, je l'ai juste rejointe sur son canapé. Et on a siroté notre tisane. Ma tête contre sa tête."





Voici une petite lecture idéale pour la saison, légère et qui ne prends pas la tête. L'humour et l'aventure sont au rendez-vous dans cette véritable petite comédie de 100 pages. A mettre dans les mains de toute personne cherchant quelque chose de frais pour un été ensoleillé !

lundi 6 août 2018

Les Collisions de Joanne Richoux

Auteure : Joanne Richoux

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 288 pages

Année de sortie : 2018





Gabriel et Laetitia entrent en Terminale Littéraire.
Lui, il est brumeux et arrogant.
Elle, elle est fière comme pas possible et cleptomane.
Eux, ils s’ennuient royalement,
et ils ont comme une envie de le faire payer à tout le monde…
Ça tombe bien : cette année, ils vont étudier Les Liaisons dangereuses.,
Forcément, ça va leur donner des idées…
Acoquiner Solal et Ninon, par exemple.
Rendre fou Dorian, l’ex de Laetitia, à l’aide de théories du complot.
Et puis Gabriel, il pourrait tenter de décrocher un rencard avec Mademoiselle Brugnon, la prof d’Arts Plastiques.
Bref : Valmont et Merteuil ont trouvé leurs proies.
Tout est en place. À deux doigts d’exploser.






Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi ! 


Joanne Richoux a largement rythmé ma fin d'année dernière, puisqu'elle signe l'une de mes lectures préférées de 2017, à savoir Marquise et sa chute couperet. Je me retrouve donc face au nouvel ouvrage de cette formidable romancière, avec pour seules indications une couverture absolument magnifique et quelques mots chipés sur le web. Il sera donc question d'amour cette fois-ci, quelque chose complètement différent de Marquise, en somme. Très bien, voyons ça ! 





"Tout le monde les fixait - il fallait s'y attendre. Certains avec dégoûts, d'autres avec envie. Entre honte et triomphe, ils ont ralenti le pas. Encore. Davantage. Ils rendaient les regards à chacun, sourire aux lèvres. Ils s'en échangeaient entre eux. Prendre l'escalier. On les bouffait des yeux, on les bousculait, on baissait la tête; ils acceptaient tout. Une victoire? Peut-être pas... mais un exploit, incontestablement."


Ce livre est une énorme gifle, et encore, c'est vraiment peu dire. Je ne veux pas trop vous en dévoiler sur l'histoire, cela gâcherait tout l'interêt de l'oeuvre. 'Les Collisions' est un roman qui ne peut vous laisser de marbre. J'ai parcouru quelques avis avant de rédiger cette chronique, et je pense que les personnes l'ayant déjà lu seront d'accord avec moi : c'est un bouquin qui vous marque au fer rouge, que l'on ait apprécié sa lecture ou non. Car oui, je conçois tout à fait qu'on puisse ne pas apprécier cet ouvrage, même si ce n'est pas mon cas. Je ne crois pas non plus que ce soit un livre à mettre entre toutes les mains, car il reste assez complexe et très percutant à la lecture. 'Les Collisions'... Un titre plutôt évocateur sur ce que l'on ressent lorsqu'on le dévore. Cette histoire est un concentré d'émotions, de sensations, de sentiments en tout genre, tout aussi lumineux que sombres, même si la balance penche plutôt pour la noirceur. En effet, que ce soit avec son histoire ou ses personnages, l'auteure nous offre une incroyable vision de l'adolescence dans toute sa complexité. Le lecteur y découvre ainsi l'amour, la passion, la douleur, l'ennui, le besoin de faire mal, le besoin de s'exprimer. Il y perçoit l'importance des silences, l'instinct presque animal qui guide les actions des protagonistes. Et tout cela monte petit à petit, prêt à exploser. Je ne savais pas trop quoi penser de ce livre au début, j'étais un peu pris à contre-pied. Dans mon cas, même si je me suis pris toutes les révélations en pleine figure lors de ma découverte (expédiée en 3 jours tout de même), c'est  ma post-lecture, en repensant à Laetitia et Gabriel, qui m'a fait mesurer l'ampleur qu'a pris ce roman dans mon esprit, et à quel point j'ai été chamboulé par ma lecture. D'après les retours, je suis loin d'être le seul à m'être littéralement pris 'Les Collisions' en pleine tronche, avec la marque de sa magnifique couverture imprimée dans l'esprit pour les nombreux mois à venir. 



"Laeticia est la plus belle catastrophe naturelle au monde." 


Bon, bon, bon... Gabriel et Laetitia. Ces deux p'tits cons que l'on aime tellement. Je les ai autant adorés que détestés, autant admirés que répugnés. Ils (bon surtout Gabriel) ont tantôt été très proches, tantôt très éloignés de moi, et je me suis parfois retrouvé dans leur réaction autant que je m'en suis tenu éloigné. Si ce roman est aussi fou, c'est en très grande parti à cause/grâce à eux. Joanne Richoux découvre ses personnages petit à petit, et le système de narration alternative est un excellent choix pour cela. Aussi complexes que simples dans leurs attitudes, ce sont des protagonistes fouillés qui attrapent peu à peu une âme dans le livre, pour finalement apparaître presque réels au lecteur. Je pourrais vous en parler des heures complètes, tant certaines de leurs attitudes prêtent à débat pendant de nombreux passages de l'ouvrage. Ils dégagent un certain charisme qui fait qu'on retient leur présence, ou leurs paroles... Tout comme les personnages secondaires, d'ailleurs. Ils sont nombreux, tout aussi bien construits que Gabriel et Laetitia malgré le fait qu'ils ne crèvent pas l'écran (ou les pages), possèdent une personnalité qui leur est propre et sont très importants pour le déroulement de l'histoire. Sans trop vous spoliez, ce sont en quelque sorte les pions de l’échiquier géant des Collisions. Et dans le rôle des maîtres du jeux... Laetitia. Gabriel. 



"Mon ange, pourquoi t'es parti ? Les vacances sans toi, c'est comme le Père Noël sans cellulite, les gosses sans morve au nez ou les repas de famille sans le tonton raciste : pourri !" 

Après un Marquise avec une ambiance particulière, presque moyenâgeuse pendant les 9/10ème de l'histoire, on retrouve ici la romancière dans un style très différent, c'est sans doute la première chose que je me suis dis en commençant cet ouvrage. Mais alors, différent dans un sens négatif ou positif ? Et bien, vraiment positif, pour le coup. Tout en gardant une certain
e poésie dans sa plume (en témoigne les citations ajoutées avec mon avis), j'ai trouvé qu'elle avait réussi à rendre les personnages plus proches du lecteur et l'action encore plus réel. J'ai pris un plaisir de dingue à découvrir ce bouquin, et ce un petit peu plus d'un an après ma lecture de Marquise. Un avenir plein de promesses pour cette auteure terriblement sympathique, que je remercie pour cet incroyable moment passé au côté de ses personnages, dans son univers ! 


"Ca y est, Laeticia a compris. 
Un jeux ça se joue jusqu'au bout."




Un incroyable claque que cet ouvrage sombre, terrible, incroyable, fou et addictif. Il se positionne comme l'un des Exprim' phare de cette première moitié d'année 2018. Bravo à Joanne Richoux !

La sauvageonne d'Anne Schmauch

Auteure : Anne Schmauch

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 272 pages

Année de sortie : 2018






« Les vapeurs d’essence, ça ronge les cerveaux.
Regardez mes parents : trente ans qu’ils moisissent dans leur station-essence.
De mon côté, c’est pas beaucoup mieux. J’aime trop la baston pour une fille, à ce qu’il paraît – surtout une fille qui s’appelle Fleur.
Il n’y a bien que mon frère Killian pour relever le niveau. Il a un truc, lui. La musique. Sauf que c’est pas en restant ici qu’il deviendra violoniste.
Alors forcément, quand un type vient nous agoniser à la station avec une mallette pleine d’argent, difficile de résister à l’envie de fuguer pour Paris… »






Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi ! 


Après un premier ouvrage publié chez Sarbacane dans la collection Pépix en 2015, nous retrouvons cette année Anne Schmauch avec un roman plus sombre, publié cette fois dans la collection Exprim'. Réussite ou échec ? Eh bien... Plutôt une belle réussite. Je vous en dis plus juste en dessous ! 





"A présent qu'on se trouve à la lisière, une grande trouille me tord les boyaux. Je sais qu'il existe un monde au-delà de ce grillage, j'en ai vu les reflets sur Internet. Mais à force de m'en tenir éloigné, j'en ai fais une sorte de rêve innatteignable."


Après une excursion en Grèce Antique, au temps des mythes et légendes, l'auteure nous emmène cette fois-ci dans un décor pour le moins inhabituel : une station-service, perdue dans la campagne française, qui dépérit peu à peu à cause du centre commercial installé à proximité. Le lecteur y fait la connaissance du père, un type assez sanguin et tantôt violent, de la mère, soumise à son mari, du cadet, Kilian, prodige du violon et de l'aînée, Fleur, prodige de la baston. Un joli tableau... Très prenant. Dès les premières pages, le lecteur est parfaitement propulsé dans cet univers rempli par l'essence et les moteurs de voiture, avec une facilité déconcertante. Les premiers chapitres sont dévorés en quelques dizaines de minutes, le bouquin entier en deux jours. J'ai rapidement pris énormément de plaisir à suivre Fleur et son frère dans leurs discussions enflammés à propos de départ, d'évasion loin de cet endroit qu'ils considèrent comme nocif. Le décor planté, j'ai rapidement pensé découvrir une aventure assez fermée, avec la fratrie essayant de partir avec un plan extraordinaire et autres idées saugrenues... Ca aurait pu se passer ainsi. Mais non, pas pour Anne Schmauch, qui propulse ses personnages à Paris, avec pour tout élément déclencheur ce gars un peu louche qui lâche son dernier soupir sous le toit de la station. De là, le huis-clos imaginé se transforme en un presque road-trip dans la capitale parisienne. Un sacré contraste entre le début du livre et la suite, qui n'a absolument pas entaché mon enthousiasme et mon addiction pour cet oeuvre, au contraire. Je me suis souvent demandé comment Anne Schmauch allait tourner son intrigue, et j'ai toujours été agréablement surpris en la matière. On retrouve ainsi des lieux, des personnages pour le moins inhabituels, comme isolés du monde actif. Tout cela donne lieux à des actions, des aventures complètement inattendues, qui font s'écarquiller les yeux de ceux qui les poseront sur cette pépite. C'est un monde sauvage, pour rejoindre le titre, que vont découvrir Fleur et son frère, , qui prend aussi une toute autre tournure le jour que la nuit... Intriguant, n'est-ce pas ? Je ne vous en dis pas plus, peut-être ai-je déjà trop parlé, mais sachez simplement que cette histoire, que ce soit pour son originalité ou son intrigue, vaut totalement le détour ! 


"César chantonne et regarde partout autour de lui, tout excité. Comme si c'était la première fois qu'il faisait du vélo. La première fois qu'il voyait la ville. La première fois qu'il était heureux. Un peu comme moi. Je me suis rarement senti aussi bien. Jamais, en fait."


Ce que j'apprécie aussi tout particulièrement avec cette oeuvre, ce sont sans aucun doute les personnages. Ceux-ci ne sont pas lisses, au contraire, ils sont fouillés, très recherchés, avec des attitudes et des réactions qui leur sont propres. On ressent en chacun d'eux un potentiel, des rêves inavoués, notamment pour le personnage principal, Fleur, qui reste tout de même très renfermée sur elle-même une bonne partie du bouquin, malgré le fait qu'on soit dans sa tête. Le lecteur apprend peu à peu à la connaître, à l'apprivoiser, à l'accepter, à l'adopter. On ne sait pas tout d'elle, elle dit au final rarement ce qu'elle pense vraiment, surtout au début de l'histoire. Fleur, c'est comme un diamant brut, en quelque sorte. Ou une orchidée qui éclot. Peu à peu. Sous nos yeux. Du reste, j'ai grandement apprécié tout son entourage, y compris son frère, que l'on connaît limite plus facilement que sa soeur, même si le lecteur le voit d'un point extérieur. De plus, on s'attache grandement aux différentes personnes que la fratrie croisera sur sa route au cours de son périple, et une fois celui-ci achevé. Cela va sans dire qu'ils sont tous atypiques, et que l'on est vite triste de les quitter, une fois la dernière page achevée. Un savant mélange. La Sauvageonne d'Anne Schmauch, quoi. 


"Le bruit des moteurs, ici, fait une bande-son aux rêves"


Comme je l'ai souvent répété pendant cet avis, les lieux sont une pièce centrale dans cette ouvrage. Et la romancière illumine ces derniers avec des descriptions magnifiques, très réalistes, qui fait que l'on s'imagine vraiment bien les lieux ou se situe l'action. L'action et l'aventure donne un certain rythme à l'ouvrage, qui fait que l'on ne s'ennuie jamais, même durant les moments les plus calmes. Sacré voyage... 


"Alors, quelque chose en moi se fendille. D'abord parce que le quatuor vient de me souffler que ma place est sur les chemins. Ensuite, parce que César a posé ses mains sur mes hanches et ses lèvres dans mon cou." 




Anne Schmauch signe là un roman pleinement réussi, aux nombreux rebondissements, qui offrira un superbe moment à quiconque ose l'ouvrir. A vos risques et périls de devenir accro, et sous peine de le dévorer en quelques heures/jours !

mercredi 1 août 2018

Au bonheur des dames d'Emile Zola


Auteur : Emile Zola

Editeur (original) : Georges Charpentier

Année de sortie : 1883

Nombre de pages : 512 pages 







Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace.

Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.






Quelques semaines seulement après ma lecture de Thérèse Raquin, me revoici plongé dans une œuvre de ce cher Emile Zola. En ayant beaucoup entendu parler au lycée ou même avec mes proches, je décide de jeter mon dévolu sur le Bonheur des dames, qui s'inscrit en tant que onzième volume de la série des "Rougon-Macquart". C'est sans doute le classique qui me tentait le plus en ce moment, avec "L’Assommoir", également signé par ce cher monsieur Zola, et auquel je pense m'attaquer bientôt. Alors, quel avis concernant cette œuvre classique ? Bonne surprise, à l'image de Thérèse Raquin ? Ou déception ? 





"Crever pour crever, je préfère crever de passion que de crever d'ennui !"

C'est en écrivant ces lignes que je me rends compte qu'il va être compliqué de donner mon avis sur ce roman en restant crédible, tout en sachant que celui-ci a été décortiqué, analysé, étudié par les critiques depuis plus d'un siècle. Comme spécifié dans l'introduction, j'avais auparavant beaucoup discuté à propos de cet ouvrage avec beaucoup de monde, je connaissais ainsi le thème global, sans même avoir découvert la quatrième de couverture, à savoir : les grands magasins, la bourgeoisie, le développement d'une nouvelle forme de commerce à Paris en cette seconde moitié du XVIIIème siècle qui coule par conséquent les petits commerces. Des sujets intéressants à priori, et j'étais curieux de découvrir de quoi il découlerait et quelle  intrigue allait proposer Zola pour nous immerger dans ce monde impitoyable. Et globalement, j'ai bien accroché. Il y a certes d'énormes pages de description qui cassent parfois le rythme de la lecture, mais peut-on en vouloir à l'un des plus illustres auteurs réalistes ? Puis, honnêtement, je ne crois pas que le but du romancier était d'offrir une romance palpitante à son lectorat, mais plutôt de rédiger une sorte de témoignage de cette époque en mouvement constant, avec comme symbole cette idylle. En parlant de cette dernière, elle reste quand même prévisible dès les premières pages. C'est en revanche tout ce qu'il y a autour qui m'a subjugué : le magasin, la description des différentes ventes au cours de l'année, le lieux en lui-même ou encore les différents rituels comme le jour de l'inventaire. On ressent derrière cela le travail de l'auteur, avec ces fameux Dossiers Préparatoires auxquels il est fais références à de nombreuses reprises tout au long du bouquin. C'est sans aucun doute en cela que cet ouvrage, et plus généralement toute l'oeuvre de Zola est majeure dans l'Histoire de la littérature française,
véritable loupe sur les moeurs de la société à une époque pleine de rebondissements. 


"- Alors, vous finirez par boire l'argent de Paris, comme on boit un verre d'eau 
- Sans doute. Est-ce que Paris n'est pas aux femmes, et les femmes ne sont-elles pas à nous ?" 


J'ai pas mal étudié le courant réaliste cette année en cours, notamment la façon dont certains comme Balzac ou Zola liaient leurs oeuvres (Les Rougon-Macquart ou encore la Comédie Humaine) à travers des liens de parenté entre les personnages, et ce sur plusieurs générations. Je savais également que j'allais peut-être me retrouver avec un bon paquet de personnages en tout genre, mais j'étais loin d'imaginer ce à quoi j'allais avoir à faire. Au bonheur des dames compte beaucoup, beaucoup de personnages, secondaires comme principaux. Des nobles, des commerçants indépendants, des employés du magasins sans oublier les quelques supérieurs tels les chefs de comptoir ou les lieutenants de Mouret. On s'y perd un peu de temps à autre, mais l'auteur arrive sans peine à les différencier de part des caractères assez hétérogènes les uns des autres. Et si je pouvais choisir mon petit préféré en dehors de Mouret et Denise, desquels je me suis évidemment senti très proche et auxquels je me suis beaucoup attaché, ce serait sans doute Hutin, qui tient l'air de rien l'une des places quelque peu centrale dans cette histoire. En effet, bien qu'il ne soit pas mis en avant par l'auteur, il représente à plusieurs reprises l'élément perturbateur ou du moins déterminant pour la suite de l'oeuvre. Malin, calculateur, son ambition et sa volonté ont pour moi réussi à prendre le devant sur les côtés négatifs de sa personnalité, qui restent tout de même assez nombreux, et qui le rapprochent d'un statut de anti-héros. J'en suis conscient, mais j'aime beaucoup ce personnage, allez donc savoir pour quelle raison. Autrement, comme j'ai dis plus haut, il y en a pour tous les goûts. On se retrouve dans certains plus que d'autres, on s'attache également à certains plus qu’à d'autres. Bref, le Bonheur des Dames vous ouvre ses portes, et avec celles-ci tout un petit peuple qui vit au rythme de cette grande machine ! 


"Vivez donc heureuse, vous qui êtes jeune, et n'empêchez pas les vieux de partir avec leurs idées."


La plume de Zola est absolument sublime, mais ai-je vraiment besoin de le dire ? Les lignes coulent comme du miel dans une petite crêpe (ça se voit tant que ça que j'écris à midi et que j'ai littéralement la dalle ?). Tantôt engagé, tantôt piqueté de métaphores et autres figures de style en tout genre, cette minutie dans les descriptions qui m'avaient quelque peu gêné quand j'ai découvert Zola m'a cette fois-ci subjugué, et ce notamment lors des fameuses mises en ventes d'hiver ou autre. Je ne pouvais vous parler de cet ouvrage sans vous évoquer ces moments qui sont pour moi les meilleurs du livre. C'est sans aucun doute de ces instants dont parlait le résumé lorsqu'il évoquait "le fourmillement de la vie". Ainsi, on retrouve lors de ces jours de vente toute la nouvelle mise en place des rayons orchestrée par le génie d'Octave Mouret, les nouveaux tissus et autres accessoires de mode, et tout ce petit monde qui grouille. Justement, c'est dans ces instants que l'on peut s'y perdre quelque peu niveau personnages, mais on se perd déjà dans cette machine grouillante de vie, alors qu'importe, au final. Le gros bémol réside pour moi en la fin, et ce par une simple phrase : "Tout ça pour ça !". En effet, j'ai trouvé que le tout était tiré en longueur pour nous amener à une fin que je trouve finalement peu marquante, a contrario des moments intenses de lecture que j'ai pu vivre et desquels je parlais au-dessus. Cinq ou six pages en moins, pas plus (pour garder la dernière vente, la plus grandiose), et je pense que j'aurais été séduit de bout en bout. 


"Du reste, pourquoi étalez-vous tant de marchandises ? C'est bien fait, si l'on vous vole. On ne doit pas tenter de pauvres femmes sans défense."





J'ai encore passé un agréable moment de lecture avec un Zola, sans doute meilleur qu'avec Thérèse Raquin. Plus qu'un simple livre, l'auteur pose ici un véritable témoignage d'une époque remplie de mouvements à tous les niveaux. L'écriture et les personnages rajoutent sans conteste un charme à l'ensemble. A lire !