mercredi 1 août 2018

Au bonheur des dames d'Emile Zola


Auteur : Emile Zola

Editeur (original) : Georges Charpentier

Année de sortie : 1883

Nombre de pages : 512 pages 







Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace.

Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.






Quelques semaines seulement après ma lecture de Thérèse Raquin, me revoici plongé dans une œuvre de ce cher Emile Zola. En ayant beaucoup entendu parler au lycée ou même avec mes proches, je décide de jeter mon dévolu sur le Bonheur des dames, qui s'inscrit en tant que onzième volume de la série des "Rougon-Macquart". C'est sans doute le classique qui me tentait le plus en ce moment, avec "L’Assommoir", également signé par ce cher monsieur Zola, et auquel je pense m'attaquer bientôt. Alors, quel avis concernant cette œuvre classique ? Bonne surprise, à l'image de Thérèse Raquin ? Ou déception ? 





"Crever pour crever, je préfère crever de passion que de crever d'ennui !"

C'est en écrivant ces lignes que je me rends compte qu'il va être compliqué de donner mon avis sur ce roman en restant crédible, tout en sachant que celui-ci a été décortiqué, analysé, étudié par les critiques depuis plus d'un siècle. Comme spécifié dans l'introduction, j'avais auparavant beaucoup discuté à propos de cet ouvrage avec beaucoup de monde, je connaissais ainsi le thème global, sans même avoir découvert la quatrième de couverture, à savoir : les grands magasins, la bourgeoisie, le développement d'une nouvelle forme de commerce à Paris en cette seconde moitié du XVIIIème siècle qui coule par conséquent les petits commerces. Des sujets intéressants à priori, et j'étais curieux de découvrir de quoi il découlerait et quelle  intrigue allait proposer Zola pour nous immerger dans ce monde impitoyable. Et globalement, j'ai bien accroché. Il y a certes d'énormes pages de description qui cassent parfois le rythme de la lecture, mais peut-on en vouloir à l'un des plus illustres auteurs réalistes ? Puis, honnêtement, je ne crois pas que le but du romancier était d'offrir une romance palpitante à son lectorat, mais plutôt de rédiger une sorte de témoignage de cette époque en mouvement constant, avec comme symbole cette idylle. En parlant de cette dernière, elle reste quand même prévisible dès les premières pages. C'est en revanche tout ce qu'il y a autour qui m'a subjugué : le magasin, la description des différentes ventes au cours de l'année, le lieux en lui-même ou encore les différents rituels comme le jour de l'inventaire. On ressent derrière cela le travail de l'auteur, avec ces fameux Dossiers Préparatoires auxquels il est fais références à de nombreuses reprises tout au long du bouquin. C'est sans aucun doute en cela que cet ouvrage, et plus généralement toute l'oeuvre de Zola est majeure dans l'Histoire de la littérature française,
véritable loupe sur les moeurs de la société à une époque pleine de rebondissements. 


"- Alors, vous finirez par boire l'argent de Paris, comme on boit un verre d'eau 
- Sans doute. Est-ce que Paris n'est pas aux femmes, et les femmes ne sont-elles pas à nous ?" 


J'ai pas mal étudié le courant réaliste cette année en cours, notamment la façon dont certains comme Balzac ou Zola liaient leurs oeuvres (Les Rougon-Macquart ou encore la Comédie Humaine) à travers des liens de parenté entre les personnages, et ce sur plusieurs générations. Je savais également que j'allais peut-être me retrouver avec un bon paquet de personnages en tout genre, mais j'étais loin d'imaginer ce à quoi j'allais avoir à faire. Au bonheur des dames compte beaucoup, beaucoup de personnages, secondaires comme principaux. Des nobles, des commerçants indépendants, des employés du magasins sans oublier les quelques supérieurs tels les chefs de comptoir ou les lieutenants de Mouret. On s'y perd un peu de temps à autre, mais l'auteur arrive sans peine à les différencier de part des caractères assez hétérogènes les uns des autres. Et si je pouvais choisir mon petit préféré en dehors de Mouret et Denise, desquels je me suis évidemment senti très proche et auxquels je me suis beaucoup attaché, ce serait sans doute Hutin, qui tient l'air de rien l'une des places quelque peu centrale dans cette histoire. En effet, bien qu'il ne soit pas mis en avant par l'auteur, il représente à plusieurs reprises l'élément perturbateur ou du moins déterminant pour la suite de l'oeuvre. Malin, calculateur, son ambition et sa volonté ont pour moi réussi à prendre le devant sur les côtés négatifs de sa personnalité, qui restent tout de même assez nombreux, et qui le rapprochent d'un statut de anti-héros. J'en suis conscient, mais j'aime beaucoup ce personnage, allez donc savoir pour quelle raison. Autrement, comme j'ai dis plus haut, il y en a pour tous les goûts. On se retrouve dans certains plus que d'autres, on s'attache également à certains plus qu’à d'autres. Bref, le Bonheur des Dames vous ouvre ses portes, et avec celles-ci tout un petit peuple qui vit au rythme de cette grande machine ! 


"Vivez donc heureuse, vous qui êtes jeune, et n'empêchez pas les vieux de partir avec leurs idées."


La plume de Zola est absolument sublime, mais ai-je vraiment besoin de le dire ? Les lignes coulent comme du miel dans une petite crêpe (ça se voit tant que ça que j'écris à midi et que j'ai littéralement la dalle ?). Tantôt engagé, tantôt piqueté de métaphores et autres figures de style en tout genre, cette minutie dans les descriptions qui m'avaient quelque peu gêné quand j'ai découvert Zola m'a cette fois-ci subjugué, et ce notamment lors des fameuses mises en ventes d'hiver ou autre. Je ne pouvais vous parler de cet ouvrage sans vous évoquer ces moments qui sont pour moi les meilleurs du livre. C'est sans aucun doute de ces instants dont parlait le résumé lorsqu'il évoquait "le fourmillement de la vie". Ainsi, on retrouve lors de ces jours de vente toute la nouvelle mise en place des rayons orchestrée par le génie d'Octave Mouret, les nouveaux tissus et autres accessoires de mode, et tout ce petit monde qui grouille. Justement, c'est dans ces instants que l'on peut s'y perdre quelque peu niveau personnages, mais on se perd déjà dans cette machine grouillante de vie, alors qu'importe, au final. Le gros bémol réside pour moi en la fin, et ce par une simple phrase : "Tout ça pour ça !". En effet, j'ai trouvé que le tout était tiré en longueur pour nous amener à une fin que je trouve finalement peu marquante, a contrario des moments intenses de lecture que j'ai pu vivre et desquels je parlais au-dessus. Cinq ou six pages en moins, pas plus (pour garder la dernière vente, la plus grandiose), et je pense que j'aurais été séduit de bout en bout. 


"Du reste, pourquoi étalez-vous tant de marchandises ? C'est bien fait, si l'on vous vole. On ne doit pas tenter de pauvres femmes sans défense."





J'ai encore passé un agréable moment de lecture avec un Zola, sans doute meilleur qu'avec Thérèse Raquin. Plus qu'un simple livre, l'auteur pose ici un véritable témoignage d'une époque remplie de mouvements à tous les niveaux. L'écriture et les personnages rajoutent sans conteste un charme à l'ensemble. A lire ! 

2 commentaires:

  1. je l'ai lu étant jeune- j'aime beaucoup- on ressent l'ambiance-- les riches dames--- la pub à ses débuts-
    bonne journée- bisous-

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