lundi 4 septembre 2017

L'atelier d'écriture n°274 de Leiloona : Le noir et le blanc, le ying et le yang et vice-versa



Version première :
Le Lac avait été pondu là, par hasard, comme un arbre qui eu une soudaine poussée de croissance, mais sans qu'aucune graine n’ai été plantée en cet endroit. Si personne n'a compris, aucun ne s'est posé la moindre interrogation. Le Lac était là, et c'était tout. Il n'y eut guère que le petit Gamin pour se poser et poser des questions. Tentatives qui n'ont alors jamais eu plus de succès qu'une injure ou un mauvais geste de la main. Dans le Village, on avait appris à ne plus prêter attention aux caprices incessants de Dame Nature, et ça, le petit Gamin l'a très vite compris. Après quelques journées à peine, le jeunot cessa d'importuner ses aînés, conscient qu'il n'obtiendrait jamais de réponses de ce côté. Après quelques nuits passées à contempler le ciel voilé par de sombres nuages, le petit Gamin décida qu'il était temps d'aller voir de plus près cette oeuvre aussi merveilleuse qu'inattendue. Une nuit, alors qu'il entendait depuis quelques minutes à peine les ronflements sourds de son père, tantôt piquetés de quelques paroles aussi décousues qu'incomplètes de sa mère somnolente, le petit Gamin remonta le loquet de sa fenêtre, et sous une lune d'un blanc éclatant, et se dirigea d'un pas tranquille vers le Lac. Seul quelques aboiements lointains et quelques bribes d'une dispute conjugale vinrent troubler le pas tranquille de l'enfant, enchanté par l'hypnotique lune et le silence quasi complet qui règne en ces lieux. Après une bonne centaine de pas, le doux reflet de lune sur l'eau paisible fût visible. Lentement, le petit Gamin descendit la longue et étroite bande de sable, les yeux écarquillés de bonheur. Arrivé près de l'eau, il retira ses petits souliers dans un silence mortuaire. Puis il se posta face à la grande étendue d'eau. Il attendit. Quelques secondes peut-être. Ou quelques minutes. Ou quelques heures. Rien ne bougeait. le silence en devenait lourd, pesant. Alors, le petit Gamin avança son pied droit, qui toucha l'eau. Le liquide était de température moyenne, ni trop chaud, ni trop froid. Le jeune mit alors son deuxième pied à l'eau. Sans savoir pourquoi. Une sensation de bien-être l'envahit soudain. Il s'assit, la moitié des cuisses à la flotte. Un joli sourire flottait sur son visage livide. Il resta ainsi quelques instants, impassible, les yeux fermés, nageant dans le bonheur. Puis il se releva brusquement, et, arrivé à l'arbre le plus proche, le petit Gamin y suspendit tous ces vêtements. A présent à moitié nu, il fit vite demi tour. Sans s'arrêter. Il plongea dans le Lac doucereux, noyé dans un bonheur intense. En quelques secondes, son petit corps disparût, entièrement englouti par les eaux du Lac. Apaisé et heureux. On le revit plus jamais.


Version seconde :
L'Arbre avait été pondu là, par hasard, comme un lac qui aurait été créé par une énorme averse, sans qu'il n'y ait jamais plu. Si personne n'a compris, aucun ne s'est posé la moindre interrogation. L'Arbre était là, et c'était tout. Les habitants du village voisin racontait qu'il était apparu durant une nuit de pleine lune, quelques jours seulement après le lac. On raconte qu'il a été découvert avec sur lui les vêtements d'un petit garçon, disparu dans la nuit.  La légende raconte qu'il est devenu l'Arbre. l'étendue d'eau est très vite devenue une grande attraction touristique, théâtre de nombreuses compétitions de cerf-volant, étant donné la puissance du vent qui règne en ces lieux. C'est ici, durant l'un de ces concours, que mon fils est mort. Chute mortel. Sur le rivage. Coup du lapin. Corps sans vie. Et c'est sur cet arbre que je dépose les vêtements qu'il portait en ce jour, ainsi que son doudou, qu'il gardait toujours à ses pieds, dans ses mains ou dans l'une de ses poches. Le cerf-volant les rejoindra. Je contemple l'Arbre, fait le tour du tronc, puis sort mon téléphone et immortalise le moment, une rivière salée coulant sur chacune de mes joue rougi par le froid mordant. Une fois le cliché terminé, je dépose le smartphone au pied du tronc. J'y attache mon béret près des vêtements de ma progéniture. Puis saute du haut de la falaise, et meurt. Apaisé.



Troisième version :

Le Portable avait été pondu là, par hasard, comme un cadeau tombé du ciel ou du tronc, sans qu'aucun des deux ne soit jamais intervenu. Si personne n'a compris, aucun ne s'est posé la moindre interrogation. Le Portable était là, et c'était tout. C'est un garçon qui l'a ramassé. Une fois déverrouillé avec l'aide de son père, le Gamin a trouvé une photo magnifique du Lac et de l'Arbre, un jour de soleil. C'est avec celle-ci qu'il a remporté un concours de photographie. Il a gagné un magnifique cerf-volant, rose, rouge et violet. Depuis, il en fait tous les jours, un peu trop près de la falaise parfois, entre le Lac et l'Arbre. Il se sent libre. Apaisé.


Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo a été prise par (c) Vincent Héquet.

6 commentaires:

  1. une bien belle histoire !
    je ne participa plus à cet atelier ni mon amie Violette--- trop snob l'accueil !
    passait rarement sur nos blogs--- ou pour dire n'imp-
    Mâdame ne se prend pas pour une minus et on déteste ça sur la blogo-
    bisous- bonne semaine-

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    1. C'est beau, les attaques de personne...
      Et on voit bien que vous ne connaissez pas la dame... qu'on aime tous beaucoup, justement, sur la blogo. Et même ailleurs.

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  2. Bravo pour ces trois versions qui donnent un angle fort différent. Si je puis me permettre, une mise en paragraphe aiderait la lecture, notamment pour la première version.
    Bonne semaine :)

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  3. Lydie, si tu as quelque chose à me dire, j'ai un mail que tu connais. Nous pourrons discuter plutôt que d'étaler une colère sur d'autres blogs.

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  4. Victor : Intéressant d'avoir utilisé des angles différents : ils montrent comment est vécu (sur les 2 premiers) une même situation.

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  5. Waouu ! quelle imagination Victor !!! J'ai eu du mal à arriver sur ta page (le lien n'est pas immédiat mais j'ai persévéré !). Alors s'il fallait choisir une version préférée j'opterai pour la 1 même si, je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé au petit Grégory en cours de lecture... bravo ! Nady

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