samedi 1 décembre 2018

Deux classiques et un contemporain : Les Justes d'Albert Camus, Le Roi se meurt de Ionesco et Aussi loin que possible d'Eric Pessan

Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le fameux format que j'avais testé quelques mois auparavant sur le blog  ! En effet, je dois bien avouer que même si je garde un rythme de  lecture assez constant depuis la rentrée, le temps me manque quelque peu pour m'occuper du site. Je me suis donc dis que quelques petits avis pourraient être une bonne idée pour un retour, bien que je vous prépare des posts pendant ces vacances  ! Here we go !


I. Le Roi se meurt d'Eugène Ionesco 







Pour expliquer le succès du Roi se meurt, on a dit que c'est un classique. Il montre l'homme ramené à sa condition fondamentale. Donc à l'angoisse devant la mort. Cet homme qui parle avec les accents du roi Lear est néanmoins notre contemporain. Il est tellement notre contemporain que son histoire - une existence qui a oublié ses limites - reflète exactement la célèbre «crise de la mort» qui secoue l'Europe de l'après-guerre. Le Roi se meurt n'est pourtant pas une pièce triste. D'abord, parce que l'humour n'y est pas absent. Ensuite, et surtout, parce que Ionesco propose les remèdes pour sortir de la crise. C'est également cela, une grande œuvre classique : une leçon de dignité devant le destin.


On commence donc avec une pièce de théâtre assez contemporaine mais déjà considérée comme un classique : je veux bien sûr parler du Roi se Meurt d'Eugène Ionesco, auteur français d'origine roumain datant du XXème siècle. Ce texte était l'une des possibilités de lecture pour la première séquence de français pour moi cette année, avec Les Justes dont je vous parle un peu plus bas. Un titre évocateur, un petit résumé alléchant de la prof', et me voilà parti dans l'univers nuancé de Béranger, Marie, Marguerite, et tous les autres ! 


J'avais un peu peur de cette lecture, pour tout vous dire. De ne pas comprendre le jeux des symboles, les sous-entendus, et ce malgré l'écriture fluide et assez épurée du romancier roumain. Et quelques semaines après l'avoir terminé, c'est une certitude : je n'ai pas saisi tous les messages que contient cette pièce, et je ne les saisirais sans doute tous jamais. Vous savez, Le Roi se Meurt fait partie de ces oeuvres dont le sens peut changer en fonction de la période, de l'âge auquel chacun découvre l'histoire. Tout dépend du contexte, des sentiments qui vous traversent sur le moment. Malgré une certaine frustration, c'est aussi cela qui fait le charme de l'histoire. Celle-ci, pour tout dire, ne bouge pas beaucoup. On sort quelque peu des règles du théâtre plus classique, puisqu'ici, pas d'actes ni de scènes : tout se passe en un même lieu, avec les mêmes personnages, et avec pour toute échelle de temps la durée complète de la pièce. Le tout est basé sur les dialogues, avec une véritable réflexion sur la mort, et sur l'acceptation de cette dernière. En effet, on retrouve donc un roi, très âgé, avec un royaume en ruine qui part en vrille, ses deux reines, l'une représentant la joie de vivre et l'insouciance, l'autre la sagesse et la réflexion. Quelques autres protagonistes sont également présents, comme un médecin, une servante ou encore un garde. Tout ce petit monde réuni pour une chose : la mort du roi, qui doit survenir à la fin de la pièce. Ce dernier a énormément de mal à accepter sa fin prochaine, et cela donne lieu à des prises de tête, des réflexions sur la vie et ses enjeux mais aussi sur la conclusion : la visite de la faucheuse. 



L'histoire va de paire avec les personnages, et j'ai trouvé ces deux points très bon, même l'ennui a parfois pris le pas pendant ma lecture. L’intérêt de cette pièce réside dans la symbolique des objets, dans les subtilités de certaines paroles. Peu d'action, rien ne bouge réellement. Cette dernière est surtout mentale, dans la tête d'un roi puéril et dans le déni, qui va mûrir peu à peu. Le lecteur saisit au fur et à mesure que ce royaume, que ce roi est en fait lui-même. Chacun est le roi de sa vie, celle-ci constituant son royaume qui lui est propre. Ionesco a tenté de démontrer cela, et il arrive d'après moi avec humour et sérieux à la fois, avec puissance et délicatesse, avec tout et rien, car la vie représente tout, mais personne n'emporte quelque chose dans la mort.



Un texte entre étude ciblée de cours et lecture personnel, intéressant et impressionnant, à lire et à relire pour quiconque, car l'interprétation sera forcément différente en fonction du contexte de vie. Un classique contemporain. 



Après cette lecture relativement lourde, j'ai décidé de sortir de mes étagères un roman plus léger, qui traînait là depuis pas mal de temps : Aussi loin que possible d'Eric Pessan. 




II. Aussi loin que possible d'Eric Pessan 







Antoine et Tony n'ont rien prémédité, rien comploté. Ce matin là, ils ont fait la course sur le chemin du collège. Comme ça, pour s'amuser, pour savoir qui des deux courait le plus vite. Mais au bout du parking, ils n'ont pas ralenti, ni rebroussé chemin, ils ont continué à petites foulées, sans se concerter. La cité s'est éloignée et ils ont envoyé balader leurs soucis et leurs sombres pensées. Pour Tony, la hantise de se faire expulser vers l'Ukraine et d'avoir à quitter la France.


Pour Antoine, la peur de prendre une nouvelle dérouillée parce que son père a envie de se passer les nerfs. Depuis ce matin où tout a basculé, ils courent côte-à-côte, en équipe. Ils se sentent capables de courir pendant des jours, tant qu'il leur restera une once de force. Fatigués mais terriblement vivants.


Alors là, on rentre dans complètement dans ma zone de confort : un roman contemporain, qui traitre de sujets assez complexes et actuels tel que l'immigration et les classes sociales, avec une aventure quelque peu hors du commun. J'étais très enthousiaste à l'idée de cette lecture, qui s'est révélée être une lecture sympathique, divertissante et intéressante, sans toutefois frôler le coup de coeur. Les explications ! 



J'ai lu le synopsis de ce bouquin bien avant ma lecture, c'est ce qui m'a vraiment donné envie de le lire. Vous connaissez sans doute mon point de vue sur la question, et ma principale crainte avec les quatrièmes de couverture s'est complètement vérifiée ici : j'ai eu des attentes. Beaucoup d'attentes. On finit parfois par surestimer l'oeuvre en question, quitte à être déçu. Ayant fait cette expérience plusieurs fois dans le passé, je m'étais promis de ne plus les parcourir avant lecture (et non pas avant achat éventuel). Le roman d'Eric Pessan n'échappe pas à cette règle.
J'avais sans doute placé la barre trop haut pour ce bouquin, qui reste tout de même une très bonne lecture ! 


Niveau personnage, je me suis beaucoup attaché et identifié au narrateur de cette course un peu folle, à savoir Antoine. Forcément moins à Tony, puisqu'on ne le voit que part le regard de son ami, mais il n'en reste pas moins intéressant. Mais son compère reste mon élément préféré de l'histoire, mon petit coup de coeur personnel. Au début jugé trop jeune, j'ai adoré les petites réflexions qu'il égraine tout au long de la course. Eric Pessan, à travers lui, retranscrit merveilleusement bien la sensation de l'effort physique, avec un lexique et une description assez précise concernant la course et la fatigue qu'elle engendre. On avait souvent l'impression d'être enthousiaste en même temps qu'eux, fatigué en même temps qu'eux, avec ces petites fourmis dans les jambes et le coeur qui palpite. Un effort physique en restant dans son lit. Tout bénef', en somme.



Plus généralement, vous savez que j'adore ce genre d'actions dans un roman, qui sort du quotidien et des sentiers battus. Malheureusement, j'ai vraiment éprouvé quelques difficultés à ressentir cette petite chose, ce petit truc en plus qui gigote dans le ventre, qui fait frissonner le bout des doigts lorsqu'on touche le roman pour reprendre sa lecture, que les lecteurs aguerris connaissent sans doute bien. Ce petit machin-là, eh bien... Je ne l'ai pas vraiment eu. Même si j'ai bien réussi à me plonger à fond dans l'histoire, quitte à la finir en vraiment quelques jours, il me manque quelque chose, que j'ai vraiment du mal à vous décrire, vous l'aurez remarqué. Bien que j'accorde beaucoup de crédits à cette véritable quête, je l'ai trouvée… Aie aie aie, c'est très contrasté comme ressenti. J'ai un peu le sentiment d'avoir été un spectateur, mais pas un spectateur plus touché plus que la norme, comme avec les coups de coeur, bien que l'aventure touche à pleins de sujets sensibles, comme je l'évoquais au-dessus. 




Ce petit livre est resté un très bon divertissement pour ma part, mais qui ne taquine pas les sommets non plus. Peut-être que le public visé est un poil plus jeune, et qu'il les fera bien plus réfléchir que moi. Je vous le recommande tout de même, il vaut le détour pour ses personnages et sa course affolante. Une bonne lecture sans prise de tête avec une petite base de réflexion, voilà comment je définirais cette oeuvre d'Eric Pessan.


Bon, bon, bon... On va s'attaquer au gros morceau de cette chronique, l'oeuvre qui m'a le plus marqué, je pense. Encore une lecture de cours, dévorée en quelques jours : Les Justes d'Albert Camus. 





III. Les Justes d'Albert Camus







«Ne pleurez pas. Non, non, ne pleurez pas! Vous voyez bien que c'est le jour de la justification. Quelque chose s'élève à cette heure qui est notre témoignage à nous autres révoltés : Yanek n'est plus un meurtrier. Un bruit terrible! Il a suffi d'un bruit terrible et le voilà retourné à la joie de l'enfance.»


A peine une petite citation pour résumé, et le ton est donné. Cette pièce de théâtre, publiée dans les années 40 par Albert Camus, a été une véritable claque pour moi. Pour commencer, Camus est un auteur que je vais énormément étudié cette année, avec pas moins de trois oeuvres, dont une oeuvre intégrale analysée complètement en classe, à savoir La Peste, et deux lectures dites "cursives", à savoir L'Etranger et Les Justes. Il y a donc tout intérêt à ce que je m'entende à merveille avec ce grand monsieur de la littérature française du XXème siècle, de manière à ce que mon année de français ne devienne pas très vite une calamité. Et notre relation commence merveilleusement bien avec cette courte mais non moins intense pièce de théâtre qui regorge de scènes très intéressantes et de réflexions philosophiques très profondes. Voyons cela ! 


1905. Février. Moscou. Un groupe terroriste révolutionnaire qui se prépare à commettre un attentat envers le Grand Duc, figure du pouvoir en place. Le lecteur, au coeur du groupe, suit la préparation de cette acte criminel, censé "tuer une idée". La pièce est donc vraiment rempli de suspens, et ça ne décroit pas tout du long, avec plusieurs rebondissements et révélations. Par conséquent, je ne me suis vraiment pas du tout ennuyé. L'oeuvre s'étend sur plusieurs jours, avec pour chacun son enjeux et son lot de nervosité, aussi bien pour nous que pour eux. Bien évidemment, il y a des moments plus calmes, avec des discussions un peu plus "posées" entre les protagonistes. Mais, comme je le spécifiais ci-dessus, celles-ci ont un sens toujours profond, avec une base de réflexion très importante, notamment sur des thématiques comme l'engagement, le fait de commettre un meurtre pour une idée ou encore plus généralement la révolution au sens général. En soit, on a là beaucoup de matières et de ressources sur lesquelles s'appuyer en cours de français, avec des débats et des dissertations à la clé. Comme je le disais, cette lecture étant cursive, rien de tout cela, à peine un questionnaire, et je trouve que c'est plutôt positif, car cela m'a permis de garder une libre interprétation de ma lecture, sans être trop cadrer et guider par tel ou tel axe d'étude.



Niveau personnage, on retrouve un groupe assez hétérogène, avec un chef, un psycho-rigide, un poète, une femme déterminée entre autres. Tous, comme vous l'aurez remarqué, représentent une face bien particulière de la révolution à l'époque. Chacun ses raisons pour la mener, et chacun cherche quelque chose de différent pour tout gain de victoire, ce qui rend la lecture diversifiée et d'autant plus intéressante, puisque, vous vous doutez, les points de vues divergents vont souvent se retrouvez à l'affrontement. C'est là que réside tout l’intérêts des Justes, qui pose d'ailleurs une vraie question, rien que part son titre : qui est juste ? Les puissants qui terrorisent et dominent le peuple ou les révolutionnaires qui commettent des actes criminels pour les combattre ? Le débat est habilement ouvert par monsieur Camus, qui offre aussi une bonne partie des arguments... 




Une pièce remarquable, d'une juste profondeur, aussi bien dans la réflexion que dans l'action, une grande prouesse de la part de Camus, que j'aime déjà énormément ! 


Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce format et de mes avis. Enjoy ! 

1 commentaire:

  1. coucou Victor-
    c' est bien c'est large pour écrire-- tes avis -
    le fond tu devrais mettre un peu de couleur ?
    bon dimanche- bisous-

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