mercredi 3 octobre 2018

Brexit Romance de Clémentine Beauvais


Auteure : Clémentine Beauvais

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 450 pages 







Marguerite Fiorel, 17 ans, jeune soprano française, vient à Londres par l’Eurostar, pour chanter dans Les Noces de Figaro ! À ses côtés, son cher professeur, Pierre Kamenev.
Leur chemin croise celui d’un flamboyant lord anglais, Cosmo Carraway, et de l’électrique Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète, BREXIT ROMANCE. Son but ? Organiser des mariages blancs entre Français et Anglais… pour leur faire obtenir le passeport européen.
Mais pas facile d’arranger ce genre d’alliances sans se faire des noeuds au cerveau – et au coeur !





Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi ! 


Clémentine Beauvais, en plus d'être une personne fort sympathique, est une brillante auteure. Découverte avec le délicieux Songe à la Douceur, poursuivi avec le déjanté Les Petites Reines et enfin avec le plus sombre La Pouilleuse. Nouveauté du mois d'aout, ce nouveau roman plus que contemporain nous promet là encore une bonne dose d'aventure de de rire... That's Funny ! 






"Elle avait abandonné depuis longtemps l'idée de faire très peu de choses très bien; elle trouvait plus engageant de faire énormément de choses imparfaitement." 


Une histoire basée sur le Brexit, j'étais déjà de base très curieux et un poil sceptique, je dois bien l'avouer... En effet, je crois que c'est un événement encore véritablement récent, et dont on ne pourrait mesurer les conséquences avant encore quelques décennies... Et j'ai sur-kiffé ! Eh oui, si vous vous attendiez à une critique plus mitigée sur cette oeuvre, vous devriez sans doute passer votre chemin... Franchement, j'ai souvent eu l'impression d'être au théâtre, tant certaines scènes du roman sont cocasses. Le tout est vraiment bien ficelé, avec des quiproquos, des mals ou des sous-entendus, et toujours avec ce ton de "normalité" pour des choses parfois si burlesques, ce qui donne une véritable tonalité comique au récit. On retrouve ici vraiment tout ce que j'avais adoré dans Les Petites Reines, à savoir des personnages loufoques et pertinents à la fois, avec en fond de toile une intrigue plus qu'intéressante. En effet, j'ignorais quelle direction pourrait prendre Clémentine Beauvais avec un tel sujet, et je ne suis absolument pas déçu du résultat. Pas une seule seconde je ne m'y suis ennuyé, même je redoutais les moments de "routine" des personnages. Finalement, j'ai appris pas mal de choses sur les moeurs, les caractéristiques de la vie au Royaume-Uni ainsi que sur les citoyens anglais, la langue et ses subtilités. La romancière émet quelques critiques sur la société d'Outre Manche mais aussi sur la mentalité des français, avec quelques piques satiriques finement dissimulées. Sans toutefois changer de point de vue, puisque le récit est à la troisième personne, l'auteure alterne entre les différents personnages, de manière à bien montrer la petite pierre que chacun pose dans le projet Brexit Romance, et je vous parle aussi bien de l'entreprise de dear Justine que du roman en lui-même ! La construction finale est une très belle réussite... Et pour tout ouvrier, madame Beauvais propose une sacrée ribambelle de personnages... 


"Marguerite était à la fois émue et déçue de de ce spectacle, comme on peut l'être devant toute qui a ravi notre imaginaire et se révèle bêtement réel, et dont l'odeur de terre nous semble un tant soit peu vulgaire."


Et là, on en a pour tous les goûts ! Des hommes, des femmes, des français, des anglais, des riches, des plus modestes, des étudiants, des chômeurs (ou presque), des grands, des petits, des bruns, des blonds... Une sacrée panoplie ! Evidemment, certains sont moins importants dans l'histoire que d'autres, mais le lecteur s'attachent à tous, ne serait-ce qu'un peu. On pourrait s'y perdre, mais Clémentine Beauvais offre une particularité, un caractère, aussi petit soit-il, qui nous permet de les reconnaître à la moindre parole prononcée. Pour être un peu plus précis, j'étais assez peu enthousiaste quant à Marguerite lorsque je l'ai découverte, dans l’eurostar, au tout début. Mais au fil du bouquin, on apprend à la découvrir, et ce côté un peu innocente qui pouvait limite m'agacer me l'a au contraire rendue agréable, et c'est souvent avec un sourire que je la retrouvais pour suivre ses aventures à la découverte de la vie. Marguerite est vraiment le personnage qui a évolué avec cette histoire, et que le lecteur a vu évoluer. Cela créer un certain attachement, une sorte d'identification pour être précis, qui place l'adolescente, presque adulte, définitivement à part. L'autre personnage qui m'a convaincu, et ce, en revanche, dès les premières lignes, c'est Pierre Kamenev. J'ai senti de suite chez lui une possibilité d'un grand changement de comportement, et que son antipathie apparente n'était qu'une façade... Et je trouve juste parfait ce qu'en a fait l'auteure. Je veux dire... Plus on avance, plus le pianiste nous paraît proche, et plus humain, alors qu'il n'était qu'un énorme bloc de glace dans les premières lignes. Il sort lui aussi grandit du Brexit, en quelque sorte. Comme Marguerite, son élève. Le maître apprend à l'élève. Et inversement. 


"Justine et Cosmo étaient depuis longtemps amis, de l'une de ces amitiés troublantes qui parviennent à s'accommoder d'une radicale différence de milieu sociale, d'une opposition de convictions politiques totale, et d'une hostilité fondamentale au style de vie de l'autre." 


Je préfère faire un second paragraphe, certes moins long, pour parler de Justine, Canelle, Math, et des autres. Ce sont des personnages, bien qu'ayant un grand intérêt dans le déroulement de l'histoire, qui ne m'ont pas autant marqué que le duo que j'évoquais au-dessus. J'ai eu du mal avec Justine à certains moments, avec ce côté trop hautain qui est je suppose quelque peu exagéré par l'auteure, et cette façon de se rendre un peu inaccessible. En dehors de cela, j'ai beaucoup ri en sa compagnie, à elle et son frère, avec leurs dialogues délirants qui sont tenus dans la plus grande normalité, pour notre plus grand bonheur. Je pourrais évoquer pendant encore des dizaines de lignes Canelle, Cosmo et autre, mais je préfère vous laisser la surprise. Enjoy !
Une écriture rythmée, sans temps mort, pour accrocher un lecteur déjà addicte à des personnages atypiques et une intrigue surprenante. Une recette gagnante pour Clémentine. Again and again. Plus sérieusement, je trouve incroyable cette qualité de bibliographie, avec cette enchainement de sans fautes depuis quelques années maintenant, preuve que l'on peut compter madame Beauvais comme un talent confirmée et en place dans la littérature adolescente actuelle, qui deviendra bientôt une incontournable, si ce n'est déjà le cas. That's funny. 


"Mais au moins, dans tout ça, on a toujours le monde, ou de moins la possibilité du monde ! On a l'impression que le monde est d'accord avec qu'il devrait changer, et qu'on est juste dans une mauvaise phase, mais que ça va s'arranger !..." 






Encore un petit bijoux marrant, intéressant, actuel signé par Clémentine Beauvais, qui démontre une fois de plus son talent avec cette comédie burlesque et déjantée, qui offrira rire et réflexion à quiconque ose s'aventurer à Londres par mégarde !

2 commentaires:

  1. un coucou du lundi gris chez moi-
    un roman pour se changer les idées avec ces manifs et hausses sur tout-
    bisous-
    contente de te retrouver-

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  2. C'est toujours un plaisir de te lire, en plus sur un livre que j'ai aussi adoré !! Clémentine Beauvais est talentueuse, j'espère que plein de gens liront ses merveilleux écrits^^
    Léna Bubi

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