mercredi 13 décembre 2017

Les Géants de Benoît Minville




Auteur : Benoît Minville 

Maison d'édition : Sarbacane 

Collection : Exprim' 

Nombre de pages : 288 pages 

Année de sortie : 2014






Résumé : Ça se passe sur la Côte Basque.
Les Géants, ce sont eux : Marius, le fils, surfeur, son besoin d’ailleurs. Auguste, le père, marin pêcheur, cramponné à la vie qu’il s’acharne à offrir à ses enfants. La sœur, Alma, qui veut exister dans cette famille patriarcale… et qui cache à tous son idylle avec Estéban, ami d’enfance de Marius ; sa famille à lui s’accroche dans un mobile-home à l’année. Et d’un père à l’autre, d’un fils à l’autre, les deux clans se serrent les coudes.
Tous là, unis dans cette région brute, irréductibles. Soudain, la vague arrive. César, le grand-père de Marius, revient d’entre les morts ; et avec lui, de lourds secrets couvés comme un trésor de guerre…


Introduction : Après le sublime "Les Belles Vies" (lien à coller), une de mes lectures de l'année dernière, je rattrape mon retard dans la bibliographie de Benoît Minville avec ce livre, sorti fin 2014, et dont j'ai entendu énormément de bien. Comme à l’accoutumé, je n'ai lu aucune chronique (à peine l'avis de ma mère), ni aucun résumé ou extrait. Surprise totale mais très bonne, une fois de plus.

Commentaire : Les Géants, c'est l'histoire de ces deux familles, ces deux clans liés par l'amitié et l'entraide depuis toujours. Deux tribus qui se connaissent par coeur et qui ne se connaissent pas du tout à la fois. Chacun des membres a ses secrets, son petit jardin intime qu'il tait et ne révèle à personne, ce qui a le don de frustrer le lecteur. A travers ce bouquin, nous suivons plus particulièrement Estéban et Marius, l'aîné respectif de chacune des familles. Ce sont deux personnages qui m'ont touché et que j'ai vraiment adoré suivre. Chacun n'est pas juste une façade, mais ils sont bel et bien fouillés, complexes, et très réalistes pour le lecteur-spectateur. On découvre les petites cachoteries des deux en tant que personnage externe, mais je vais en reparler plus tard dans la chronique. J'ai ressenti beaucoup d'émotions à travers ces deux jeunes hommes, que ce soit l'amour, la colère, la haine, la joie, la libération. Comme avec Djib et Vasco (Les Belles Vies), j'ai vraiment eu cette impression d'être le confident de chacun, comme si Marius et Estéban exprimaient chacun leurs craintes et leurs sentiments au lecteur avant de se lancer dans le grand aveu final. C'est aussi pour ça que je me suis senti si proche des deux garçons. Ils mettent à nu leur esprit, et on peut lire en eux comme dans un livre ouvert, leur façade de beau-gosse et de gros dur tombent dès que nous sommes plongés dans leurs pensées tourmentées (donc une bonne partie de l'histoire quand même). Et ça, ça rappelle terriblement la réalité.

Du côté des personnages secondaires (et il y en a un bon paquet, je vous le garantis) j'ai beaucoup aimé les pères de famille, qui sont finalement exactement comme leurs aîné, des gros durs en façade mais qui eux savent se dévoiler sans pudeur l'un à l'autre, ce qui n'est pas le cas de Marius et Estéban, qui ont eux plus de mal dans cet exercice. C'est aussi une preuve de maturité de la part d'Henriko et Auguste, et l'évolution logique de leurs enfants. Je trouve que le lecteur est beaucoup moins proches des femmes, qui sont quant à elles beaucoup plus sages et moins tourmentées que les hommes dans ce bouquin. Pour finir, j'ai trouvé César tout simplement excellent dans son rôle de gentil méchant, avec un charisme et une facilité qui m'a autant plu que déconcerté au fil des 288 pages qui composent ce livre.

Ce qui m'a énormément surpris dans cette histoire, c'est le parallèle que j'ai pu faire entre ce bouquin et les cours de français qui m'étaient donnés au moment de ma lecture, à savoir : La tragédie. La situation initiale, le petit grain de sable qui vient bousculer l'équilibre trouvé par les principaux protagonistes (ici, cet élément perturbateur est donc l'arrivée de ce grand-père délinquant), les personnages tourmentés, qui savent que la situation est bloquée, qu'il va y avoir des dégâts et qu'il n'y a (presque) pas d'issue à cela (Surtout Auguste, Marius et Estéban). Evidemment, il n'est pas question ici de l'aspect temporelle et spatiale (dans la tragédie classique, tout doit se passer en un même lieu et en un jour) ainsi que la bienséance (pas de sang, ou de blessures, ou de drogues), mais nous sommes ici au XXIème siècle, et je pourrais qualifier cette oeuvre à certains moment de "Tragédie contemporaine". Finalement, cette arrivée de César va tout bousculer, des secrets du passé, des non-dits vont être révélés. Ce retour va par ailleurs toucher d'autres sujets sensibles, d'autres secrets, qui n'auraient en apparence rien à voir avec le retour d'un pan du passé de certains. Le lecteur est ainsi pris entre tout cela, des révélations conséquentes lui sont faites à lui, mais pas aux personnages concernés. On se retrouve ainsi avec cette frustration dont je parlais au-dessus, et on donne des conseils silencieux eux protagonistes du bouquin. Il y a pas mal de suspens tout au long du roman, l'action intervient surtout à la fin. Comme je le disais dans le premier paragraphe, Benoît Minville base beaucoup son histoire sur les émotions, les révélations, le suspens, les secrets. On peut là aussi effectuer un parallèle avec sa dernière oeuvre, qui se basait la aussi (mais d'autres proportions) sur ces mêmes critères. Dernier point que j'aimerais aborder ici, je me suis souvent senti un peu enfermé, bien qu'il n'y est évidemment aucun mur à proprement dis. Simplement, on se retrouve souvent dans les mêmes (sauf dans les 30 dernières pages) lieux, donnant ainsi une impression d'enfermement, qui n'est toutefois absolument pas mauvaise, qui est d'ailleurs évoquée sous un certain angle parfois dans le livre. Ce côté huis-clos ouvrent aussi les personnages les uns aux autres, les poussant parfois dans leurs derniers retranchements.

Côté écriture, je retrouve encore les descriptions de Benoît Minville qui me font voyager au coeur de la côte Basque. Il est très polyvalent, puisque les scènes d'actions finales sont extrêmement bien menées. J'ai hâte de découvrir son polar "Rural Noir" déjà présent dans ma bibliothèque, et qui ne saurait tarder à passer sur ma table de nuit.

Une véritable "Tragédie contemporaine" qui casse les codes et qui saura plaire à tout âge, à partir de 14 ans !

5 commentaires:

  1. bonjour Victor-
    plus tard tu seras critique littéraire !!
    quel beau billet et long- je ne saurais faire aussi long-
    bonne fin de semaine- bravo -
    bisous !

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir,
    Merci pour cette critique, un terme que je n'aime pas trop, je dirai plutôt avis d'un lecteur averti.
    C'est vrai que cela donne envi de le lire j'ignore ses mes automnes bien passés sont encore en mesure de se lancer dans une lecteur de jeunesse. quoique!
    Bonne soirée
    @mitié

    RépondreSupprimer
  3. Je garde une préférence pour Les belles vies, mais j'avais beaucoup aimé celui-ci aussi.

    RépondreSupprimer
  4. Maintenant que tu le dis, il y a bien un petit effet huis-clos de créer !! J'ai beaucoup aimé cette histoire même si j'ai trouvé Les belles vies encore meilleur :)

    RépondreSupprimer