lundi 17 septembre 2018

Le Gouffre de Rolland Auda

Auteur : Rolland Auda

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 512 pages

Année de sortie : 2018





Lorsque Saïd, 17 ans, se rend en plein hiver à Maleroque, un village des Alpes, ce n’est pas simplement pour pratiquer sa passion, la spéléologie. C’est aussi pour aller passer quelques jours dans la maison de son grand-père qui vient de mourir : Hans, dit Jean des Loups, célèbre écrivain.


Mais Saïd se rendra vite compte que les sorciers et les monstres ne hantent pas que les histoires à succès de son grand-père, et qu’il est très attendu.

Que veut-on de lui ? Qui est ce mystérieux Sourcier, dont les créatures de fumée surgissent des entrailles de la Forêt Chantante ? Une chose est sûre: pour s’en sortir, Saïd devra affronter bien plus que ses propres démons.







Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi ! 


Ce n'était vraiment pas le roman qui me tentait le plus dans les nouveaux Sarbacane de cette année 2018. Déjà, je n'ai jamais lu aucun des romans de Rolland Auda avant celui-ci (oui tuez-moi, évidemment que vous pouvez). Ensuite, le thème, le genre du récit, qui ne sont clairement pas mes goûts, ne jouaient clairement pas en faveur de ce bouquin. Pourtant, beaucoup de critiques positives sur différents sites m'ont peu à peu motivé à le découvrir, puis finalement bah... Demande à la maison d'édition. Lecture. Extra. 








"Règle n°3 : Les joueurs ne doivent pas parler du jeu, ni entre eux ni à des inconnus." 


J'ai un peu discuté avec certains lecteurs de cette histoire, et on m'avait prévenu : tu vas être absorbé par ce gouffre, et tu n'en ressortiras pas sans quelques égratignures cérébrales. Et… Tout ça s'est avéré vrai. Vrai de chez vrai même, et vous affirmer que mon esprit est retourné comme si j'étais passé dans le tambour d'une machine à laver serait un euphémisme (les cours de L, alala...). Evidemment, j'ai commencé ma lecture sans aucune réelle indication, si l'on excepte les quelques critiques lues sur le tas. Dès les premières lignes, l'atmosphère vous prend aux tripes. Le lecteur est plongé au coeur des montagnes, dans un petit village intitulé Maleroque, complètement isolé, au milieu des vacances de février. L'ambiance est posée, l'auteur la gère parfaitement, avec des descriptions très réalistes et une plume empreinte d'une certaine froideur. Lu au beau milieu du mois d'Aout, il fût une sorte de glace délicieuse que l'on prend le temps de savourer, mais je pense qu'une relecture aux alentours de noël n'est pas à exclure, pour une immersion encore plus totale. L'histoire... Je tarde un peu à vous en parler, car celle-ci... Est assez particulière. Pour tout vous dire, même un bon moment après ma lecture, certains aspects, détails de celle-ci restent encore assez flous pour moi. Le lecteur se retrouve donc plongé dans un sombre combat, un jeux dont les frontières sont très difficiles à cerner, malgré quelques règles de base qui nous sont dévoilées dès le prologue. Rolland Auda a beaucoup joué avec moi. Me mettre sur une piste, dévoiler un indice supplémentaire qui sert de contre-hypothèse, puis encore une petite phrase qui nous fait douter... Le tout se déroule sur un laps de temps très court (du 24 février au 1er mars) et la multitude de personnages qui composent cette oeuvre font qu'il y a souvent plusieurs actions simultanées, que le romancier prend plaisir à stopper pour repartir sur quelque chose de complètement différent, avant d'y revenir plusieurs dizaines de pages plus loin. Lecture rapide et addictive, on s'en doute. Le roman au complet est comme un immense puzzle, dont on ne connaît pas le motif, mais dont les pièces s'assemblent peu à peu jusqu'au tableau final. Et quel tableau... J'ai juste adoré. J'ai trouvé ça très intéressant, original, avec du suspens, de l'action, des révélations. Quelque chose de vraiment prenant, avec un soupçon d'émotions pour polir le tout. Un réussite absolu




"Aucune envie de passer pour un dingue- ou une bête curieuse, sentiment qu'il connaissait au fond depuis un peu près toujours." 


Comme spécifié au-dessus, ce roman compte beaucoup de personnages (j'en compte un peu plus d'une vingtaine). Evidemment, il y en a que l'on voit beaucoup plus que d'autres, qui font à peine une apparition ou deux. Le personnage principal de cette histoire est Saïd, un jeune homme narcoleptique un peu naïf mais très attachant et intelligent. Je me suis senti très proche de lui à travers tout le roman. En effet, il ne connaît rien de son grand-père et de l'histoire qui le mêle au village, donc il découvre en même temps que nous les indices sur tout ça, ce jeux, son aïeul qui lui était finalement inconnu. Il est aussi perdu que nous à certains moments, on a le coeur qui s'emballe pour lui, on est heureux, triste, en colère pour et avec lui. Je peux affirmer que je pense avoir quasiment toujours compris Saïd, même si évidemment il restera toujours une part d'ombre chez lui. Les autres protagonistes de cette aventure sont tout aussi variés et intéressants. Gros coup de coeur pour Marguerite, une vieille folle qui nous reste sympathique sous ses airs bourrus, et pour Roger (prononcez "Rodgeur") avec ses goûts musicaux et son sourire qui m'aura bien bien fait rire à des moments où l'histoire était emplie par la tension du moment. J'ai eu peur au début de tous les confondre, mais pas du tout. Ils occupent tous une place bien particulière sur l'échiquier de ce roman unique en son genre, avec un caractère et un rôle à prendre. Excellent



"Saïd calla son nez à la vitre, un moineau aperçut le bus et le dit à un écureuil qui le dit à un sanglier qui le dit à un cerf qui le dit à un renard qui le dit à une vipère qui le dit à un mulot qui le garda pour lui." 


Là encore, je l'ai évoqué rapidement dans le premier paragraphe, mais j'ai trouvé dans cette œuvre une écriture très froide, très intéressante puisque cela nous plonge instantanément dans l'histoire et dans une petite bulle pour lire tranquillement. On sent clairement un gros travail derrière tout cela, très pointilleux et précis pour les descriptions des lieux, qui sont je pense imaginés (après quelques recherches). Ceux-ci restent très restreints, le tout pourrait faire penser à un huis-clos aussi bien temporel que dans l'espace. On s'y croirait. Ensuite, on voit clairement une évolution dans l'attitude et la maturité des différents personnages de l'histoire, qui changent en fonction des révélations et autres aventures. Enfin, la fin justement, est comme la cerise sur la gâteau : arrivée en bombe, incroyable visuellement parlant, incroyable pour les personnages, et c'est un point d'orgue pour finir en beauté un petit OVNI très prenant. Un romancier incontournable d'Exprim', je fais devant vous le sermon de m'intéresser au reste de sa bibliographie, après une claque pareille. 


"Un loup grand comme un homme
Un homme grand comme un loup..." 





Un roman incroyable, autant dans l'histoire que dans les personnages ou l'aspect hivernale de la chose. Si vous cherchez une critique avec des points négatifs, ce n'est certainement pas ici que vous la trouverez. Je recommande absolument !

1 commentaire:

  1. un coucou du lundi-
    bonne continuation dans tes études et tes lectures-
    bisous-

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