lundi 17 septembre 2018

L'atelier d'écriture n°310 de Leiloona : Puzzle Solitaire (3) : Début de journée






Lien du premier texte ici et du second juste .




Ils ne me veulent pas de bien. 

Le mal les habite. 

Traverse leurs entrailles…

Coule dans leurs veines. 

La folie habite leur coeur.

Je nage dans une piscine d'horreur.

Et de souvenirs.

Soudain, la chute

Se fait plus forte, 

Plus puissante 

Dans un matelas

Couverts d'épines mauves.

Mes yeux s'ouvrent. Expiration. Inspiration. Expiration. Inspiration. Je m'assois au bord de mon lit. Une goutte de sueur perle sur ma tempe. Vient s'écraser sur le sol. Quelques rayons lumineux filtrent à travers les lourds battants de bois qui couvrent l'ouverture de ma chambre. A pas de loups, je me diriges vers celle-ci, et ouvre les morceaux de bois. La lumière me transperce la peau, comme des centaines de petites aiguilles qui me piquent, pendant quelques secondes. Un courant froid passe entre mes jambes, et soulève légèrement mes habits, déposés négligemment en tas sur une chaise. Je réprime un bâillement, puis me dirige vers la salle à manger. J'entends au loin les premiers cris d'enfants, mêlés aux aboiements des chiens et aux bruissements des feuilles. Mindi se réveille doucement. En se retournant pour fermer ma porte, je remarque une voiture assez vieille, couleur peau. A l'intérieur, un jeune homme, cheveux courts, en bataille, se frotte de petits yeux couleurs jade. Quelques notes de musique s'échappent par les fenêtre entrouvertes. On peut y deviner les mots pacifique, océan...  Vision assez fantaisiste. Je souris, puis rejoins le salon, en essayant tant bien que mal de tenir debout, malgré une nuit bien courte.

     ******

Dans la cuisine, j'embrasse ma soeur, mon père. Ma mère est déjà partie depuis quelques minutes. Merde. Je me verse négligemment une tasse de lait, puis engloutis mes tartines, avant de retourner et de m'enfermer de nouveau dans ma chambre. J'allume mon ordinateur, une cigarette, et commence à travailler. Textes, instruments. Je gratte quelques accords de "Come as you are" puis quelques notes de piano. Le temps défile vite, ici. Au bout d'une heure, peut-être deux, alors que j'ai perdu toute notion de temps et d'espace, j'entends le ronflement du tracteur de mon père. Je sais qu'il part dans les champs et qu'il ne sera pas de retour avant ce soir. Une aubaine. J'attends encore un peu, peaufinant quelques rimes, puis saute par la fenêtre, et m'éloigne de la ferme. La voiture-peau est toujours au même endroit. Je trouve sa présence réconfortante. En revanche, son occupant a disparu... Je descends, m'enfonce à travers la plaine, un carnet, ma guitare, mes clopes sous le bras. Je prends garde à soigneusement éviter la machine du paternel. Pas envie d'une engueulade supplémentaire. Avenir, agriculture. Des thèmes qui ne me plaisent guère. Je préfère la musique, l'écriture. Grattage des ongles sur la guitare, grattage du stylo sur la feuille. La comparaison me fait sourire. Soudain... Je vois la tour au loin. Je m'approche. Heureux. Une fois à son pied, je tourne quelques secondes, histoire d'avoir en visuel les sept turbines de bois que j'affectionne. Leur mouvement hypnotique, le ronronnement qui s'en dégage. Je suis tombé amoureux de ce lieu la première fois que j'y suis allé. Après une engueulade. Pour changer. Au moment de me poser dans l'herbe, j'aperçois à quelques encablures le jeune homme de la caisse beige. Il chante. A l'air dans ses rêves. Il me tarde de le rejoindre. Je pose mes feuilles devant moi. Loin de Mindi, loin de l'avenir, loin de tout. Je fais un clin d'oeil aux turbines, Puis dans un geste théâtrale, je commence à jouer. Boum. 


Ils ne me veulent pas de bien.                                                                                                                              
Le mal les habite.                                                                                                                                                            
Traverse leurs entrailles…                                                                                                                                              
Coule dans leurs veines.                                                                                                                                                      
La folie habite leur coeur.                                                                                                                                            

Je nage dans une piscine d'horreur.

Et de souvenirs.

Soudain, la chute

Se fait plus forte, 

Plus puissante 

Dans un matelas

Couverts d'épines mauves.

Le doute est le poison de l'humain. 

L'espoir son médicament.

Bruit de la vie 

Bruit du destin.

Vivre 

Ou se regarder vivre.



Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo est de (c) Tama 66.

6 commentaires:

  1. le courageux ! Leiloona ne passe pas et tu continues ses défis-
    nous sommes plusieurs blogueuses à ne plus y aller-
    sa petite cour de lettrés et nous des potiches sans visites-
    bonne continuation- bizzzz

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    1. Oh. J'imagine que cette dame travaille et ne peut pas revoir rapidement tous les blogs qui participent à son atelier. C'est déjà très aimable qu'elle propose cela depuis tant d'années...
      Et puis Internet est vaste. Ce ne sont pas les ateliers qui manquent. Si vous ne vous reconnaissez pas dans sa prose/participants, il y a bien d'autres endroits à découvrir ! Nul besoin de critiquer. Il y en a suffisamment ainsi...
      amicalement

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    2. Bonjour Lydie,

      Et si, au lieu de continuer à déverser votre bile de façon vaine, vous écriviez ? Il y a tant de choses positives à faire plutôt que de ressasser de vieilles querelles.

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  2. Ton écriture, Victor, est entrecoupée, et mime le désarroi et le tourbillon dans lequel est la personnage.

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  3. J'ai beaucoup aimé ton texte, il appelle une suite...

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  4. J'ai bien aimé l'ambiance de ton texte. Ton personnage semble extérieur à tout ce qui l'entoure et pourtant rien ne lui échappe. Bravo.

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