mercredi 4 juillet 2018

Shorba, l'appel de la révolte de Gaspard Flamant

Auteur : Gaspard Flamant 

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 216 pages

Année de sortie : 2018






« Depuis qu’on a abandonné le lycée, il nous reste pas grand- chose, à part le pied des tours. Nous, c’est mes deux potes et moi, Shorba.


Mais on a rencontré Léo, et tout a changé.

Léo, c’est un gars de trente balais, un gauchiste vraiment pas de notre monde. Il nous montre des choses qui se passent juste à côté de chez nous mais qu’on n’avait jamais vues. Il nous apprend plein de trucs – des trucs de militants. On danse dans des bidonvilles, on rencontre des sans-papiers. Et pour finir, on a décidé d’ouvrir un squat dans une villa de Bourges pour aider les migrants.

En vérité, pour Shorba, petit rebeu de Vénissieux, cette rencontre avec Léo, c’est une putain de Révolution. »





Je tiens tout d'abord à remercier grandement les éditions Sarbacane pour cet envoi ! 


Troisième réception de ce début d'année, après Les quatre gars et Les insoumis du blizzard. Un titre complètement alléchant, un poing rageur sur une couverture à fond bleu et une comparaison avec l'exceptionnel Dans le désordre de Marion Brunet dans le communiqué de presse, voilà comment ce petit Shorba se retrouve au sommet de mes envies du moment, et pour de très bonnes raisons, sans l'ombre d'un doute !





"C'est un conseil ; tu tiens une occasion de faire un truc de fou, c'est tout. C'est Bone qui se tire en Jamaïque." 


Shorba est une oeuvre qui traduit un désir, un sentiment de liberté évident, et ceci se ressent dès les premières pages, avec la présentation des différents personnages. C'est simple, tout dans cette histoire traduit une envie d'évasion, en passant par la couverture et son fond montagneux ou encore la bande son du roman. Vous savez sans doute à quel point je suis client de ce genre d'histoire qui sort des sentiers battus en rassemblant humour, suspens, émotions tout en gardant un fond moral évident. En véritié, lire ce bouquin m'a fait un bien fou. Shorba (Je parle bien ici de l'oeuvre) est vraiment un livre unique et magique, et ce pour beaucoup de raison que j'ai visiblement du mal à vous exprimer (il faut dire que cette version, que j'espère être la définitive, est la quatrième concernant ce livre). Gaspard Flamant m'a vraiment embarqué pour le voyage qu'est son oeuvre. Oui, c'est bien de cela dont il s'agit. Un voyage. Je me suis senti extrêmement proche des personnages, très touché par leurs actions et par les moralités que ces dernières dégagent. Tout cela peut vous paraître flou, car j'essaie en effet de vous en dévoilé le moins possible. J'ai d'ailleurs choisit un résumé très précis, pour que la surprise qui fût la mienne deviennent bientôt vôtre. Excusez-moi, je m'égare, il y a tellement de choses à dire et très peu à la fois sur ce petit bijoux. Revenons à ce que je disais. L'auteur a pris des chemins très différents dans cette histoire, avec un contraste évident qu'il arrive à faire perduré tout au long de l'histoire. On retrouve ce contraste (oui je me répète) entre les paysages et les décors (on parle ici de la différence et de la diversité de "fonds" : campagne/ville, cité/quartier riche...) entre les personnages au sein de l'histoire même, avec des personnalités et caractères totalement opposés et hétérogènes. Il en résulte des décisions, des moments totalement inattendus, surprenants, épiques. Juste incroyable. Je me suis retrouvé happé là dedans avec une facilité, que j'en serais presque devenu violent si l'on se risquait à m'interrompre en pleine lecture. A aucun moment je ne me suis ennuyé. Absolument aucun. Un élément, une action ou encore une parole étaient toujours présents pour me motiver et me donner envie de continuer. Pour preuve, en recherchant des citations pour la rédaction de cet avis, je suis littéralement retombé dedans et ait enchaîné plusieurs chapitres sans vraiment m'en rendre compte, c'est dire la force de ce roman. En y repensant, avec le recul, plusieurs jours après l'avoir terminé (à mon grand regret), je me suis rendu compte que toutes ces aventures, toute cette révolte, car c'est bien de cela dont il s'agit, tous ces personnages, ces métaphores, tout cet incroyable roman, est comme un Carpe Diem engagé. A méditer.


P-S : Ce premier paragraphe a sans doute été le plus compliqué que j'ai eu à écrire depuis que je tiens ce blog. M'en voilà sorti, ça devrait aller mieux pour la suite ! 




"Léo, en vérité, c'était pas juste un hippie. C'était un guerrier." 


Tous les personnages de cette histoire m'ont marqué, même ceux qui sont un peu moins sur le devant de la scène, comme Zak, Youri, Mario et tout ce petit monde si éloigné socialement et culturellement mais à la fois si proche dans ce désir de révolte et de liberté. Ils sont tous géniaux, et j'aurais voulu que l'auteur fasse un focus sur chacun d'entre eux, pour en savoir un peu plus sur leur passé, leur histoire et tout ce qui s'en suit. Je les porte vraiment dans mon coeur, car si ce roman est aussi génial, c'est en grande partie grâce à eux, qui apporte chacun une pierre à l'édifice qu'est cette oeuvre forte et importante. Mais évidemment mes chers amis, c'est sans surprise Shorba et Léo qui sont mes coups de coeur absolus, surtout le second, et ce pour des raisons assez différentes. Je vais vraiment avoir du mal à vous parler d'eux sans m'attarder sur leur personnalité et caractère respectif, je m'excuse donc d'avance d'un potentiel spoil, et si vous désirez lire ce roman, je vous recommande de passer au paragraphe suivant. On peut dire qu'au début du roman, Shorba est l'antipode de Léo. L'adolescent est le typique cliché du jeune qui ne fait rien de sa vie et qui passe son temps à fumer et discuter avec ses potes. Pourtant, dès le début, le lecteur sent qu'il y a quelque chose derrière cette façade quelque peu repoussante. Et ça, c'est Léo qui va le révéler. Léo est le personnage mystère du début du roman. Etant dans la tête de Shorba (Bachir de son vrai prénom), nous découvrons sa personnalité petit à petit, de part ses paroles et ses agissements. C'est de suite quelqu'un qui m'a plu que ce trentenaire (si je ne dis pas de bêtise) hippie, qui se démarque des autres par sa façon de penser et ses agissements contre la bourgeoisie. Il m'a un peu fait penser à Robin des Bois des temps modernes, mais avec quelques nuances que je vous laisserais découvrir. Son caractère décontracté et son sourire permanent ont fait que je me suis immédiatement attaché à lui, et que je l'admire un peu quelque part, comme Shorba finalement. Il est à noter que l'auteur offre quelques petites apartés sur le passé de Mr. Léo, qui nous aide à comprendre ce personnage complexe et hors du commun. J'ai souvent eu la sensation que Léo s'est rapproché du jeune homme car celui-ci lui rappelait sa propre jeunesse, et qu'il se comportait ainsi comme un grand frère (ce qui est le cas, sans aucun doute). Quant à Shorba, j'ai aimé ses rêves, ses désirs de liberté, cette innocence teinté de maturité qu'il a dans la vie, ce regard fort et singulier sur les événements qui sont les conséquences de sa rencontre avec Léo. Je me suis souvent dis que Shorba avait encore beaucoup de choses à apprendre, et que c'était ce que son "grand frère" lui transmettait, et que nous étions les victimes collatérales de cette enseignement. En effet, notre regard évolue beaucoup durant cette lecture, sur des sujets tel que l'immigration, la prison et les conditions de détention ou encore la religion. Gaspard Flamant, à travers ses personnages, nous apprend à avoir un regard plus critique sur des sujets parfois difficile à aborder dans une société comme la nôtre. C'est ce qui fait la singularité des protagonistes, et plus largement de ce roman.



"- Faut pas laisser la haine sur les murs, qu'il a dit, ça nique le crépi !" 


Dans la continuité du paragraphe précédent, le romancier a vraiment su capter mon attention avec une plume faite d'encre et de bitume. Il arrive à rester moderne dans les dialogues de ses personnages avec les expressions que l'on emploie aujourd'hui, en transmettant des émotions, le rire, la frustrations et presque les larmes à certains moments. Le tout reste très agréable à lire, avec des figures de style, de véritables citations (j'ai essayé de récolter les meilleurs) et des réflexions moralistes. Le rendu est excellent, et contribue pour ma part au coup de coeur général qu'est cette oeuvre. Et dire que c'est son premier roman... Encore un talent à suivre ! 




"-Putain, on avait raison avec Zak : t'es vraiment un paysan !!
- Fais pas le malin, je t'ai vu avec le potager de Madame Hashmi... Alors ? Tu vas le faire ? Tu vas aller la vivre, ton aventure à l'autre bout du monde ?"






Je crois l'avoir déjà dis, mais vous vous doutez que "Shorba, l'appel de la révolte est un énorme coup de coeur pour ma part, le premier de cette année 2018. Sans trop m'étendre, je vous recommande absolument de le découvrir, de part sa force et plus simplement son importance dans la société d'aujourd'hui ! L'histoire, les personnages, l'écriture, tout est réuni pour vous faire passer un moment exceptionnel tout en vous apportant quelque chose en plus, ce quelque chose qui définit les coups de coeur !

2 commentaires:

  1. Bien content que vous ayez aimé rencontrer Shorba et son monde merci pour cet article ;)

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  2. Un grand merci à vous pour ce roman incroyable et pour le partage de mon avis :-)

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