vendredi 3 novembre 2017

Colorado Train de Thibault Vermot


Auteur : Thibault Vermot 

Maison d'édition : Sarbacane 

Collection : Exprim'

Nombre de pages : 400 pages 

Année de sortie : 2017




Résumé : Durango, 1949. La poussière rouge. L’Amérique profonde, à peine sortie de la deuxième Guerre.

C’est dans ce monde-là que grandissent Michael et ses copains. Durham et George passent des journées à construire une fusée ; le gros Don s’efforce d’échapper aux brutes du collège, tandis que Michael consigne les aventures de la bande dans son Cahier. L’enfance, les jeux, les rêves comme une marmite cuisant au soleil de juillet…

Jusqu’au jour où un gosse de la ville disparaît. Avant d’être retrouvé, quelques jours plus tard, à moitié dévoré. Aussitôt, les cinq copains décident d’enquêter. Dans l’ombre, le tueur – la Chose ? – les regarde s’agiter.


Et bientôt, les prend en chasse.

Introduction : Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi !

Je n'ai lu aucun résumé, aucune chronique concernant ce roman avant ma lecture. Mes seules indices : un titre et une couverture (qui est très belle soi-dite en passant). J'avais eu quelques bons retours oraux (Benoît Minville si tu passes par là...). Mais de là à m'imaginer un roman d'une si grande puissance...

Commentaire : Avec "Colorado Train", on se retrouve un peu dans l'ambiance développée par Axl Cendres avec "La drôle de vie de Bibow Bradley" : l'Amérique des années 40, l'après-guerre, la montée en puissance du conflit avec les russes... C'est dans cette période, et plus précisément à Durango, une petite ville du Colorado, que nous retrouvons Michael, Don, Durham, Calvin, Suzy et Georges. Une petite bande simple auquel le lecteur s'attache immédiatement. Chacun d'entre eux possède une personnalité et un caractère bien défini, ce qui fait que nous n'avons aucun mal à les différencier. On les aime aussi individuellement, Thibault Vermot prenant bien le temps de nous présenter chacun d'entre eux et de mettre en place leur situation familiale respective. On a donc la sensation de les connaître sur le bout des doigts dès le début de l'histoire. Les cinq se complètent merveilleusement bien, chacun apportant ses qualités et ses défauts à un groupe dont le lecteur et finalement le sixième homme. Le lecteur ressent ce qu'ils ressentent eux, à travers les lignes de ce roman. On les voit mûrir au fur et à mesure, et cette incroyable aventure va permettre de resserrer les liens entre eux. Pour le meilleur et pour le pire, comme on dit.

Côté personnages secondaires, j'ai beaucoup aimé le père de Suzy, car même s’il perd les pédales parfois, on ne peut s'empêcher de compatir pour lui. On comprend dès les premières lignes que son métier lui pèse sur la conscience, et on ne peut que compatir pour lui. Je finirais en vous parlant de la Chose. Je dirais simplement de lui qu'il est l'un des personnages méchants des plus réalistes, flippant, énervant et crédible (tout ce qu'on attend de celui qui joue le rôle du méchant) que j'ai pu lire cette année.

Il y a des romans qui marquent par leur(s) personnage(s) incroyablement bien construit, qui nous ressemblent, qui nous émeuvent. D'autres bouquins laissent comme souvenir une fin unique, incroyable, triste ou heureuse. On pensera à certains en se disant "Mais quelle plaisir ce fût de lire une si belle plume !" ou encore "Dans quels magiques j'ai vu évolué cette histoire". Et enfin, il y a ces bouquins. Ces bouquins dont on se rappellera l'histoire en elle-même. Une histoire qui nous as essoufflé, qui nous a transmis des tas d'émotions, qui a fait battre notre coeur, qui nous a fait retenir notre souffle, qui nous a maintenu éveillé jusqu'à l'aube pour en savoir toujours plus, qui dégageait une ambiance qui enveloppait notre esprit. Eh bien, Colorado Train fait parti de ces bouquins là.

Je crois que j'ai à peu près bien résumé la chose avec cette introduction. Que dire de plus ? Il m'a fallu moins de deux jours pour terminer ce roman, que dis-je, cette folle aventure. Thibault Vermot ne s'arrête tout simplement jamais. Pour résumer mon ressenti, je dirais que j'avais à certains moments l'impression de courir un marathon tellement mon coeur battait vite. J'étais tout simplement absorbé, immergé au coeur de cette folle course poursuite. On ne s'ennuie jamais. Notre intérêt pour le bouquin, pour l'intrigue grandit toujours plus. Comme si notre appétit pour Colorado Train grandissait toujours plus. Alors on engloutit le roman. Littéralement.

Pour restructuré mon propos, je trouve tout d'abord que la construction de l'histoire est très bien faite. Le livre est à la troisième personne. Nous suivons donc l'enquête menée par la bande pour tenter de découvrir qui est l'auteur de cet horrible meurtre. En parallèle, Thibault Vermot nous plonge dans la tête dans la Chose à certains moments de l'histoire (très bien choisis), histoire de casser un peu l'ambiance et l'immersion avec notre bande, de nous filer un petit coup les  pétoches, et parfois aussi de nous apprendre un peu plus sur la localisation, les intentions, le passé du monstre. Ces espèces d'interludes font bien souvent monté le rythme cardiaque du lecteur, car elles augmentent le suspens et l'intrigue. Et oui, personnellement, la Chose m'a bien faite flipper par moment. Le fait aussi de savoir où se situe le meurtrier joue sur les nerfs, car on sait quant est-ce que les jeunes approchent de sa cachette, quant est-ce qu'ils sont sur une mauvaise piste. On a bien souvent envie de leur hurler "NON N'Y VA SURTOUT PAS !", "TU TE TROMPES !" ou encore "MAIS IL EST JUSTE LA !". Ah oui ! J'ai également trouvé incroyable la manière dont l'auteur fait se croiser, se décroiser la Chose et la bande. Et là encore, le lecteur a envie d'hurler "MAIS ARRÊTEZ-LE!". Quand je vous parlais d'émotions...


Parlons à présent écriture. Thibault Vermot s'est beaucoup documenté sur la ville de Durango (tellement que je suis allé vérifier si c'était un lieu réel). Les descriptions sont claires et précises, même si la carte placée au début du bouquin n'est pas de refus. Comme je le répétais plus haut, j'ai vraiment eu la sensation d'être avec les autres, au coeur de la ville. D'être un membre apparent du clan. Comme si j'avais plongé dans la piscine Colorado Train, et que je ressortait à chaque fois que je levais les yeux du bouquin. Une sacrée expérience c'est moi qui vous le dit !

Le seul petit bémol concerne pour moi la fin. Celle-ci est ouverte, basée sur l'espoir et l'avenir. Je trouve toutefois qu'elle est un peu trop précipitée, et j'aurais aimé peut-être un ou deux chapitres supplémentaires, de manière à avoir plus de détails sur la suite (peut-être un épilogue) et surtout la réaction de certains personnages concernant certains événements de la scène finale.

Je rajoute une ou deux lignes pour remercier l'auteur concernant la bande-son, qui je trouve colle parfaitement à l'ambiance de son roman (merci aussi pour la découverte de la bande-son du film Oblivion, très agréable à l'écoute).


Un concentré d'action et d'émotions, d'excellents personnages pour une immersion totale : une nouvelle pépite pure de la collection Exprim' et un auteur à suivre, sans aucun doute.

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