dimanche 12 novembre 2017

Les cancres de Rousseau d'Insa Sané



Auteur : Insa Sané

Maison d'édition : Sarbacane 

Collection : Exprim' 

Nombre de pages : 400 pages

Année de sortie : 2017 




Résumé : C’est l’année ou jamais pour Djiraël. Il est en terminale et il a la chance de se retrouver dans la même classe que ses potes de toujours : Armand, Sacha, Rania, Doumam et Jazz. En plus, le prof principal, c’est Monsieur Fèvre – le seul prof à s’intéresser à eux… Il ne manque au bonheur de Djiraël qu’un baiser de Tatiana, qu’il convoite depuis la Seconde. En tout cas, Djiraël a décidé que cette année serait inoubliable. Aussi, quitte à se mettre l’administration à dos, il fera en sorte que l’éclate passe avant le baccalauréat. Le bonheur ne se conjugue pas au futur… Sauf que Monsieur Fèvre va avoir besoin d’aide. Et qu’il faudra donc, pour Djiraël, faire le choix entre sa quête d’amour, son intérêt personnel, les promesses faites à ses amis, et la nécessité d’agir selon son devoir. Parfois, on a décidé d’un truc et finalement on fait tout l’inverse.

Introduction : Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Sarbacane pour cet envoi !

J'ai tellement entendu parler de cet auteur et de sa fameuse "Comédie Urbaine" ! Son retour ? Un événement. Moi qui n'avait jamais lu de roman d'Insa Sané avant "Les Cancres de Rousseau" (oui vous pouvez me frapper si l'envie vous en prend), je compte bien lire toute son oeuvre. Mais bon, comment faire autrement après une claque pareille...


Note d'avant-propos : Cette critique reste d'être assez confuse et désordonnée... Ce sont les émotions qui parlent, comme rarement son auteur a pu les laisser parler. Une chronique expérimentale, si vous voulez... L'auteur espère que le tout vous plaira !

Commentaire : Il est vrai, j'ai eu cette année énormément d'excellentes lectures, beaucoup d'entre elles m'ont marqué au fer rouge. Je n'ai pas vraiment eu de grosses déceptions en 2017 (pour le moment). Et par ailleurs, j'ai toujours essayé de varier ma manière d'écrire mes chroniques, avec des arguments différents, des petites touches d'humour, des figures de style parfois, quand l'inspiration atteignait son summum... J'appuyais souvent sur des points en particulier, ces choses qui font qu'une lecture reste en tête, ça peut être un personnage, une ambiance, une scène particulière, la fin de l'histoire... Malgré mes avis quasiment toujours positifs, j'ai toujours (je le crois) réussi à rendre mes chroniques uniques et différentes les unes des autres. Je tiens tout de suite à le préciser, ce roman est un coup de coeur. Un coup de coeur de la trempe d'Eleanor & Park, de la drôle de vie de Bibow Bradley, de Marquise, de Sirius ou encore du Coeur des Louves, qui sont sans aucun doute mes meilleures découvertes de cette année. Mais rarement, un livre ne m'avait autant remis en question sur ma manière d'écrire une chronique, sur ce que j'allais écrire. Un article doit pour moi toujours rendre service au livre, non seulement en lui faisant de la pub parfois, mais en orientant le public qui risque de vous lire, en expliquant, décrivant, en faisant une critique argumentée sur ce qui ne nous a pas plu... Mais parfois, il y a des romans avec lesquels on a la sensation de ne pas rendre service à l'oeuvre, voyez-vous ? Je me suis longtemps pris la tête sur ce que je pouvais bien raconter concernant les Cancres de Rousseau... Aujourd'hui, ce que je présente à vous est similaire aux pensées et sensations qui m'ont traversé après ma lecture... Des mots simples, mais sincères. Des choses claires et complexes à la fois. Des questions et des réponses. Les Cancres de Rousseau d'Insa Sané, quoi.

De ce livre, je n'avais eu l'occasion de découvrir pour toute mise en bouche un petit chapitre, offert dans le fascicule confectionné à l'occasion des 10 ans de la collection Exprim'. Quelques pages à peine, dont je comprendrais plus tard leurs enjeux cruciaux, une fois replacés dans le contexte si particulier du bouquin. Et d'emblée, après une ou deux relectures, j'ai beaucoup aimé le personnage principal de ce roman, Djiraël, un jeune homme de dix-huit. Djiraël est quelqu'un de très simple et très complexe à fois, et il sera très dur pour le lecteur de distinguer les contours les plus nets de sa personnalité pleine de surprises et de nuances noires et blanches. Le livre est à la première personne. Tout ce je peux vous assurer, c'est que ce personnage merveilleux ne vous laissera en aucun cas indifférent, dans tous les sens du termes, et que Insa Sané nous plonge merveilleusement bien dans la tête de son personnage (ou de lui-même, quelques années en arrières...). Je n'en dirais pas plus sur lui, mais sachez que j'ai vraiment, vraiment eu la sensation d'être lui. Il nous décrit tellement bien ce qu'il pense, ce qu'il voit, ce qu'il aimerait qu'il se passe dans sa vie tout en gardant toujours une pointe de mystère dans ses paroles. J'ai vraiment du mal à mettre des mots sur ce que je pense à propos de Djiraël. Ou si peut-être que si, je les ai... Attendez... Pour moi, il est simplement... Réel. On croise souvent des personnages, au travers de nos lectures, auxquels on s'identifie, auxquels on s'attache, qui nous ressemblent même parfois. J'ai parfois eu cette sensation de réalité (Dylan Dubois de Martine Pouchain), mais en aussi fort, je crois bien que c'est la première fois. Djiraël dépasse pour moi l'espace du simple bouquin. Je me suis fais un ami. Je l'imagine, marchant il y a quelques années dans les rues de Sarcelles avec sa bande à lui, rigolant tantôt, plonger dans ses pensées parfois, triste, rarement. Voilà comment je pourrais définir Djiraël. Un super ami.

Et ses amis ? Sa bande ? On rigole franchement. J'ai beaucoup, ne cesserait-ce que souri, pendant ma lecture. Plongé dans la tête de Djiraël, on devient évidemment le compagnon de ces personnages que la société n'épargne absolument pas. Je n'ai pas envie de vous les décrire un par un, tant ils forment un bloc uni et soudé d'après moi, même si on les différencie très facilement les uns des autres. On ressent une affection qui ne fait que croître tout au long de l'histoire. Ce que j'ai aimé chez eux ? Leur philosophie de vie. Celle-ci nous la mène dur, alors on la lui rend bien, et, avec en supplément, des éclats de rire, s'il vous plaît. Je trouve qu'à travers eux (Djiraël compris), Insa Sané nous a offert sur un plateau une bonne partie des sentiments et des traits de caractères que l'on peut retrouver dans la vie de tous les jours, si tenté que l'on ouvre un peu les yeux. Il associe dans sa palette de personnages les contraires. L'égoïsme et la générosité, la timidité et le "rentre dedans". Et évidemment, je ne vous dirais pas qui est qui. Un beau petit monde si réaliste, que j'ai souvent eu la sensation de les croiser à un carrefour, à travers quelques amis riant outrageusement. Vous me manquez, les copains...

Et finalement, qu'est ce que l'histoire est incroyable. On l'oublie, carrément. Tant qu'on est avec eux, qu'on passe du bon temps ensemble, l'histoire passerais presque au second-plan... Je suis quand même en train de vous affirmer que je porte tellement les personnages dans mon coeur, que Insa Sané aurait pu me raconter n'importe quoi qu'il m'aurait eu totalement dans la poche ! Mais il ne l'a pas fait... Et cette garce d'histoire nous rattrape, comme dans un grand huit géant, pour nous prendre à la gorge, nous attraper, et nous enfoncer la tête la première dans un sac que l'on nommerait "Les cancres de Rousseau". Cette histoire, c'est celle d'une année incroyable que l'on passe aux côté de Djiraël et des siens. Et là encore, ... J'ai envie de jurer corps et âmes pour tout vous décrire, pour vous captiver... Grrr, je me prends encore trop la tête...C'est d'ailleurs là aussi que Insa Sané a fait très très fort. Certes, on rit, on ressent des émotions dingues qui font qu'on a l'impression de vivre une seconde vie... Mais on réfléchit. Enormément même. Je me suis arrêté pas mal de fois pour réfléchir à quelques phrases remplies par les sous-entendus, que notre cher ami nous sert comme ça, entre deux scènes du quotidien. C'est un livre qui prend quelque part une dimension politique intense, puisque l'auteur aborde des sujets tel que le racisme, les violences policières... Récapitulons, si vous le voulez-bien, messieurs-dames. Nous avons : de l'émotion intense, de la réflexion en veux-tu, en voilà, des éclats de rire presque tous les chapitres. Que demander de plus ? Un peu d'action ? Vous en avez aussi ! Et plutôt pas mal. Comment est-ce possible ? Eh bien, vous saupoudrez le tout de révolution, véritable récolte des graines semées par les anciennes générations. Une flamme qui se transmet petit à petit au lecteur, qui s'embrase à son tour, et se voit bientôt leader d'une révolution. Ce récit, rythmé par le lycée, les amis, la famille, les soucis de coeur, nous offre ce qu'il y a peut-être de mieux ces temps-ci en littérature adolescente. Il y a le fond et la forme. Comment conclure ce paragraphe me direz-vous ? Ah je crois qu'il y a un mot que j'ai très peu utilisé depuis le début mais qui est légitime : Merci.

Comme décrit plus haut, la réflexion ne manque pas dans ce livre aux milles surprises. Insa Sané écrit avec force, des scènes vous font l'effet d'un coup dans la cage thoracique, tandis que d'autres offrent des moments de douceur et de fraîcheur, comme le goût d'un bonbon qui pique après avoir réussi à avaler la couche qui pique. C'est d'ailleurs comme ça qu'on pourrait résumer la vie des personnages : Des moments de bonheur arrachés grâce à d'autres, qui piquent le coeur et la peau. Il y a pas mal de comparaisons, parfois très poétique, parfois désespérément loufoques, à travers tout le roman. On peut aussi croiser le chemin de quelques belles métaphores. Avec un fond toujours très recherché, bien sûr ! Le fond et la forme.

J'espère de tout coeur découvrir vite les autres oeuvres de Insa Sané, et (soyons fou) pourquoi le rencontrer un jour ! En tout cas, je prendrais dans l'ordre. Prochaine destination : Dakar. Et je me suis renseigné (c'est rare mais ça arrive) devinez avec qui ? Notre cher Djiraël !

Quand je parlais d'émotion et de détail, je ne pensais pas que cette chronique ferait cette taille ! J'espère que celle-ci vous aura vraiment plu et j'espère surtout vous avoir convaincu qu'il faut A-BSO-LU-MENT découvrir ce chef d'oeuvre, coup de coeur absolu de cette fin d'année !

3 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Merci pour cette critique bien excitante, et bravo du plaisir que tu nous fait partager, l'envie de courir ces pages est grande, même pour un vieux chnoque comme moi.
    Bonne soirée
    @mitié

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  2. bonsoir Victor !!
    LOL Covix alias Bernard vient de fêter ses 70 balais--
    une longue page en effet--- quand on aime on ne compte pas--
    bonne continuation- tu es excellent----
    bisous-

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  3. Comme toi j'ai adoré cet ouvrage, je l'ai trouvé vraiment excellent avec un sujet fort et important :)
    Je ne sais pas si tu as vu, mais il y a une suite *_*

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