dimanche 25 février 2018

Souviens-toi de la lune de Stéphane Servant

Auteur : Stéphane Servant 

Maison d'édition : Le Rouergue 

Collection : Doado 

Nombre de pages : 304 pages 

Année de sortie : 2010 


Note d'avant-chronique : je déconseille grandement à quiconque n'ayant pas encore découvert cette histoire de ne pas en lire le résumé. Bien mal vous en serait, car cette aventure  mérite de se savourer dans ces moindres détails, avec la surprise du chef. Bonne lecture.

 Dans une ville paumée du Mississipi, un adolescent rêve de s’inventer un avenir en devenant écrivain. La rencontre d’un écrivain raté va l’entraîner dans un déchainement de violences et d’événements fantastiques, alors qu’une Chose semble avoir pris possession de sa vie en se mettant à écrire à sa place.



Après l'incroyable Sirius découvert durant l'été dernier, je retrouve Stéphane Servant et sa plume exceptionnelle pour un troisième opus. Et cette fois-ci, c'est de "Souviens-toi de la lune", premier roman publié au Rouergue, en 2010, dont il est question. Et ce dernier ne laisse pas indifférent. Loin de là.


Ce roman est une oeuvre très particulière, très torturée, aussi. J'ai rarement eu affaire à un bouquin aussi "difficile" d'accès de lecture. J'entends par là qu'il faut être assez concentré lors du déchiffrement des ligne du livre car le contraire nous ferait perdre de vue certains détails qui pourraient se révéler par la suite capitale dans le déroulement des événements.  J'ai personnellement pris le temps de savourer ce roman, en lisant environ trois chapitres par soir (ces derniers sont relativement courts) de manière à bien assimiler chaque rebondissement. Ce fût donc une lecture longue, mais non moins très marquante et enrichissante.


Le personnage principal de cette aventure se nomme David. Ce dernier a une passion et ne vit que pour cette dernière : l'écriture. Une passion dévorante, qu'il entretient en parcourant les rues de sa "ville" : Carrefour, pas très loin de Bâton-Rouge, en Louisiane. Enfin, il s'agit surtout d'un amas de caravanes et de mobil-homes entassés là comme sur les rives du long fleuve de la vie. C'est un cadre assez fermé et oppressant que celui-ci, la campagne américaine très profonde. C'est donc ici que nous allons voir évoluer David. Ce dernier est quelqu'un d'assez rêveur, qui a une envie d'ailleurs (ce qui peut se comprendre). Le lecteur peut facilement s'identifier à lui. On a surtout envie de l'aider à sortir de cet endroit qui n'est pas fait pour quelqu'un comme lui, et lui-même le sait, et le répète. En effet, le récit est à la première personne, ce qui nous permet d'être au coeur de l'esprit torturé de ce jeune homme. Ce dernier se pose beaucoup de questions, trouve des réponses, s'accroche à des certitudes pour mieux s'écrouler ensuite. L'auteur, à travers David, nous mène déjà en bateau de part les incertitudes et les nombreuses zones d'ombres concernant son personnage. Après lecture, il est vrai que certaines choses paraissent évidentes, mais étaient plus surprenantes sur le moment. Ces petites détails incohérents, qui font que l'on se creuse la tête pour tenter de découvrir la suite des événements concernant David. Sans grand succès.
C'est aussi la magie de l'auteur. La surprise.

Dès le début du roman, Stéphane Servant instaure une ambiance lourde, symbolisée par ce lieux que j'ai décrit plus haut. On sent que des choses terribles, incroyables, vont se dérouler par la suite. Tout ceci est favorisé par cette non-lecture du résumé, que je recommande absolument pour cette oeuvre ! Honnêtement, j'ai vraiment aimé la surprise créée par les révélations que j'aurais pu découvrir au travers de la quatrième de couverture. Je ne regrette absolument pas de ne pas l'avoir lu !

 Je connaissais le romancier pour sa capacité à entremêler fantastique et réel, mais j'étais bien loin de m'imaginer le foutoir qu'il allait provoquer dans mon esprit. L'histoire est découpée en plusieurs parties bien distinctes les unes des autres (sans pour autant que l'auteur ne les nomme) . En fait, ce livre est comme un crescendo, qui embrume un peu plus l'esprit au fur et à mesure que l'on avance, si bien qu'au bout d'un moment, on n'arrive plus à faire cette distinction entre ce qui est réel ou non. Et c'est à partir de ce moment-là que l'on plonge dans une autre dimension, et que ce livre prend aussi une tout autre tournure. On suit la décadence de David, et le lecteur s'enfonce aussi, au fur et à mesure, comme s'il se noyait dans une piscine. C'est une sensation que je n'avais pas eue avec les livres plus récents du romancier. Là, il fait limite appelle à nos sens, à notre instinct en même temps qu'à celui de David pour s'en sortir. C'est assez incroyable, croyez-moi.

L'écriture est certes un peu moins pointue que ce que j'ai eu la chance de lire par la suite, elle n'en reste pas moins très poétique et belle à lire à voix haute (j'ai cette petite manie avec les romans de Servant). On se plaît à découvrir les phrases, comme si l'on goûtait une sucrerie. C'est une sensation très agréable que peu d'auteur(e)s ont su me procurer jusqu'à présent.


Un voyage aux multiples rebondissements, qui nous emporte au plus profond de nous-même et de David. Une lecture riche en sensation, que je recommande à tous à partir de 15 ans !


4 commentaires:

  1. un coucou du mardi !!
    toujours de belles chroniques- bravo !
    Bisous-

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  2. Bonjour
    Une belle chronique, c'est vrai que la lecture prend un autre sens en la lisant à voix haute.
    Bonne soirée et bravo.
    @mitié

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    1. Oui j'ai remarqué ça au fil du temps. Merci beaucoup !
      @mitié

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