lundi 6 mars 2017

L'atelier d'écriture n°256 de Leiloona : Dans une forêt...



Il l'avait trouvée au fond du bois, assise sur un tronc de bois pourri, bouffé par quelques insectes. Un cerf était là, juste devant elle, lui léchouillant les doigts. Il s'était approché doucement, tel un chasseur observant sa proie. Quand il fût assez proche, il sortit délicatement l'appareil de son étui. Clac. Le flash se déclencha, illuminant de sa lumière blanche la scène merveilleuse qui se déroulait devant lui. De peur, le cerf s'enfuit à toute vitesse, talonné de peu par la petite fille à la robe à pois. Satisfait du cliché, il s'approcha du tronc où se situait la fillette quelques secondes plus tôt. Il remarqua un carnet ainsi qu'un petit collier, déposé juste derrière le lourd rondin de bois. Sans comprendre, il se saisit du collier, le tourna dans tous les sens, l'approcha de ses yeux, le sentit, avant de finalement de e reposer là où il était. Il prit ensuite le carnet, intitulé "28 janvier". Il tourna une page, puis deux, puis trois, survolant rapidement la fine écriture qui le remplit. Intrigué par cette écriture qu'il ne put déchiffrer, il décida d'emboîter le pas à la fille et au cerf, partis quelques minutes plus tôt.
*****
Il est perdu. Il a parcouru tous les sentiers de l'épaisse forêt, le carnet en main, s'arrêtant parfois pour se reposer ou tenter de le déchiffrer. En vain. Il n'a pas de réseau. Il a soif. Il a faim. La vision merveilleuse qui lui était offerte quelques heures plus tôt se transforme en un profond cauchemar. Epuisé, il finit par s'endormir au pied d'un sapin.
*****
Un craquement le réveille. Il ouvre les yeux. Une fois. Deux fois. Il est sur une petite île peuplé de fleurs. Des questions plein la tête, il s'étire, puis se lève doucement. Des centaines d'arbres l'entourent, un par île. L'eau, d'une couleur d'azur, n'est pas très profonde. Soudain, l'ombre d'un gigantesque cerf surgit, entre deux arbres. Ses bois certifiés d'or, il tourne la tête et observe le visiteur inconnu qui pénètre le coeur de la forêt enchantée. L'homme tente de le photographier. Mais le cerf d'or s'évapore. Surpris, l'homme se laisse retomber sur le dos. Il est encore plus perdu que tout à l'heure. Il ferme les yeux. Une sensation de paix absolu l'envahit. Il n'est pas si mal ici. Quel endroit plus beau pour mourir ? Un sifflement interrompt le cour de ses pensées. Il relève la tête.
*****
Sur l'îlot d'en face se tient la fille. Perchée sur le dos du cerf aux bois d'or. L'homme se lève, puis recule jusqu'au tronc de l’arbre qui se tient derrière lui. La fillette descend du cerf, puis marche vers lui. Elle survole l'eau. Il a peur. Elle marche maintenant sur son îlot. Que faire ? Il regarde partout. Aucune issue. Que va-t-elle lui faire ? Pour la photo ? Qui est-elle ? Elle est juste devant lui. Elle tend la main. Son carnet s'y propulse. Elle tend l'autre main. L'appareil photo éclate. La main touche sa poitrine. Elle le regarde intensément. Elle sourit, la main exerce une pression sur... sur... sur son coeur. Arrêt du coeur. Fin.
*****
Les esprits se réveillent. Tout s'éclaire. Il se lève, se frotte les yeux, regarde autour de lui. C'est alors qu'il entend quelqu'un crier :
- Quel film !

Ce texte a été écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona. La photo est de (c) Vincent Héquet.

3 commentaires:

  1. bien inspiré par cette photo !!
    j'aime la chute-
    Bonne nouvelle semaine- bisous-
    ici pluie !

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  2. Bonsoir,
    Bravo, c'est un texte dans lequel on s'évade.
    Bonne soirée
    Bises

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  3. Un suspens bien mené jusqu'au bout ! Bravo ! Nady

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