mardi 5 février 2019

Coeur Battant d'Axl Cendres

Auteur : Axl Cendres

Maison d'édition : Sarbacane

Collection : Exprim'

Année de sortie : 2018

Nombre de pages : 192 pages






Alex, 17 ans, est un « hors-la vie ». Après avoir essayé d’éteindre son cœur, il se retrouve dans une clinique pour y être « réhabilité à la vie ». Il y rencontre Alice, aussi belle que cynique ; Victor, aussi obèse que candide ; la vieille Colette, aussi espiègle qu’élégante ; et Jacopo, aussi riche que grincheux. À eux cinq, ils décident de s’évader de la clinique, direction le manoir de Jacopo. Le but du voyage ? Se jeter d’une falaise, tous ensemble – ça leur fera un projet commun !

Mais la route va leur réserver plusieurs surprises. Assez pour qu’Alex se demande si, finalement, la vie n’en vaut pas la douleur…








Je tiens à remercier l'auteure de ce roman, Axl Cendres, pour l'envoi de son roman ! 



Nous y voici donc. Le roman d'après, celui qui a la lourde tâche de succéder au fabuleux Dysfonctionnelle, accrocher sur l'un des pans de la chambre, à présent. Beaucoup de pression, plus d'excitation encore. Un poil d'appréhension. Un thème : le suicide. Let's go. 





"La vie est un cadeau, et ça ne se fait pas de rendre un cadeau."


Alex a 17 ans, et vient de rater une tentative de suicide, c'est pour cette raison qu'il est envoyé dans un institut spécialisé, où il intègre ce groupe des suicidants. Si l'on saute quelques étapes, des rencontres, un quotidien ennuyeux entre les quatre murs de l'institut, on se retrouve au coeur d'un voyage pour la mort. Ou la vie. Résumé comme ça, vous vous rendez aisément compte que l'on change beaucoup d'ambiance dans ce texte. Comme d'émotions en faite. On rigole beaucoup, malgré le sujet plutôt difficile à aborder dans un angle humoristique. On est ému, c'est évident. Mais c'est tout de même l'humour qui prime, et je trouve très fort, et à la fois peu étonnant quand on connaît Axl et ses romans. Je pense que cela vient des personnages, et ça se ressent dès les premières lignes avec la narration interne d'Alex.




"La mort est juste un truc que Dieu a inventé pour qu'on croit en lui."


Celui-ci, à l'image de tous les protagonistes, est comme en décalage avec le monde qui l'entoure, et la vie. Cela crée directement une atmosphère particulière, qui nous reprend dès que l'on recommence à plonger dans l'histoire. Celle-ci est donc fragmentée, mais chacune de ces parties est très intéressante pour le lecteur, car elles permettent d'apprivoiser les personnages, de les comprendre en quelque sorte, de s'habituer à l'atmosphère également. Une fois plongé, impossible d'en sortir. On se découvre toujours un intérêt nouveau pour tel ou tel détail, pour tel ou tel personnage. C'est poétique, beau, original. Axl Cendres transforme la mort et ce voyage vers celle-ci en une sorte de renaissance. C'est, en ce sens, une oeuvre qui nous fait du bien, car elle nous en apprend un peu plus sur eux, sur l'espère humaine et la manière dont celle-ci réagit face à la mort et au désespoir, mais aussi sur nous-même, le lecteur. Je soupçonne d'ailleurs qu'il y ait derrière tout cela une part plus ou moins importante d'autobiographie d'Axl. Si l'on modifie à peine l'ordre des lettres, Alex devient Axel... 




"L'amour, ça te révèle jusqu'où tu peux souffrir et faire souffrir."


Ce petit bijoux ne serait rien sans ses personnages. Ces derniers ont tous un profil très différent, de même qu'un parcours dans la vie assez propre à chacun. Réunis là pour une même cause : le suicide. Mais un suicide pour différentes raisons. Ce large choix, assez éclectique, permet au lecteur de s'identifier à l'un ou l'autre, en fonction de sa vie et de son expérience. Si certains "cas" se rapprochent, comme Alice et Victor, qui sont tous les deux des adolescents victimes de la société actuelle, de ses idées et de ses codes, en quelque sorte. Toutefois, leur caractère respectif est tellement aux antipodes l'un de l'autre qu'ils en deviennent extrêmement différents. On s'attache tout autant à la sympathique et atypique Colette, veuve et poète à ses heures perdues. Jacopo, le dernier personnage avant de parler d'Alex, n'est peut-être pas celui qui crève l'écran, ses interventions étant rares et similaires, mais il est sans doute le plus complexe d'entre tous, avec la lumière de la fin du roman. Le plus fatal, si l'on devait chercher un adjectif pour le caractériser, sans trop en dévoiler non plus.




"Peut-être que le ciel réalise les rêves que la terre assassine."


Alex. Le narrateur et personnage principal de cette aventure. Un adolescent en souffrance, qui pense avoir sa propre vérité sur le sens de la vie, de sa vie. Si les débuts ont pour ma part pu être un peu difficiles, avec un petit temps d'adaptation, j'ai très vite su comprendre et apprécier la compagnie de cet adolescent, avec son côté lumineux mais sombre, aussi.  J'ai beaucoup pensé à lui, durant ma période de lecture, lorsque je n'avais pas le livre entre les mains. Une question m'a toujours hanté, et me hante toujours : Est-ce que je suis capable de comprendre Alex ? En cela résulte toute la complexité de ce protagoniste, et du bouquin en général. Si le lecteur a envie de les aider, le peut-il vraiment ? Sommes-nous capable d'apporter une réponse, l'aide dont ces gens ont besoin ? Je ne sais pas. Alex est attachant, et même si, au fur et à mesure des chapitres, nous finissons par obtenir des réponses sur ce qui a conduit le jeune adolescent à commettre pareil acte, la sensation qu'il reste une part de mystère dans tout cela, avec des non-dits sur les pensées de chacun, se fait sentir, pas très forte, mais suffisamment pour que l'on s'en rende compte. Alex, en ce sens, reste un personnage attachant, sans être un modèle, mais il est tout de même compliqué de s'attacher à lui, si le lecteur n'a pas été confronté à quelque chose de similaire dans sa vie propre, et ce postulat est valable pour tous les protagonistes de Coeur Battant.
La plume est efficace et concise, on relèvera ici la presque totalité des répliques de Colette, qui n'est pas en reste sur les devises, les proverbes et autres belles phrases avec figures de style concernant l'amour, la vie, la mort. Parfois un peu dans l’exagération, la doyenne de ce voyage. 




"La vie et la boxe, c'est kif-kif - être un bon cogneur ne suffit pas, l'important est de continuer à avancer quand tu reçois des coups."


Comme je le disais plus haut, c'est un roman intéressant et important, qui aide à comprendre la notion encore tabou dans notre société de suicide et de dépression. Deux choses qui amènent parfois le contraire, c'est-à-dire l'amour, la passion. La vie ou la mort










Je pensais avoir lu le meilleur d'Axl Cendres avec Dysfonctionnelle. Si celui-ci reste mon préféré pour son impact lors de ma lecture, Coeur Battant se révèle être excellent également, à sa manière, pour son histoire aussi poétique qu'atypique, pour ses personnages aussi beaux que complexes et l'atmosphère qui s'en dégage. Coup de coeur (battant).

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